Au fil des décennies, les billets de banque marocains ont reflété l'identité évolutive du pays, de l'agriculture et du rôle des femmes dans la population active à la célèbre Marche Verte. Chaque billet rend hommage à la riche culture et à l'artisanat du Maroc, célébrant tout, des monuments séculaires aux infrastructures modernes. Après son indépendance du protectorat français, le Maroc a repris son droit souverain d'émettre sa propre monnaie. Cette responsabilité a été confiée à une institution nationale nouvellement créée, Bank Al-Maghrib, officiellement établie le 1er juillet 1959. La même année, le Maroc a introduit sa nouvelle monnaie nationale : le dirham. Les premiers billets de banque émis sont ceux de 5 et 10 dirhams. Ils reflètent l'esprit d'une nouvelle ère, pour une nation qui aspire au développement et à l'édification d'un Etat fort et indépendant. L'agriculture pour construire le pays Les billets émis dans les années 1960 et 1970 racontent cette histoire. Un examen attentif révèle un accent clair sur l'agriculture et les industries connexes. Le verso du billet de 10 dirhams émis en 1970, par exemple, représente une ouvrière dans une usine de transformation et d'emballage d'oranges. Voilée, avec des manches retroussées, elle symbolise le rôle des femmes dans la main-d'œuvre. L'image est puissante pour son époque, soulignant le rôle des citoyennes comme celui des citoyens dans la construction de la nation. Le recto de ce même billet reste fidèle aux traditions durables du Maroc, représentant le roi Hassan II aux côtés d'une vue des jardins andalous, ceux des Oudayas, ainsi que la Kasbah des Oudayas et le Musée des arts marocains. Les oranges, symbole de l'agriculture marocaine, apparaissent sur d'autres billets de banque à travers l'histoire monétaire du pays. Un billet de 10 dirhams de 1960 présente des travailleurs récoltant ces fruits dans un champ animé, tandis que le recto est composé d'un portrait du roi Mohammed V, avec une vue de la mosquée Hassan à Rabat. Le rôle central de l'agriculture dans l'économie marocaine se reflète dans un autre billet de 1969. C'est celui de 5 dirhams, représentant le roi Mohammed V et une vue de la médina de Fès, avec un verso reprenant un champ de blé, du matériel agricole et un agriculteur debout. Celui-ci tient un bouquet de blé fraîchement récolté. Du champ à l'usine, un billet de 5 dirhams des années 1970 inclut un portrait du roi Hassan II et une scène de la Kasbah à Ksar Aït Benhaddou. En le retournant, on trouve une représentation d'une usine de transformation de légumes en activité. La Marche verte, un patrimoine et une identité Au-delà de l'agriculture et de la force du travail, les billets de cette époque reprennent des références culturelles et politiques plus larges. En 1987, le Maroc a émis un billet de 100 dirhams sur le thème du Sahara marocain, commémorant la Marche verte de 1975. Cette émission présente une reproduction d'une peinture de l'artiste marocain Ahmed Ben Yessef, avec une colombe volant au-dessus des marcheurs et portant un exemplaire du coran. D'autres billets de 1987 ont exploré des thèmes culturels, la beauté architecturale et l'identité régionale. Chaque nuance ramène à un élément spécifique du Maroc : le violet pour la ville, le vert pour la terre, le bleu pour la mer. Un billet de 10 dirhams de cette série représente le roi Hassan II, avec un arrière-plan montrant la zone des ablutions de la mosquée Qarawiyyin dans toute sa splendeur architecturale. Le verso rend hommage à la culture andalouse, avec un luth et une colonne de la madrasa Attarine à Fès, capitale spirituelle du Maroc. Un billet de 50 dirhams de la même période célèbre la tbourida. La traditionnelle fantasia est ornée d'épis de blé comme symboles de prospérité. Le recto affiche un portrait du roi Hassan II, aux côtés des kasbahs en terre distinctives du sud du Maroc. De l'étoile à la colombe, un livre ouvert et une goutte d'eau Ce souci d'honorer les artisans et les monuments du Maroc est un fil rouge, y compris dans la série d'émissions de 1996 et le billet de 20 dirhams. Celui-ci représente la mosquée Hassan II à Casablanca. Le billet brun-rouge inclut un portrait du roi Hassan II et une vue de la mosquée nouvellement construite. Le verso valorise la fontaine murale du lieu, mettant en avant son design distingué et son artisanat exceptionnel. Cet hommage a été repris même après l'accession du roi Mohammed VI au trône, à la fin des années 1990. Les billets émis en 2005 présentent des vues de Bab Chellah, des motifs de zellige et des ornements inspirés de l'agriculture marocaine. Un élément récurrent dans ces illustrations est l'étoile à cinq branches, emblème du Maroc et élément central de son drapeau, transformée au verso en formes symboliques. Sur le billet de 20 dirhams de 2005, par exemple, l'étoile se transforme en livre ouvert. La série de 2002 a également adopté ce symbolisme. Le billet de 50 dirhams, qui porte un portrait du roi Mohammed VI et une image du barrage Mohammed V, représente des bâtiments en terre (ksour) au verso, où l'étoile à cinq branches se transforme en goutte d'eau, symbolisant l'importance du barrage. Le billet de 100 dirhams de la même série présente un autre hommage à la Marche Verte, où l'étoile devient une colombe en vol. Le billet de 200 dirhams retient quant à lui le thème de la mer. L'étoile est réimaginée comme un coquillage, à côté d'une illustration d'une fenêtre de l'école théologique de la mosquée Hassan II et d'un phare. Les billets récents ont mis en valeur des monuments modernes, des infrastructures et des lieux spécifiques du Maroc. Celui de 20 dirhams émis en 2024 présente le Grand théâtre de Rabat, conçu par la célèbre architecte Zaha Hadid, ainsi qu'un stade national. D'autres exemples incluent le port de Tanger Med, représenté de manière proéminente sur un billet de 100 dirhams.