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Benkirane chez les socialistes, une arrivée mouvementée et des vérités inédites
Publié dans PanoraPost le 12 - 06 - 2016

Samedi soir, l'association al Machrouâ (le Projet) proche de l'USFP organisait une conférence au siège du parti. L'invité principal était le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, mais les jeunes socialistes l'ont copieusement chahuté à son arrivée. Une fois dans la salle, Benkirane a pris la parole et a fait quelques révélations jusque-là inédites.
Quand la voiture du chef du gouvernement arrive sur les lieux, en effet, un groupe compact de quelques dizaines de jeunes socialistes visiblement très énervés l'attendent. Ils hurlent des slogans, se montrent hostiles, mais pas menaçants, convoquent l'Histoire et rejettent ceux qu'ils pensent être complices dans l'assassinat d'Omar Benjelloun. Benkirane n'ose tout de même pas sortir de son véhicule, son large sourire plaqué sur son visage, en forme de rictus. Mais quelques coups de fil plus tard, et la légalité institutionnelle et l'ordre public aidant, des policiers se matérialisent et ouvrent le passage au chef du gouvernement, qui peut alors sortir de la voiture et marcher vers le siège de l'USFP. Les jeunes en arrivent alors aux mains, mais entre eux, entre ceux qui refusent de voir Benkirane dans les locaux du parti de « Ben Barka, Maâti Bouabid et Omar Benjelloun », et ceux qui, en dépit des divergences de vues, sont favorables à la venue du chef du gouvernement.
Accueilli par des responsables de l'association, flanqué d'officiers de sécurité, tendu, le chef du gouvernement entre dans les locaux qui lui étaient interdits quelques instants plus tôt. Il est accompagné du SG adjoint du parti, Slimane el Omrani, de son nouveau porte-flingue Mohamed Yatim, des ministres el Khalfi et Driss Al Azami, et de plusieurs autres collaborateurs.
« Nous autres Marocains, sommes différents des autres ». Une fois dans la salle de conférence, et encore sous le coup de slogans rageurs des jeunes, du type « assassins, assassins… tueurs de Benjelloun (en référence au meurtre du leader socialiste Omar Benjelloun en 1975) », le chef du gouvernement lance à son auditoire que son invitation est un acte « courageux », et que « nous sommes tous les enfants d'une même nation, en dépit de l'accueil que j'ai reçu, mais force est de dire que les jeunes ont été civilisés en exprimant leur opinion. Ils n'ont pas cassé ma voiture…. Vous savez, les Libanais s'étonnaient de voir le chef des communistes marocains Ali Yata réciter le Coran et verser dans l'érudition islamiste. Et bien, les islamistes au Maroc, c'est pareil, ils sont aussi différents des autres ».
« J'étais socialiste, avant de devenir islamiste ». Révélation phare… Abdelilah Benkirane répond à ses bruyants détracteurs que « le jour de l'assassinat de Benjelloun, j'étais membre de la Jeunesse socialiste et, plus tard, j'ai assisté à un meeting de Bouabid où il défendait les droits des tueurs du leader socialiste ». Puis, sur Omar Benjelloun : « Je ne sais pas si la Jeunesse islamique était responsable de ce meurtre, mais moi j'en suis innocent et Benjelloun a été tué sans raison ». Y a-t-il des raisons de tuer quelqu'un ?
Le mouvement islamique marocain. Benkirane explique qu'il appartient à une mouvance qui aurait pu basculer dans la violence, ou peut-être pas, « mais je pense avoir contribué à orienter notre mouvement vers la légalité et la non-violence ».
« La politique est une chose, les relations humaines en sont une autre ». Benkirane a expliqué que les divergences et différends politiques sont une chose naturelle. « Mais quand nous nous disputons au parlement et que nous échangeons des salutations entre nous une fois dehors, ce n'est pas plus de l'hypocrisie qu'une simple posture ».
Religion, liberté de conscience et Commanderie des croyants. Interrogé, bien évidemment, sur la liberté de conscience, le chef du gouvernement a une réponse mi-figue, mi-raisin : « Chacun est libre de choisir sa religion, à la condition que nous restions un Etat musulman. Personne ne peut contraindre personne à faire ses ablutions ou sa prière ». Mais sur la commanderie des croyants, Benkirane reconnaît que dans la mouvance islamiste mondiale, cette institution n'est pas reconnue, « mais nous l'avons admise car cela va de l'intérêt de tout le monde ».
« Nous n'avons, malheureusement, pas de relations avec les Frères musulmans ». Toujours provocateur, en niant toute proximité avec les Frères, Benkirane a jouté le mot « malheureusement ». Puis, laissant la salle à son étonnement, il explique que « c'est effectivement malheureux que nous n'ayons aucun lien avec les Frères musulmans, car si cela avait été le cas, nous les aurions conseillé sur la voie à suivre car nous divergeons avec eux sur bien des questions ». Puis il a précisé que « oui, nous avons été formés à l'ombre des Frères musulmans, mais nous avons ensuite rompu avec eux et ils n'ont pas réussi à avoir d'antenne ou de représentation au Maroc ».
« L'islam n'est pas la solution ». Quelques semaines après que le parti islamiste Ennahda en Tunisie eut déclaré son renoncement au référentiel islamique et son basculement en parti civil, le chef du gouvernement et du PJD dit à son tour que l'islam n'est pas la solution, du moins pour nombre de problématiques sociales comme par exemple le logement.
Les résultats détaillés du scrutin communal et régional du 4 septembre. Le chef du gouvernement a encore expliqué et affirmé qu'il était, lui, le superviseur des opérations électorales, mais on l'a questionné sur la raison de la non-publication des résultats détaillés des élections de septembre 2015. Réponse : « J'ai demandé par le passé au ministre de l'Intérieur de publier ces résultats, et il m'a dit que cela allait être fait, mais qu'il fallait préalablement recueillir les résultats dans leur totalité ». Certes, mais cela fait quand même presqu'un an… alors l'orateur a expliqué avoir encore demandé à Mohamed Hassad de publier les résultats par parti et par circonscription. On attend toujours. « Vous savez, le ministère de l'Intérieur n'est pas comme les autres… c'est un département important avec lequel il faut agir d'une manière particulière. Le ministère de l'Intérieur n'est plus la mère de tous les ministères, mais il n'en a pas pour autant perdu son aura maternelle. Moi, pour ma part, je suis chef du gouvernement mais je ne peux faire ce que je veux… Il y a des partis composant la majorité, il y a des ministères avec des spécificités précises et le tout est encadré par Sa Majesté le roi ». Bref, le ministère de l'Intérieur agit en (presque) totale indépendance de la présidence du gouvernement.
La spécificité des Marocains. « Les Marocains ont toujours eu leur manière spéciale de voir les choses, et c'est ainsi qu'ils ont résisté face à la vague communiste, puis ensuite à la mouvance islamiste. Et même pour le printemps arabe, les Marocains n'en ont pris que ce qu'ils devaient, ce qui leur était nécessaire, et rien de plus ».
Droits de l'Homme et rapport du Département d'Etat. « Nous ne sommes pas en Suisse, mais au Maroc, et au Maroc il y a encore des abus, mais pas comme ceux qui ont été relevés par le Département d'Etat américain. En matière de respect des droits humains, nous avons parcouru un long chemin et nous bien meilleurs que nombre de pays ».
Elections 2016. Un brin provocateur, le chef du gouvernement et du PJD affirme que « selon toutes les données dont nous disposons, nous serons premiers en octobre prochain, mais si nous ne le sommes pas et que nous perdions à la régulière, nous féliciterons le vainqueur ».
Manifestations. « Certains disent que si nous perdons, nous descendrons dans la rue… mais si nous devions décider cela, nous l'aurions fait en 2011, quand des gens pensaient que pour nous venger de ce qu'il nous était arrivé de 2003 à2001,nous allions rejoindre les rangs des manifestants… Nous avions refusé alors de nous joindre aux manifestants car nous ne voulions pas mettre en péril notre pays et notre institution monarchique ».
Dans cette conférence, le chef du gouvernement a donc fait des révélations et a expliqué ce qu'il devait, face à une salle qui ne lui était pas forcément acquise. Force est de dire qu'il s'en est bien sorti et a réussi à retourner la tendance initialement hostile. C'est ainsi que doit se comporter la classe politique, avec civisme et courtoisie, malgré les échauffourées et les inimitiés. Maintenant la question est de savoir si une association proche du PJD invitera un jour au sein des locaux du PJD un homme comme Driss Lachgar (présent dans la salle) ou Ilyas el Omari. Cela aurait du panache.


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