Vingt-quatre heures après la fuite du projet du nouvel accord entre le Maroc et l'Union européenne, les alliés du Polisario montent au créneau pour le torpiller. Le projet de nouvel accord entre le Maroc et l'Union européenne, intégrant les produits du Sahara occidental, suscite la colère des alliés du Polisario au Parlement européen et à la Chambre des représentants en Espagne. L'eurodéputée espagnole Isabel Serra Sanchez, du groupe La Gauche, a adressé ce mardi 30 septembre une question écrite à la Commission européenne concernant l'«application provisoire du nouvel accord UE-Maroc au Sahara occidental, en contradiction avec les arrêts de la CJUE». La parlementaire de Podemos interroge la Commission sur les raisons de cette démarche, qu'elle perçoit comme une tentative d'«écarter» le Parlement européen du processus d'adoption de l'accord avec le Maroc. Elle souhaite également connaître le pourcentage de Sahraouis ayant bénéficié des «49 000 emplois supposés créés» par l'accord précédent avec le Maroc, chiffre mentionné dans l'introduction du projet d'accord. Isabel Serra Sanchez souligne que la «Commission européenne a négocié un nouvel accord incluant des produits provenant du territoire occupé, en contradiction avec dix arrêts consécutifs de la CJUE (Cour de Justice de l'Union européenne) et le principe d'autodétermination». Elle ajoute que «le nouvel accord a été négocié et paraphé en seulement cinq jours, ce qui suscite de sérieuses inquiétudes quant à sa transparence, sa crédibilité et le respect des décisions de justice». Sumar et ASAJA montent au créneau Cette initiative au Parlement européen a immédiatement reçu le soutien de la députée Tesh Sidi de Sumar, une composante de la majorité gouvernementale, qui a réagi le même jour que la question écrite d'Isabel Serra Sanchez. «Hier soir, nous avons appris que la Commission européenne, et en réalité l'Espagne, dirigeraient ces accords et défendraient Rabat pour qu'il y ait des accords d'association pour le pillage du territoire occupé du Sahara», a déclaré la parlementaire d'origine sahraouie. Sumar a déjà appelé le gouvernement espagnol à «négocier directement avec le Polisario pour conclure un accord de pêche». Une demande formulée le 12 septembre par le député Enrique Santiago, également sous la bannière de Sumar. Une organisation agricole espagnole a rejoint la mobilisation, lancée au niveau des Parlements européen et espagnol. L'Association des jeunes agriculteurs (ASAJA) a dénoncé dans un communiqué le projet d'accord Maroc-UE. «Nous mettons en garde contre le raccourci juridique emprunté par l'UE pour intégrer clandestinement des produits sahraouis dans l'accord avec le Maroc. Cela représente un préjudice direct aux producteurs espagnols, notamment de tomates et melons». Pour rappel, la CJUE avait demandé, dans un de ses arrêts du 4 octobre, à étiqueter ces produits comme originaires du Sahara et non du Maroc. ASAJA a invité les Vingt-sept à «voter contre l'accord» avec Rabat. Mercredi à 10 heures, les représentants des pays de l'UE (COREPER) examineront à Bruxelles le projet d'accord avec le Maroc. Officiellement, le Polisario reste silencieux sur ce sujet. Oubi Bouchraya, chargé de ce dossier, qui a présidé la semaine dernière à Bruxelles une réunion avec les membres du groupe de suivi des ressources naturelles, se contente de relayer sur les réseaux sociaux des articles de la presse espagnole et internationale traitant de cet accord.