SM le Roi : Il n'y a pas d'ordre viable sans règles, c'est dans cette conviction que s'ancre la diplomatie marocaine"    Cours des devises du lundi 25 août    Le FM6I réalise enfin ses premiers financements de l'économie réelle    Chine: Le yuan à son plus haut niveau depuis neuf mois face au dollar    La Bourse de Casablanca débute en baisse    Cobalt : Le Maroc en tête des consommateurs de la région MENA avec 91%    Accord de Paris sur le climat : 10 ans après la COP 21    Aïd Al Mawlid Annabaoui sera célébré le vendredi 5 septembre    Afro Basket 2025 : l'Angola sacrée pour la 12e fois    Liga / J2 : Mbappé guide le Real face à Oviedo    Coupe du Monde U17 / Arbitrage : La FIFA va expérimenter le soutien vidéo    La Juventus condamne les insultes racistes à l'encontre de Weston McKennie    Maroc : Akdital inaugure trois nouveaux hôpitaux à Oujda et Nador    Aéroport Mohammed V : Arrestation d'un ressortissant turc poursuivi par la Justice allemande    Peines alternatives : Immersion dans une justice à visage humain [INTEGRAL]    Fournitures scolaires : Une polémique ravivée entre écoles et librairies    Alzheimer: Un traitement à la lumière LED redonne espoir    Marruecos expulsa de Dajla a una estadounidense y a una portuguesa    Scandale d'inceste à Ain El Aouda : Un père et sa fille auraient eu six enfants ensemble    Les prévisions du lundi 25 août 2025    Le dirham s'apprécie de 0,2% face à l'euro    Port d'Essaouira : Baisse de 30% des débarquements de la pêche à fin juillet    Zelensky réclame à nouveau une rencontre avec Poutine, Moscou lui reproche son insistance    La presse kuwaitienne met en lumière l'initiative humanitaire royale du roi Mohammed VI en faveur de Gaza    L'Ethiopie accueille le premier séminaire Chine-Afrique sur les droits de l'homme    Les Algériens à la recherche de Tebboune : l'absence du président inquiète dans un contexte de poigne militaire et de médias contrôlés    Algérie dans le rapport du département d'Etat américain 2024 : Dictature sombre et risques pour les investisseurs et les touristes    Les enquêtes s'approchent des racines : qui paiera le prix de l'effondrement du système des pirates "Jabaroot" ?    SM Le Roi adresse un Message aux participants à la 82e session de l'Institut de Droit International    Le Maroc expulse de Dakhla une Américaine et une Portugaise    Neil El Aynaoui affiche ses ambitions avec les Lions de l'Atlas    Bilal El Khannouss : le dossier Palace s'enlise, Leeds relance la course    El Karouani l'homme en forme    900 bénéficiaires des camps de proximité et 2 000 des camps permanents... Smara célèbre la fin d'un été exceptionnel    Les survivants de l'enfer de Tindouf saisissent les tribunaux internationaux contre l'Algérie et le Polisario pour crimes contre l'humanité    Aïd Al Mawlid Annabaoui célébré le vendredi 05 septembre    Rabat : un atelier scientifique rapproche les conseils religieux du Maroc et des Emirats arabes unis    Espagne: Les incendies bientôt sous contrôle    Mondial 2026 : le Mexique espère obtenir plus de trois milliards USD de retombées    Diaspo #403 : Zineb Fares, de Casablanca à Londres, la success story de Raphia une marque de chocolat marocaine    L'auteur américain Jeff Koehler revisite le séjour de Henri Matisse au Maroc    Une exposition itinérante célèbre l'Histoire partagée entre Amsterdam et le Maroc    L'UNESCO annonce un record de 264 millions d'étudiants inscrits    Nador : Les images d'un mariage extravagant à Zeghanghane font polémique    Congrès du soufisme: le Royaume affirme son modèle de l'islam modéré    Team'Arti Festival 2025 : Témara et Harhoura s'installent au cœur de la culture urbaine    Interview avec Dr Aziz El Kobaiti : « Le soufisme invite chacun à agir avec justice et à servir la société »    Aziz Chikh, cet ambassadeur de la cuisine meknassie qui a fait élever sa cuisine au rang de gastronomie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Histoire : La cassata, un gâteau de fêtes à la croisée des influences arabes en Sicile
Publié dans Yabiladi le 24 - 12 - 2024

Rassemblant les saveurs des terroirs romains et arabo-normands en Sicile à travers les siècles, la cassata est un gâteau qui a gagné en popularité dans la pâtisserie au-delà des frontières italiennes. En plus de ses compositions fruitées, à la fleur d'oranger, à la pâte d'amande et au cédrat, son glaçage coloré a trouvé son rappel dans d'autres douceurs qui se partagent en période de fêtes de fin d'années, ou encore dans les anniversaires.
Depuis plus de 1 000 ans, la préparation d'un dessert typiquement sicilien a évolué au gré du potager local, élargi par les produits développés par les romains, ou encore ceux introduits par les arabes et les normands dans l'île italienne. Initialement à base de ricotta sucrée, les saveurs de la cassata seront relevées avec le cédrat et l'eau de fleur d'oranger, ou encore la cannelle. Enveloppée dans une pâte d'amande colorée, sa décoration aux fruits confits et à l'écorce d'orange semble avoir trouvé son rappel dans le glaçage de gâteaux à la crème plus contemporains.
Ces composantes se retrouvent notamment dans les douceurs qui ont sucré les anniversaires de l'enfance, ou celles en vogue durant les périodes de fêtes de fin d'année, au-delà de l'indétrônable bûche de Noël. Mais pendant des siècles, la cassata s'est dégustée à plusieurs occasions. Amateurs de pâtisserie, défenseurs du savoir-faire ancestral et historiens ont continuellement débattu de ses origines antérieures.
Certains estiment que la cassata trouve ses sources dans l'ère romaine, voire grecque, lorsque les desserts faits de pâte basique ont été sucrés au miel. En l'espèce, les origines de cette préparation remonteraient à il y a plus de 2 000 ans, selon le journaliste culinaire Gaetano Basile. Pour d'autres, cette pâtisserie a été façonnée surtout entre les IXe et le XIe siècles, notamment durant la présence arabe dans le sud d'Italie.
Mille-feuille historique des traditions régionales
Selon cette version faisant le lien entre la cassata et la Sicile arabo-normande, l'appellation serait dérivée du terme «Qas'at» (bassine), en référence au récipient dans lequel un paysan arabe aurait mélangé sa ricotta de brebis au produit final des champs de la canne à sucre. Cet usage aura illustré un croisement du savoir-faire local laitier avec des influences culinaires venues du Moyen-Orient, ou encore de la péninsule ibérique.
Ce serait ensuite à la cour de l'émir de Palerme que les cuisiniers auront eu l'idée d'envelopper la préparation dans une pâte brisée et de la cuire au four. La ricotta et le sucre restent la base de la recette, tandis que l'enveloppe plutôt rustique laissera place à une pâte d'amande plus raffinée. On y ajoutera une génoise légère (pan di Spagna), le chocolat s'y greffera avec les Espagnols et la vanille apportera sa pointe de saveur douce à l'ensemble. Durant le XIVe siècle, le terme «cassata» sera défini expressément.
Le nom de la pâtisserie figure dans le «Declarus» d'Angelo Sinesio, premier abbé de San Martino delle Scale à Palerme. Ayant vécu de 1305 à 1386, il est en effet l'auteur du premier dictionnaire latin sicilien.
Histoire : La Sicile, terre d'influence arabo-normande
Des traces historiques du XVIe siècle montrent que la cassata a été aussi un incontournable de la table des fêtes pascales. La version qui se fonde sur l'introduction de la canne à sucre par les arabes en Sicile comme élément ayant permis de développer cette préparation suggère également le rôle de cet ingrédient dans l'évolution de nombreuses autres pâtisseries siciliennes.
Ainsi la cassata sera-t-elle façonnée et enrichie par les dynamiques commerciales, agricoles et maritimes, dans une région connue pour avoir été une plaque tournante de l'économie en Méditerranée. Cette mobilité définira le savoir-faire culinaire de l'île plus largement, chaque population venue ayant apporté son lot de pratiques, qui feront partie intégrante du terroir. Le nom de la cassata figuera encore dans le «Vocabulaire étymologique sicilien» de Michele Pasqualino, en 1785.
Cette pâtisserie y est définie comme une «sorte de gâteau à base de ricotta sucré, avec une enveloppe de pâte, également sucrée, de forme ronde». Vincenzo Mortillaro reprendra ces termes, dans son «Dictionnaire» de 1876.
Aujourd'hui considérés naturellement comme un élément indispensable à la cassata sicilienne, les fruits confits n'y auraient été incorporés qu'au cours de l'ère baroque, qui a marqué les années entre les XVIe et XVIIIe siècles.
Une transition de la cuisson à la préparation à froid
Retraçant cette évolution, l'auteur et historien britannique John Dickie fait savoir que «ce n'est qu'au XVIIIe siècle que la forme du dessert a pris une apparence similaire à celle d'aujourd'hui». Auteur de l'ouvrage «Con gusto, storia degli italiani a tavola» consacré à l'Histoire de la table italienne, le chercheur garde par ailleurs des réserves sur les origines arabes de la cassata, au vu des mentions grecques et romaines aux version basiques.
Incarnant pour autant une mille-feuille d'événements historiques, cette pâtisserie passera bien plus tard de la cuisson au four à la préparation à froid. Au cours du XIXe siècle à Palerme, ce sera le chef pâtissier Salvatore Gulì qui assurera cette transition.
Connu au Maroc sous une déclinaison aux influences andalouses, le «massepain» à base de pâte d'amande et de sucre prend la forme de «frutta martorana», dans sa version sicilienne. Il s'ajoutera aux ornements de la cassata, en plus de la «zuccata», la courge confite issue des cultures entretenues par les religieuses palermitaines.
La forme glacée et plus actuelle du dessert, telle que définie par Salvatore Gulì, est finalisée vers 1873. La version cuite au four existe toujours et continue à avoir des adeptes, la crème de ricotta et la pâte d'amande restant les bases unanimement indiscutables. Des variantes locales incluent des ingrédients spécifiques pour compléter la préparation, en fonction des usages propres à chaque région : pistache, liqueur, cannelle…
Il s'agit même du principe de cette recette, à la fois ancestrale et adaptée aux produits du terroir, selon leur disponibilité limitée ou à volonté.
Préparée en famille, dans les pâtisseries artisanales ou par les grands chefs étoilés, la cassata conserve ainsi ses subtilités locales en Sicile. Celles-ci la différencient à Palerme, au centre-nord, à Catane à l'est, à Noto et Syracuse dans le sud, ou encore à Trapani, dans l'ouest.
Depuis, le dessert s'est internationalisé, avec un glaçage aux couleurs chatoyantes repris en apparence dans d'autres gâteaux, combinant génoise, chocolat, crèmes et fruits confits, intégrés à la préparation ou à la décoration.
Article modifié le 24/12/2024 à 23h45


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.