Le Polisario termine l'année 2022 sur de profondes divergences exacerbées par l'échéance du prochain congrès. Dans les camps de Tindouf, les yeux se tournent vers Alger pour trouver un compromis. La direction du Polisario, tiraillée entre les ambitions de ses leaders, peine à trouver un accord sur le partage des postes de responsabilités lors du prochain congrès, prévu du 13 au 17 janvier 2022. La réunion du secrétariat général qui devrait trancher toutes ces questions, mardi dernier, a été repoussée au jeudi 29 décembre. Elle s'est finalement tenue le même jour mais sans parvenir à un compromis sur l'ensemble des résolutions. En témoigne, le retard constaté dans la publication du communiqué, sanctionnant les travaux ordinaires de la session, pourtant prévue jeudi comme annoncé par l'agence de presse du Polisario. Selon une source sahraouie contactée par Yabilafi, des membres du secrétariat général tentent d'aplanir les divergences criantes entre les hauts cadres du Polisario, sous les recommandations de l'Algérie. Pour l'heure, ils ont convaincu Brahim Ghali de soumettre le projet de suppression de la condition de l' «expérience de guerre contre le Maroc» pour se porter candidat, au débat lors de la prochaine réunion de la «conférence nationale», qui précède l'organisation du congrès. Une exigence qui permettrait à l'actuel chef du Polisario de se débarrasser de deux concurrents susceptibles de l'empêcher de rempiler pour un nouveau mandat. Il s'agit de Abdelkader Taleb Omar, le représentant du Front en Algérie, et Bachir Mustapha Sayed, «ministre conseiller à la présidence». Pour rappel, plusieurs voix dans les camps de Tindouf ont réclamé, en novembre, d'annuler cette disposition, affirmant que même avec ses «années de combat», Brahim Ghali a brillé par son échec dans la «guerre» qu'il a lancée, le 13 novembre 2020, contre les Forces armées royales (FAR). La carte tribale et le soutien de l'Algérie Dans un rapport remis aux autorités algériennes, Brahim Ghali a alerté des conséquences d'un changement à la tête du Polisario sur la stabilité dans les camps de Tindouf. Même si sa gestion du mouvement séparatiste est pointée du doigt, Ghali continue de bénéficier du soutien de la principale tribu, les Rguibates, ainsi que de l'Etat major de l'armée algérienne. En revanche, l'appui du parrain algérien manque cruellement à Bachir Mustapha Sayed. Quant à Taleb Omar, il est issu de la tribu des Oulad Dlim dont les membres avaient mené le soulèvement de 1988, réprimé dans le sang. Depuis sa fondation, au début des années 70, le Polisario a toujours été dirigé par un cadre des Rguibates. Reste le cas de Mohamed Ibrahim Biadillah, un des fondateurs du mouvement séparatiste, ayant dirigé les renseignements et les milices armées du Polisario, qui remplit certaines conditions exigées pour diriger le Polisario, à savoir : l'appartenance aux Rguibates et l'expérience des années de combats contre le Maroc. «Néanmoins, l'Algérie hésite encore à lui faire totalement confiance», explique notre source sahraouie. «En cas de persistance de ces divergences, un report du congrès de quelques semaines serait envisagé ; le temps que l'Algérie et les équilibres tribaux puissent se mettre d'accord sur un nom», précise notre interlocuteur.