Il est des institutions dont la puissance se mesure moins au bruit qu'elles produisent qu'à la profondeur des sillons qu'elles tracent dans le paysage d'une nation. La Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) est de cette trempe. Lors d'une intervention au Forum MD Sahara, organisé du 13 au 16 novembre 2025 à Dakhla, son Directeur Général, M. Khalid Safir, a dévoilé la mécanique subtile et la vision à long terme d'un groupe qui, depuis 1959, agit comme le bras armé financier de l'Etat, transformant l'épargne nationale en un levier de souveraineté et de cohésion territoriale. Son discours, prononcé à la confluence du 50e anniversaire de la Marche Verte et du 10e anniversaire du Nouveau Modèle de Développement des provinces du Sud, a révélé comment la CDG incarne cette symbiose entre la mémoire d'une épopée et l'architecture d'un avenir. S'inscrivant dans le sillage des témoignages émouvants qui l'ont précédé, M. Safir a d'emblée placé l'action de la CDG sous le signe de cette « symbiose » et de cette « union » entre le peuple marocain et son Roi, moment de grâce où le Royaume puise la force de relever tous les défis. La mission fondamentale de la CDG, a-t-il expliqué, est de « sécuriser l'épargne nationale et de la transformer en investissement utile ». Mais cette sécurisation n'est pas seulement financière, elle est aussi institutionnelle. La CDG incarne la stabilité, la continuité dans le « temps long », un rempart contre la volatilité des conjonctures, au service des générations présentes et futures. Le cœur de la doctrine de la CDG réside dans sa capacité à manier un paradoxe : être un investisseur patient, mais un pionnier audacieux. Patient, car son capital n'est pas soumis aux impératifs de la rentabilité immédiate, lui permettant de s'engager dans des projets structurants à très long terme. Pionnier, car son rôle est de « s'engager en premier, initier et ouvrir la voie afin de catalyser l'investissement privé ». La CDG ne se substitue pas au marché, elle le crée. Elle prépare les écosystèmes, structure les projets, sécurise les financements et rend le foncier disponible pour que le secteur privé puisse ensuite se développer et créer des emplois. C'est une stratégie de défrichage, de mise en condition, qui fait du groupe un véritable aménageur de l'avenir. Lire aussi : Omar Hilale : La diplomatie marocaine, modèle de réalisme et d'anticipation stratégique Dans les provinces du Sud, cette doctrine a trouvé un champ d'application exceptionnel. M. Safir a égrené les projets emblématiques où la CDG a joué un rôle de structuration et de financement décisif : la voie express Tiznit-Dakhla, colonne vertébrale de la connexion Nord-Sud ; l'autoroute de l'eau, projet titanesque de résilience climatique ; le programme d'investissement de Phosboucraâ, transformant le site en un pôle industriel intégré. Plus encore, la CDG a mobilisé le marché des capitaux pour accompagner le financement du port de Dakhla Atlantique, ce projet d'envergure stratégique destiné à devenir un hub commercial ouvert sur l'Afrique et le monde. La CDG, architecte du développement territorial L'expertise de la CDG ne se limite pas au financement. Elle est aussi celle d'un aménageur capable de sculpter durablement les territoires. M. Safir a pris l'exemple de Taghazout, où le groupe, en partenariat, a su créer de toutes pièces une destination touristique de classe mondiale, un écosystème complet respectueux des spécificités locales. C'est ce même savoir-faire, cette même vision intégrée, qui est aujourd'hui à l'œuvre dans les provinces du Sud. Les projets en cours de développement sont vertigineux et témoignent d'une ambition holistique. À Boujdour, un pôle industriel et logistique a déjà vu le jour. À Dakhla, un pôle urbain mêlant habitat, tourisme et services est à l'étude, tout comme une cité universitaire de 500 lits pour attirer les talents de toute l'Afrique. À Laâyoune, un projet similaire est en cadrage. Et pour préparer l'avenir immatériel, les projets « Sahara Tech Valley » à Laâyoune et « Dakhla Tech Valley » amorceront la création de pôles d'innovation numérique. En conclusion, M. Khalid Safir a offert une formule saisissante qui résume toute la philosophie de son institution : « Investir pour transformer, c'est aussi investir pour unir ». L'action de la CDG, loin d'être une simple série d'opérations financières, est une contribution fondamentale à la cohésion nationale. En réduisant les disparités territoriales, en créant des opportunités et en ancrant une dynamique de développement durable, la CDG ne construit pas seulement des routes et des ports, elle renforce les liens qui unissent les Marocains et consolide le socle de la souveraineté nationale. Fidèle à sa mission, la Caisse de Dépôt et de Gestion continue d'être l'architecte patient et déterminé d'un Maroc confiant dans son Sahara, et d'un Sahara qui est, bien plus qu'un territoire d'avenir, le moteur de croissance de tout un continent.