Windows 10 tire sa révérence : la course contre la montre pour migrer vers Windows 11    ChatGPT devient un hub numérique : Spotify, Booking, Canva et d'autres réunis dans une seule conversation    Revue de presse nationale du mardi 14 octobre 2025    CAN Maroc-2025 : Comment les prix des billets dessinent l'expérience des supporters    FIFA : Tila, la mascotte officielle du Mondial U17 féminin au Maroc    Comediablanca announces international tour starting at Paris Olympia    Comediablanca annonce une tournée internationale débutant à l'Olympia de Paris    Safran mise sur le Maroc pour propulser sa nouvelle génération de moteurs d'avions    Recettes douanières : Près de 73 MMDH à fin septembre    Baitas : « Le taux d'interaction du gouvernement avec les questions écrites du Parlement atteint 70% »    Sahara : Le Qatar réaffirme son soutien au plan marocain d'autonomie, « une initiative constructive »    Elim Mondial 2026 : Le Maroc en quête d'un record d'invincibilité face au Congo    Mohammed Ouahbi : « Notre objectif est d'atteindre la finale et de remporter le titre »    Médiateur du Royaume: Aziz Akhannouch incite les membres du gouvernement à coordonner davantage avec l'Institution    Le HCP prévoit une croissance de 4,7% au quatrième trimestre 2025    CV c'est vous ! Ep – 83. Yassine Reqati, le DJ qui a fait de sa passion un métier    Epson et le FIAV forment de jeunes créateurs marocains aux technologies de projection et de vidéo mapping    Morocco : King Mohammed VI sends condolences to the Emir of Qatar    King Mohammed VI launches Safran aircraft engine complex in Nouaceur    Maroc : Message de condoléances du roi Mohammed VI à l'émir du Qatar    Présidentielle. Les Camerounais ont voté    Avions : Mohammed VI préside le lancement des travaux du complexe de moteurs Safran    Sahara : The Polisario claims to have weapons capable of striking Laayoune and Dakhla    Exposition « David Seidner » au musée YSL : Quand la mode devient art et mémoire vivante    96 % du commerce extérieur marocain désormais numérisé    Armement : Nouveau test du drone SpyX sur le sol marocain    Trump à la Knesset : le théâtre du pouvoir et la diplomatie du paradoxe    Justice territoriale : la Coalition civile pour la montagne appelle à concrétiser la vision royale    USA : le shutdown entre dans sa 3è semaine, aucun dénouement à l'horizon    Al-Sissi: l'accord sur Gaza "ouvre une nouvelle ère de paix et de stabilité" au MO    Réforme du Conseil national de la presse : Un tournant pour le journalisme marocain    Maroc : Sous la pression des manifestations GenZ, le gouvernement promet de lutter contre la corruption    Maroc : Décès de Mustapha Brahma, ancien secrétaire général de la Voie démocratique    Sahara marocain : la Russie se dit prête à soutenir le plan d'autonomie    Le Cap-Vert se qualifie pour la première fois à la Coupe du Monde    Toronto : Une peinture de Winston Churchill représentant Marrakech mise aux enchères    Nouaceur : SM le Roi préside la cérémonie de présentation et de lancement des travaux de réalisation du complexe industriel de "moteurs d'avions" du groupe Safran    Santé : Elage, la nouvelle clinique du groupe Sanam (VIDEO)    Fuite des cerveaux : une stratégie marocaine pour le retour s'impose    Enseignement public : Le grand décrochage des classes préparatoires scientifiques    AMO : Pourquoi 70 % des dépenses vont au secteur médical libéral ?    Réécrire l'Histoire : le roman marocain francophone au cœur d'une conférence à El Jadida    Découverte au Maroc d'un fossile unique de 500 millions d'années éclairant l'origine des étoiles de mer et des oursins    Russie–Iran–Algérie : le nouveau triangle militaire qui inquiète l'Occident    Xi Jinping propose quatre initiatives pour l'autonomisation des femmes    Rabat-Salé-Kénitra and Casablanca-Settat shine in 2024-2025 Throne Cup boxing triumph    Fès : Près de 250 participants au départ du Rallye du Maroc 2025    Le Daily Mail britannique met en lumière Rabat, capitale au charme singulier    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Histoire : La cassata, un gâteau de fêtes à la croisée des influences arabes en Sicile
Publié dans Yabiladi le 24 - 12 - 2024

Rassemblant les saveurs des terroirs romains et arabo-normands en Sicile à travers les siècles, la cassata est un gâteau qui a gagné en popularité dans la pâtisserie au-delà des frontières italiennes. En plus de ses compositions fruitées, à la fleur d'oranger, à la pâte d'amande et au cédrat, son glaçage coloré a trouvé son rappel dans d'autres douceurs qui se partagent en période de fêtes de fin d'années, ou encore dans les anniversaires.
Depuis plus de 1 000 ans, la préparation d'un dessert typiquement sicilien a évolué au gré du potager local, élargi par les produits développés par les romains, ou encore ceux introduits par les arabes et les normands dans l'île italienne. Initialement à base de ricotta sucrée, les saveurs de la cassata seront relevées avec le cédrat et l'eau de fleur d'oranger, ou encore la cannelle. Enveloppée dans une pâte d'amande colorée, sa décoration aux fruits confits et à l'écorce d'orange semble avoir trouvé son rappel dans le glaçage de gâteaux à la crème plus contemporains.
Ces composantes se retrouvent notamment dans les douceurs qui ont sucré les anniversaires de l'enfance, ou celles en vogue durant les périodes de fêtes de fin d'année, au-delà de l'indétrônable bûche de Noël. Mais pendant des siècles, la cassata s'est dégustée à plusieurs occasions. Amateurs de pâtisserie, défenseurs du savoir-faire ancestral et historiens ont continuellement débattu de ses origines antérieures.
Certains estiment que la cassata trouve ses sources dans l'ère romaine, voire grecque, lorsque les desserts faits de pâte basique ont été sucrés au miel. En l'espèce, les origines de cette préparation remonteraient à il y a plus de 2 000 ans, selon le journaliste culinaire Gaetano Basile. Pour d'autres, cette pâtisserie a été façonnée surtout entre les IXe et le XIe siècles, notamment durant la présence arabe dans le sud d'Italie.
Mille-feuille historique des traditions régionales
Selon cette version faisant le lien entre la cassata et la Sicile arabo-normande, l'appellation serait dérivée du terme «Qas'at» (bassine), en référence au récipient dans lequel un paysan arabe aurait mélangé sa ricotta de brebis au produit final des champs de la canne à sucre. Cet usage aura illustré un croisement du savoir-faire local laitier avec des influences culinaires venues du Moyen-Orient, ou encore de la péninsule ibérique.
Ce serait ensuite à la cour de l'émir de Palerme que les cuisiniers auront eu l'idée d'envelopper la préparation dans une pâte brisée et de la cuire au four. La ricotta et le sucre restent la base de la recette, tandis que l'enveloppe plutôt rustique laissera place à une pâte d'amande plus raffinée. On y ajoutera une génoise légère (pan di Spagna), le chocolat s'y greffera avec les Espagnols et la vanille apportera sa pointe de saveur douce à l'ensemble. Durant le XIVe siècle, le terme «cassata» sera défini expressément.
Le nom de la pâtisserie figure dans le «Declarus» d'Angelo Sinesio, premier abbé de San Martino delle Scale à Palerme. Ayant vécu de 1305 à 1386, il est en effet l'auteur du premier dictionnaire latin sicilien.
Histoire : La Sicile, terre d'influence arabo-normande
Des traces historiques du XVIe siècle montrent que la cassata a été aussi un incontournable de la table des fêtes pascales. La version qui se fonde sur l'introduction de la canne à sucre par les arabes en Sicile comme élément ayant permis de développer cette préparation suggère également le rôle de cet ingrédient dans l'évolution de nombreuses autres pâtisseries siciliennes.
Ainsi la cassata sera-t-elle façonnée et enrichie par les dynamiques commerciales, agricoles et maritimes, dans une région connue pour avoir été une plaque tournante de l'économie en Méditerranée. Cette mobilité définira le savoir-faire culinaire de l'île plus largement, chaque population venue ayant apporté son lot de pratiques, qui feront partie intégrante du terroir. Le nom de la cassata figuera encore dans le «Vocabulaire étymologique sicilien» de Michele Pasqualino, en 1785.
Cette pâtisserie y est définie comme une «sorte de gâteau à base de ricotta sucré, avec une enveloppe de pâte, également sucrée, de forme ronde». Vincenzo Mortillaro reprendra ces termes, dans son «Dictionnaire» de 1876.
Aujourd'hui considérés naturellement comme un élément indispensable à la cassata sicilienne, les fruits confits n'y auraient été incorporés qu'au cours de l'ère baroque, qui a marqué les années entre les XVIe et XVIIIe siècles.
Une transition de la cuisson à la préparation à froid
Retraçant cette évolution, l'auteur et historien britannique John Dickie fait savoir que «ce n'est qu'au XVIIIe siècle que la forme du dessert a pris une apparence similaire à celle d'aujourd'hui». Auteur de l'ouvrage «Con gusto, storia degli italiani a tavola» consacré à l'Histoire de la table italienne, le chercheur garde par ailleurs des réserves sur les origines arabes de la cassata, au vu des mentions grecques et romaines aux version basiques.
Incarnant pour autant une mille-feuille d'événements historiques, cette pâtisserie passera bien plus tard de la cuisson au four à la préparation à froid. Au cours du XIXe siècle à Palerme, ce sera le chef pâtissier Salvatore Gulì qui assurera cette transition.
Connu au Maroc sous une déclinaison aux influences andalouses, le «massepain» à base de pâte d'amande et de sucre prend la forme de «frutta martorana», dans sa version sicilienne. Il s'ajoutera aux ornements de la cassata, en plus de la «zuccata», la courge confite issue des cultures entretenues par les religieuses palermitaines.
La forme glacée et plus actuelle du dessert, telle que définie par Salvatore Gulì, est finalisée vers 1873. La version cuite au four existe toujours et continue à avoir des adeptes, la crème de ricotta et la pâte d'amande restant les bases unanimement indiscutables. Des variantes locales incluent des ingrédients spécifiques pour compléter la préparation, en fonction des usages propres à chaque région : pistache, liqueur, cannelle…
Il s'agit même du principe de cette recette, à la fois ancestrale et adaptée aux produits du terroir, selon leur disponibilité limitée ou à volonté.
Préparée en famille, dans les pâtisseries artisanales ou par les grands chefs étoilés, la cassata conserve ainsi ses subtilités locales en Sicile. Celles-ci la différencient à Palerme, au centre-nord, à Catane à l'est, à Noto et Syracuse dans le sud, ou encore à Trapani, dans l'ouest.
Depuis, le dessert s'est internationalisé, avec un glaçage aux couleurs chatoyantes repris en apparence dans d'autres gâteaux, combinant génoise, chocolat, crèmes et fruits confits, intégrés à la préparation ou à la décoration.
Article modifié le 24/12/2024 à 23h45


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.