Avec un budget dépassant 5 milliards de dirhams, le groupe OCP a lancé un projet structurant visant à relier la ville de Jorf Lasfar et le bassin minier de Khouribga par un pipeline destiné au transport d'eau dessalée. « Ce projet marque une étape importante dans notre programme d'eau non conventionnelle », a déclaré Hanane Mourchid, directrice du développement durable et de l'innovation au sein du groupe. « Depuis 2008, OCP a engagé une stratégie de réduction de sa dépendance à l'eau conventionnelle, avec des stations d'épuration et de dessalement à Youssoufia, Benguerir, Khouribga et Jorf Lasfar. », a-t-elle ajouté. Un réseau hydraulique de nouvelle génération Le pipeline s'étend sur 203 kilomètres, avec une capacité de transfert de 80 millions de m3 par an. Il comprend 8 stations de pompage, un bassin de 25 000 m3, un système de monitoring intelligent, et fonctionne exclusivement à l'énergie verte. Le tout a été conçu et mis en œuvre en un temps record de 24 mois, en partenariat avec des entreprises marocaines. Pour Abdelilah Bouzian, directeur général de JESA chargé des travaux, « ce projet est la concrétisation d'une vision. Il relie les deux principaux complexes chimique à Jorf, minier à Khouribga et incarne une nouvelle approche de gestion intégrée des ressources ». Il a assuré : « Nous avons respecté les délais et les standards de qualité et de sécurité. C'est une fierté d'avoir contribué à relier deux piliers industriels du pays. » Un levier de transformation territoriale Le projet est aussi un modèle d'intégration locale : sur les deux ans de travaux, un million de jours-homme ont été mobilisés, soit 1 300 emplois en moyenne par jour, avec un taux de main-d'œuvre locale de 86 %. À terme, une centaine d'emplois permanents seront créés. Abdelali Houbbadi, responsable de l'entité Eau, électricité et télécom sur le site de Khouribga note que « ce pipeline permet de satisfaire à 100 % les besoins industriels du site de Khouribga, et d'abandonner définitivement l'usage de l'eau de barrage ». Le pipeline s'étend sur 203 kilomètres, avec une capacité de transfert de 80 millions de m3 par an. Au-delà des besoins d'OCP, les retombées du projet dépassent le périmètre industriel. « Nous avons surdimensionné le système pour permettre, à terme, un usage agricole et domestique », précise Hanane Mourchid. Des discussions sont en cours avec l'ONEE et la SRM Marrakech-Safi pour desservir la ville de Khouribga en eau potable. L'agriculture n'est pas en reste : la filiale INNOVX développe actuellement des modèles économiques pour irriguer des cultures à haute valeur ajoutée via l'eau dessalée. Souveraineté hydrique Le pipeline J2K est une composante clé du plan d'investissement vert 2023–2027 de l'OCP, doté de 13 milliards de dollars. Ce plan vise notamment à produire 610 millions de m3 d'eau non conventionnelle par an d'ici 2027, à décarboner totalement la production d'engrais, et à sécuriser l'approvisionnement hydrique des sites industriels et des zones urbaines. À travers sa filiale OCP Green Water, créée en 2022, le groupe a déjà déployé une offre hydrique au service de l'intérêt général. Avec une capacité installée de 320 Mm3 en 2025, OGW alimente déjà Jorf Lasfar, El Jadida, Safi, Casablanca Sud... et bientôt Marrakech, Youssoufia. Dès 2026, un second pipeline reliera la station de Safi à la région de Gantour. L'objectif est double : sécuriser l'eau pour les plateformes minières de Mzinda, Benguerir et Louta, et alimenter en eau potable les villes environnantes. Ce déploiement à l'échelle nationale traduit la volonté du Groupe de renforcer la souveraineté hydrique du Maroc tout en répondant aux besoins urgents en eau potable et en soutenant une agriculture durable. « Ce n'est qu'une étape », conclut Hanane Mourchid. « Nous vous donnons rendez-vous l'an prochain pour une nouvelle station de dessalement destinée à Marrakech et sa région.