Avec l'arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari, en 2015, les relations entre le Maroc et le Nigéria ont connu un net réchauffement, politiquement et économiquement. La question de la reconnaissance par Abuja de la "RASD" a été reléguée au second plan. Le nouveau président du Nigéria Bola Ahmed Tinubu marchera-t-il sur les traces de son prédécesseur ? Après deux mandats, Muhammadu Buhari passe le témoin, ce lundi 29 mai, à Bola Ahmed Tinubu, vainqueur dès le premier tour des élections présidentielles du 25 février. Le nouveau chef d'Etat aura la lourde tâche de remettre le Nigéria sur les rails, avec comme «modèle» le Maroc. «Nous pouvons édifier une nation comme le Maroc», avait-il précisé en juin 2022 dans un discours alors qu'il venait juste d'être investi par son parti, le Congrès de tous les progressistes (APC), comme candidat au scrutin présidentiel. Se référer au royaume s'inscrit dans la continuité de la ligne observée par Buhari, qui appartient également à cette formation politique. «Nous sommes toujours reconnaissants vis à vis du Maroc pour le soutien qu'il nous a apporté dans la production d'engrais dans le pays. Nous avons 42 entreprises produisant des engrais dans six zones géopolitiques», avait déclaré en février 2021 le désormais ex-président du Nigéria. En 2016 et en marge de la visite du roi Mohammed VI au Nigéria, le groupe nigérian Dangote et le marocain OCP avaient signé un accord pour mettre en place une plateforme de fabrication d'engrais dans le pays. En octobre 2022, le Groupe OCP ouvrait sa première usine d'engrais dans la zone industrielle agricole verte de Kaduna, honorant ainsi des engagements déjà pris. Sous l'ère Buhari, Rabat a réussi à sortir Abuja de l'axe Alger-Pretoria La «diplomatie des produits fertilisants» a particulièrement bien fonctionné. Sous l'ère Buhari, elle a permis à Rabat d'éloigner Abuja de l'axe Alger-Pretoria, même si le Nigéria maintient toujours sa reconnaissance de la «République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD)». La république auto-proclamée en 1976 compte toujours une «ambassade» à Abuja. Des liens datant de l'époque de la Guerre froide mais qui ne constituent pas une entrave à la nouvelle page dans les relations entre Rabat et Abuja, ouverte depuis la visite officielle du roi Mohammed VI en décembre 2016. L'impératif économique prime dans la nouvelle stratégie du royaume. En témoigne, le projet du gazoduc Nigéria-Maroc, qui longera la côte ouest-africaine depuis le Nigeria, en passant par le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie jusqu'au Maroc et ensuite l'Europe. Au lendemain de l'annonce de la victoire de Bola Ahmed Tinubu aux élections présidentielles du 25 février, le roi Mohammed VI lui a adressé un message de félicitations. A cette occasion, le souverain «a fait de Sa détermination à oeuvrer de concert avec M. Bola Tinubu pour renforcer le partenariat stratégique entre les deux pays, étendre la coopération bilatérale à de nouveaux secteurs prometteurs au service des intérêts communs des deux peuples, et contribuer au développement, à la stabilité et à l'unité du continent africain».