Par Hassan Alaoui Depuis quelques temps, les événements semblent se précipiter au niveau des Nations unies depuis que les Conseillers de Donald Trump, Steve Witkoff et Jared Kushner ont annoncé la mission que le Président américain leur a confiée et qui s'apparente à un véritable marathon. Les deux Missi dominici ont, comme on a dit deux mois et pas plus, pour réunir à la même table les protagonistes principaux de ce qu'on appelle le conflit du Sahara. A savoir le Maroc et l'Algérie. Un timing record qui nous laisse plutôt interrogatifs sur cette méthode que Donald Trump a choisie pour dégeler une situation figée depuis plus de cinquante ans et, dans son esprit, qui doit déboucher sur un règlement du dossier. Soixante jours, c'est un pari audacieux et pour tout dire miraculeux en fin de compte si toutefois il est relevé. Il faut en effet rappeler que les tentatives de règlement de ce dossier ne se comptent plus depuis cinquante ans. Elles ont toutes échoué, parce que le conflit du Sahara est tout simplement un conflit bilatéral, ni plus ni moins. Les gouvernements algériens qui se succèdent depuis 1963 et en particulier depuis Houari Boumediene n'ont de cesse de vouloir accréditer l'idée qu'il s'agit d'un conflit de décolonisation, de ce qu'ils appellent sans nulle pudeur la « libération de la dernière colonie » de l'Histoire. Ils s'épuisent en vérité dans les arguties, fourvoient évidemment l'opinion algérienne et la communauté internationale dans des logorrhées fastidieuses qui ne convainquent plus personne. Produit de la Guerre froide des années 60 et 80, le conflit du Sahara oppose le Maroc et l'Algérie et, de ce fait, deux régimes, deux diplomaties, deux modèles, deux cultures, deux parcours historiques différents et je dirais deux civilisations. Il était surtout l'exemple d'une décolonisation ratée, inachevée par ce qu'il illustrait ce qu'on appelle le résultat de fâcheux tracés de frontières arbitraires, dénoncées récemment même par Serguei Lavrov, ministre russe des affaires étrangères , injustes et porteuses de germes conflictuels. Lire aussi : Sahara : Du discours de la Marche Verte le 16 octobre 1975 à la révision de la position de la Russie A terme , il constituait une bombe à retardement. Je dirais aussi qu'il oppose jusqu'à nos jours le principe de l'intégrité territoriale revendiqué par le Royaume du Maroc et le principe de l'autodétermination sur lequel le gouvernement algérien n'a cessé et ne cesse d'appuyer son argumentation. Or, la communauté mondiale s'est laissée toutes ces années fourvoyer par le discours marxiste-léniniste de l'Algérie qui n'a de cesse de défendre l'autodétermination contre toute raison, contre le consensus mondial qui a évolué et tourné le dos aux fantasmes de l'Algérie. Ses dirigeants ont fait du principe de l'autodétermination leur doctrine cardinale avec, à la clé, l'exigence d'un référendum au Sahara. Aujourd'hui, plus que jamais, le conflit oppose deux régimes, deux diplomaties, deux modèles. En définitive deux civilisations si j'ose dire, la nôtre et celle de l'Autre monde pour reprendre une si juste expression royale. Le référendum sur lequel Alger base sa défense a été enterré dès les années 90, parce que son organisation a été tripatouillée tout simplement par Alger qui a refusé l'implication des vraies tribus sahraouies. Aujourd'hui, aussi bien l'ONU que les puissances qui composent le Conseil de sécurité s'alignent sur la seule solution qui reste : celle du Plan d'autonomie proposée par le Maroc le 7 avril 2007, et rien d'autre. Elle a reçu le soutien de plus que les deux tiers des Etats membres des Nations unies, et ce mardi 21 octobre encore, la Pologne s'est alignée sur cette position . Le Conseil de sécurité votera donc le 30 octobre prochain le texte d'une résolution destinée à mettre un terme à ce conflit, et invitera surtout l'Algérie plus fermement à engager des négociations avec les parties concernées et notamment le Maroc, à assumer ses responsabilités, celles d'une partie prenante, d'une partie plus impliquée et plus concernée qu'on ne le pense. Le polisario se dit finalement, prêt à accepter le Plan d'autonomie, n'a plus le choix, d'autre choix de s'inscrire dans cette option imposée par les Etats-Unis. On nous apprend que le polisario, par désespoir de cause, vient d'adresser une lettre à M. Guterres, secrétaire général de l'ONU pour affirmer : « une proposition élargie d'une solution politique mutuellement acceptable, mais prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui », soulignant – je cite encore – sa « bonne volonté et une réponse aux résolutions du Conseil de sécurité » dans ce dossier, notamment la dernière portant le numéro 2756 . Le polisario rappelle que le 10 avril 2007, il avait déjà soumis une contre-proposition similaire au secrétaire général de l'ONU, soit 4 jours après que le Maroc eût soumis à l'ONU son projet d'autonomie et de solution politique, qui avait pris de court, je veux dire désarçonné le gouvernement algérien de Abdelaziz Bouteflika. On pressent qu'il s'agit-là d'une main algérienne qui a écrit ce texte et que le dirigeant du polisario, comme toujours, ne sert ici que de postier. Acculés à composer à présent, aussi bien gouvernement algérien que polisario se trouvent au pied du mur. L'irréversible retour de la réalité géopolitique international, l'entrée en scène inattendue du président Trump, le revirement spectaculaire en cours de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité qu'elle préside, les succès grandissants de la diplomatie marocaine, plutôt de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, constituent un véritable chamboulement géostratégique , une redistribution des cartes dans la région et même dans le monde.