Bienvenue à la CAN féminine 2024, ou plutôt devrions-nous dire : la Coupe d'Abracadabra Nationale, édition spéciale « Maroc ? Connais pas. » Une compétition palpitante où l'on joue à cache-cache avec le pays organisateur, où les maillots effacent des cartes, les écrans maquillent les logos, et où dire « Maroc » à l'antenne semble plus dangereux que de dribbler sans protège-tibias face à Nawal El Moutawakel. Effacer le Maroc ? L'Algérie invente le football sans géographie Ah, les Algériens ! Toujours aussi inventifs. Alors que le monde entier regarde du football, eux regardent… autre chose. Une compétition organisée quelque part, dans un pays non identifié, dont on taira le nom, qu'on masquera du bout du ruban adhésif et qu'on remplacera par un silence diplomatique. Orwell lui-même en aurait claqué sa pipe. Une CAN féminine qui se joue au « Pays-hôte-non-nommé » : ça mérite une ovation et une camisole. Même Harry Potter, pourtant spécialiste du « Tu-sais-qui », n'a jamais osé un tel sortilège d'invisibilisation. Royal Air Maroc devient Total Energies par la magie d'un copié-collé approximatif ? Chapeau. Les sponsors apprécieront ce tour de passe-passe digne des pires prestidigitateurs de Fête de quartier. Censurer le zellige, boycotter les cartes, expurger les logos Souvenez-vous, ce n'est pas la première fois que l'Algérie sort son Blanco géopolitique. Dès qu'un coin de zellige s'invite sur un maillot, c'est l'alerte rouge à El Mouradia. Quand une carte du Maroc ose inclure le Sahara, on appelle le Tribunal Arbitral du Sport à la rescousse. Bientôt, on demandera à la FIFA d'arbitrer les motifs de tapis berbères. Et que dire de cette capitaine algérienne qui refuse de poser devant la tour Hassan, comme si le minaret allait lui voler son brassard ? À ce niveau de crispation, on ne parle plus de rivalité sportive, mais d'un trouble obsessionnel-compulsif : le syndrome du « Marocphobe contrarié ». LIRE AUSSI : Quand l'Algérie fait du Maroc son film d'horreur La CAF enquête, l'Algérie s'enfonce... et le ridicule marque un triplé Pendant que la CAF ouvre une enquête, Alger, elle, ouvre... TikTok. On balance des vidéos floues, mal cadrées, censées prouver que c'est le Maroc qui manipule les logos. On croit rêver. C'est l'arroseur arrosé qui se filme en train d'essayer de noyer son propre tuyau. Et comme souvent, plus la défense algérienne tente de se justifier, plus elle s'effondre : à ce rythme, le prochain communiqué expliquera que « Maroc » est un mot trop compliqué à prononcer sans contracter une entorse diplomatique à la mâchoire. Et dans cet océan de mesquinerie, c'est le football féminin qui trinque. Ce football que l'on ignore toute l'année, mais qu'on instrumentalise dès qu'il devient le prétexte à un règlement de comptes inter-étatique. Abdou Semmar l'a dit, et il a eu le mérite de le dire depuis Alger : « Si tu ne supportes pas que le Maroc organise un tournoi, n'y participe pas. » Car ce n'est plus un désaccord, c'est un sketch kafkaïen. La FAF transforme chaque élément de réalité en menace existentielle. Le logo de Royal Air Maroc devient un acte de guerre. La mention « Maroc 2024 », un blasphème. Un simple « merci pour l'accueil » se transforme en trahison d'Etat. Rabat accueille, Alger s'étouffe, et l'Afrique observe Pendant ce temps, Rabat déroule la pelouse, installe les gradins, chauffe les vestiaires et… observe ce vaudeville géopolitique avec une ironie toute marocaine. On sert le thé, on applaudit les joueuses, on évite de trop rire, par respect pour le sport. Mais le cœur n'y est pas. Car ce tournoi aurait pu ou plutôt aurait dû être une célébration du football féminin africain. Il est devenu un théâtre d'ombres, où la peur du mot « Maroc » fait trembler les micros algériens. Alors l'Algérie joue, mais contre qui ? Elle a bien une adversaire dans cette CAN, mais ce n'est ni le Nigeria, ni le Cameroun, ni même le bon sens. C'est un ennemi intérieur, invisible et tenace : le refus maladif de regarder son voisin dans les yeux. Et pendant qu'on efface le Maroc à coups de correcteur numérique, c'est surtout sa propre image qu'on gribouille, qu'on salit, qu'on rend grotesque.