La signature des contrats d'hydrocarbures entre Alger et les géants américains ExxonMobil et Chevron marque un tournant dans la politique économique algérienne. Elle a été rendue possible grâce à la nouvelle loi minière, qui accorde désormais jusqu'à 80 % des parts aux investisseurs étrangers, reléguant la partie algérienne à seulement 20 %. Une véritable entorse à la sacro-sainte règle du 51-49, longtemps érigée en rempart de souveraineté nationale et symbole du protectionnisme dans les secteurs stratégiques. Cette réforme, aux implications économiques et politiques profondes, ouvre aux compagnies américaines l'accès aux vastes réserves de gaz algériennes, y compris le gaz de schiste, jusqu'ici considéré comme intouchable. Les contrats de concession, d'une durée de 30 ans et renouvelables, offrent aux multinationales une latitude sans précédent, allant jusqu'à la possibilité de transférer ou d'hypothéquer leurs droits. Ce changement radical a déclenché une levée de boucliers de certains partis d'opposition, qui dénoncent une soumission aux intérêts étrangers et un bradage des richesses nationales. Sahara : Face à la pression de Trump, l'Algérie offre 80% de ses mines aux sociétés US Mais au-delà de l'économie, c'est sur le terrain diplomatique que l'initiative algérienne prend tout son sens. Les démarches menées à Washington par l'ambassadeur Sabri Boukadoum, puis la rencontre de Tebboune avec des délégations de Chevron et Exxon à Alger, illustrent une volonté claire de séduire l'administration Trump. Alger espérait ainsi infléchir la position américaine sur le dossier du Sahara occidental, enjeu central de sa politique régionale. Or, cette concession majeure n'a pas porté ses fruits. A l'occasion de la Fête du Trône, le président américain a réaffirmé sans ambiguïté la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, consolidant l'appui historique apporté par Washington au plan d'autonomie du Maroc. L'Algérie se retrouve dès lors dans une posture paradoxale : avoir sacrifié une partie de son dogme économique pour tenter de rallier la Maison-Blanche à sa cause, sans obtenir l'infléchissement diplomatique escompté en retour.