Le paysage des réseaux sociaux est en constante ébullition, marqué par une concurrence accrue pour capter l'attention, en particulier celle de la Génération Z. Au cœur de cette bataille, l'ascension de TikTok contraint les plateformes historiques, Facebook et Instagram (Meta), à revoir leurs stratégies. Cette dynamique se décline différemment selon les marchés, comme l'illustre le cas du Maroc. En 2025, TikTok a consolidé sa position de leader auprès des jeunes, d'après des estimations convergentes publiées par des cabinets d'analyse internationaux tels que data.ai, Sensor Tower et eMarketer. La plateforme a dépassé Instagram en utilisateurs actifs mensuels en début d'année (environ 1,88 milliard contre 1,63 milliard). La croissance reste soutenue sur un an (+18,4 %), portée par un algorithme de recommandation performant et un format de vidéos courtes propice aux contenus spontanés, créatifs et viraux. Au niveau marocain, cette dynamique d'adhésion des jeunes est également constatée par le dernier baromètre de Sunergia. La Génération Z plébiscite TikTok pour son authenticité perçue et une liberté éditoriale jugée plus grande que sur les plateformes de Meta. Plusieurs études d'usage international font état d'une connexion quotidienne très élevée chez les 15–24 ans, d'un temps passé moyen élevé et d'un taux d'engagement supérieur aux concurrents. Les jeunes y découvrent des produits, s'informent et privilégient des formats bruts, facilement partageables. Lire aussi : Meta va utiliser les interactions des utilisateurs avec l'IA pour personnaliser ses contenus Face à cette érosion de l'attention, Meta a déployé une contre-offensive assumée. Le lancement des Reels sur Instagram et Facebook reproduit le format court de TikTok, appuyé par des incitations financières destinées aux créateurs. Selon les communications adressées aux créateurs par Meta lors du déploiement de son programme de bonus, des primes substantielles ont été proposées pour stimuler la production de Reels. Objectif : unifier l'écosystème vidéo, renforcer l'attractivité pour les créateurs et freiner l'exode des publics les plus jeunes. Du boom d'engagement à l'encadrement Au Maroc, 81 % de la population utilise les réseaux sociaux, avec une hiérarchie spécifique : WhatsApp et Facebook dominent encore, tandis que TikTok progresse rapidement, avec une forte pénétration chez les 18–24 ans. Selon le dernier rapport de Sunergia sur les usages digitaux au Maroc, ces tendances se confirment : WhatsApp et Facebook conservent leur prééminence en usage de masse, tandis que TikTok enregistre une dynamique marquée auprès des jeunes publics urbains. Le même rapport souligne l'effet prescripteur des influenceurs locaux et l'appropriation des formats courts par les marques et les médias, facteurs qui renforcent l'essor de la plateforme. Cette influence croissante retient désormais l'attention des pouvoirs publics. En novembre 2024, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a indiqué l'ouverture d'un dialogue avec TikTok portant sur la modération des contenus préjudiciables, la lutte contre la désinformation et l'adaptation de la plateforme aux valeurs culturelles marocaines. Selon le dernier baromètre de Sunergia, l'opinion publique exprime également une demande accrue d'un cadre de gouvernance plus lisible, ce qui plaide pour une co-régulation associant autorités et plateformes. L'éventualité de l'ouverture d'un bureau TikTok au Maroc a, par ailleurs, été évoquée, signe d'une volonté de coopération renforcée pour mieux encadrer l'écosystème.