Après son échec à défendre les positions du Polisario au Conseil de sécurité, l'Algérie tente de convaincre sur le plan médiatique interne. Son ministre des Affaires étrangères a estimé que son pays a «déjoué» les plans du Maroc, alors qu'Alger n'a pu convaincre aucun membre de voter contre la résolution. Lors d'une interview diffusée hier soir sur la chaîne d'information publique AL24 News, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a exposé la position de son pays sur la résolution 2797 du Conseil de sécurité concernant le Sahara. Le chef de la diplomatie algérienne s'est félicité du fait que le Maroc n'a pas réussi à mettre fin au mandat de la MINURSO ni à enterrer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. «Le plan d'autonomie marocain n'est plus considéré comme le cadre exclusif pour résoudre le conflit». Une affirmation étonnante, alors que dans un rare moment de franchise, le représentant permanent de l'Algérie auprès de l'ONU a reconnu vendredi que le Conseil de sécurité n'a pas accordé d'importance à la proposition du Polisario. Le ministre a continué sur un ton satisfait : «La MINURSO, que le Maroc souhaitait démanteler ou transformer, a vu son mandat prolongé d'une année.» Attaf a renouvelé ses critiques à l'encontre de la proposition marocaine de 2007. «Le plan d'autonomie marocain, je l'ai ici devant moi : à peine quatre pages, très légères, et un simple paragraphe. Cela ne peut pas être appelé un "plan". Il ne contient aucun contenu politique ni juridique. Ce ne sont que des déclarations de principe et des intentions», a-t-il déclaré. «Ce document a été transmis aux 193 Etats membres des Nations unies, à l'exception des principaux concernés : le peuple sahraoui. Aucun des quatre envoyés personnels du Secrétaire général de l'ONU ne l'a jugé suffisamment sérieux pour le soumettre à discussion.» Attaf admet les échecs de l'Algérie Bien qu'il se soit gargarisé de «l'échec» du Maroc, Attaf a reconnu que l'Algérie n'a pas réussi à faire supprimer, du texte de la résolution 2797, toute référence à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. «À la veille du vote, nous avons demandé que la mention de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental soit retirée du préambule de la résolution. Si cela avait été fait, l'Algérie aurait pu voter en faveur du plan américain», a-t-il reconnu. Or, dans le préambule de la résolution, le Conseil de sécurité note le soutien exprimé par de nombreux Etats membres en faveur du plan d'autonomie proposé par le Maroc, présenté le 11 avril 2007 au Secrétaire général comme une base pour un règlement juste, durable et mutuellement acceptable du différend, affirmant qu'une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait être une solution des plus réalistes. Pour autant, le ministre algérien s'est dit globalement satisfait du travail accompli par son département ces dernières semaines au Conseil de sécurité. «Nous avons pu déjouer ce stratagème du Maroc, qui voulait restreindre le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui au seul cadre du plan d'autonomie. Cela n'a pu se faire grâce à la mobilisation et à la vigilance de la communauté internationale», a-t-il souligné. Cependant, cette déclaration d'Ahmed Attaf, principalement destinée à l'audience algérienne et à préserver sa position, ne saurait masquer la réalité des faits. Le Conseil de sécurité «attend avec intérêt de recevoir les propositions constructives des parties concernant le plan d'autonomie» proposé par le Maroc ; la proposition du Polisario n'ayant même pas été évoquée. L'Algérie est directement concernée par cet aspect, et doit également, comme l'exige l'instance exécutive de l'ONU, «participer aux discussions sans conditions préalables et sur la base du plan d'autonomie proposé par le Maroc afin de parvenir à une solution politique définitive et mutuellement acceptable qui assure l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, considérant qu'une véritable autonomie pourrait représenter une solution des plus réalistes».