Réunis lundi à Benguerir, chercheurs, décideurs publics, industriels et agriculteurs ont convergé sur une conviction commune : la transformation agricole en Afrique dépendra de la capacité du continent à intégrer de manière maîtrisée les technologies avancées. Cette idée a guidé l'ensemble des échanges de la conférence internationale organisée par Al Moutmir dans le cadre de la 19e édition de son Innovation Lab, placée sous le thème « De la science à l'impact ». Au cœur des discussions, la nécessité de renforcer le passage de la recherche scientifique à l'application concrète sur le terrain. Mustapha El Bouhssini, doyen associé chargé de la recherche au College of Agriculture and Environmental Sciences de l'UM6P, a souligné que l'enjeu ne se limite plus à produire des connaissances. Selon lui, l'impact réel dépend de la capacité à traduire ces résultats en pratiques accessibles et adoptées par les agriculteurs. Il a insisté sur l'importance du conseil agricole de proximité, qu'il considère comme un maillon stratégique pour assurer l'efficacité des innovations. Cette logique centrée sur l'utilisateur final a été reprise par Kaushik Majumdar, directeur général de l'African Plant Nutrition Institute (APNI), qui estime que les innovations ne portent pleinement leurs fruits que lorsqu'elles tiennent compte des besoins et des contraintes des exploitants. Il a appelé à des approches participatives où les savoirs scientifiques dialoguent avec l'expérience du terrain, condition essentielle selon lui pour garantir la pertinence des technologies diffusées. LIRE AUSSI : Maroc : La BAD approuve une garantie de 450 M€ pour accompagner l'OCP Dans la même dynamique, Nawfel Roudies, directeur de la Business Unit Al Moutmir au sein de l'UM6P, a mis en avant le rôle structurant de la fertilisation raisonnée et des principes des « 4R ». Il a rappelé, dans ce sens, que toute innovation exige un cadre permettant son expérimentation, son ajustement progressif et sa généralisation à grande échelle, faute de quoi son impact resterait limité. D'autres intervenants ont élargi le débat en soulignant l'importance du transfert technologique dans la diffusion des pratiques climato-intelligentes, des solutions numériques agricoles et des approches de fertilisation durable. Ces outils, ont-ils rappelé, constituent des leviers essentiels pour renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires africains face aux mutations climatiques et économiques. Avec plus de 150 participants, cette rencontre se veut une étape fondatrice avant un rendez-vous continental prévu en 2026, destiné à rassembler les acteurs du conseil agricole et du transfert technologique autour de modèles adaptés aux réalités africaines. Les cinq sessions de la journée ont exploré la relation entre recherche et pratique, les innovations centrées sur l'agriculteur, le développement des compétences, l'inclusion des femmes et des jeunes, ainsi que l'expérience marocaine d'Al Moutmir en matière de fertilisation raisonnée. En marge des débats, les participants ont également découvert l'espace AGSHOWCASE, dédié à la présentation de technologies et solutions agricoles innovantes.