Dans le cadre du 22e Festival international du film de Marrakech (du 28 novembre au 6 décembre), la huitième édition des Ateliers de l'Atlas s'est clôturée ce jeudi, avec la remise des prix à huit des 28 projets sélectionnés, pour une enveloppe globale de près de 1,2 MDH. Si cette aide du programme industrie contribuera à ce que nombre de longs-métrages voient le jour, la synergie née de l'initiative reste aussi un élément clé pour la réussite des jeunes talents La huitième édition des Ateliers de l'Atlas s'est déroulée du 30 novembre au 4 décembre, dans le cadre du FIFM 2025. Le programme industrie du Festival international du film de Marrakech s'est clôturé, ce jeudi, avec l'attribution de huit prix pour une dotation globale de 120 000 euros (près de 1 200 000 DH). Cette aide contribuera considérablement à permettre aux projets primés d'avancer dans leurs phases de développement. Le jury des prix Atlas à la postproduction a récompensé les films «Don't let the sun go up on me» d'Asmae El Moudir (Maroc) de 20 000€, «La más dulce» de Laïla Marrakchi (Maroc) de 20 000€, «Goma enough is enough» d'Elisé Sawasawa (RDC) de 10 000€ et «Safe exit» de Mohammed Hammad (Egypte) de 10 000€. Pour sa part, le jury des quatre prix Atlas au développement a récompensé les projets «Chapa 100» d'Ique Langa (Mozambique) avec le prix doté de 30 000 €, «Les dieux délinquants» de Boubacar Sangaré (Burkina Faso) avec le prix doté de 20 000 €, «A childhood» de Scandar Copti (Palestine) et «Vanda» de Kamy Lara (Angola) avec les prix dotés de 5 000€ chacun. Les prix remis clôturent ainsi une édition qui a réuni 350 professionnels internationaux autour d'une sélection de 28 projets et films, portés par de jeunes cinéastes marocains, arabes et africains. Dans le détail, il s'agit de 17 projets en développement et de 11 films en tournage ou en postproduction issus de 12 pays, ainsi que de 11 participants à Atlas Station et des professionnels marocains. En tout, plus de 185 sessions ont été organisées cette année, dont 90 consultations individuelles, font savoir les organisateurs. Le Marché de coproduction des Ateliers de l'Atlas a quant à lui tenu plus de 525 rendez-vous individuels avec les réalisateurs et producteurs sélectionnés, un record depuis la création des Ateliers. Rémi Bonhomme, directeur artistique du FIFM et des Ateliers de l'Atlas / Ph. FIFM Une synergie qui fait éclore des projets En immersion dans les journées de ce programme industrie, la dynamique laisse voir des projets de longs-métrages soucieux d'être au plus près des préoccupations de leurs auteurs, à partir de l'environnement social local. Dans cette pépinière à projets, ces opus en gestation constituent sans doute une palette du cinéma de demain, lorsqu'on sait que nombre de films ayant vu le jour depuis leur développement dans le cadre des Ateliers de l'Atlas ont connu un franc succès régional, voire international. Développé au sein des Ateliers de l'Atlas, le film documentaire «The Mother of All Lies» de la réalisatrice marocaine Asmae El Moudir témoigne bien de la qualité de ce processus, qui a donné à l'opus les atouts cinématographiques pour décrocher l'Etoile d'or du FIFM 2023 et plusieurs prix internationaux, dans différents festivals prestigieux. Témoin également de l'importance grandissante du programme industrie, le dernier long-métrage de fiction du réalisateur égyptien Marwan Hamed «El Sett» a fait sensation, en première mondiale lors de ce FIFM 2025, après avoir été montré en phase de développement durant la septième édition des Ateliers. Parmi les participants de l'intérieur des Ateliers de l'Atlas 2025, Yemoh Ike est venu soutenir le projet du film ghanéen «Vagabonds», réalisé par Amartei Armar. «Nous travaillons sur ce film depuis 2017. Nous avons commencé par un court-métrage que nous avons sorti en 2018. Il a remporté plusieurs prix et nous avons ensuite décidé de le développer en long-métrage», a déclaré le producteur à Yabiladi. Collaboration franco-ghanéenne, le film traite du phénomène des enfants de rue dans le pays et de la complexité d'une problématique sociale ancrée dans la réalité. «Nous pensons que ce travail appellera mes concitoyens à plus d'empathie envers ces enfants que nous voyons réellement grandir, au fur et à mesure du tournage, vu le temps que le projet a pris. Chacun d'eux a une histoire qui pourrait être la nôtre», nous dit le producteur. Représentatifs des réels et des imaginaires de divers pays, ces Ateliers de l'Atlas incluent également plusieurs projets portés par des réalisateurs et des producteurs marocains d'ici ou résidant à l'étranger. Parmi eux, le cinéaste franco-marocain Ayoub Layoussifi et la réalisatrice belgo-marocaine Zahoua Raji proposent «Le Tangérois», le premier long-métrage qu'ils cosignent. Ayoub Layoussifi aux Ateliers de l'Atlas 2025 / Ph. FIFM «L'histoire est celle d'Hassan, dans la soixantaine. C'est un ancien toxicomane qui a été sous l'emprise de la drogue pendant plus de vingt ans. Après une overdose, il se retrouve en prison et, à sa sortie, il est déterminé à se racheter. Tout tourne autour de la quête de rédemption du père qu'il est», déclare Zahoua Raji à Yabiladi. Pour Ayoub Layoussifi, les Ateliers de l'Atlas, «ne sont pas seulement une vitrine, mais aussi et même l'essence de ce long-métrage qui prend forme ici». «Nous sommes conscients que le fait d'être déjà sélectionnés est un gage de crédibilité, de sérieux et de profondeur du pitch. C'est aussi une visibilité internationale pour nous, surtout à ce stade de développement. Nous sommes encore à la première version du scénario et nous sommes reconnaissants envers cet accompagnement.» Ayoub Layoussifi, acteur et réalisateur (Maroc - France) Un accompagnement personnalisé en fonction des projets Actrice, réalisatrice et scénariste libanaise, Mounia Akl porte également l'un des 28 projets sélectionnés cette année aux Ateliers de l'Atlas. Il s'agit de «Hold me if you want», son deuxième long-métrage en développement. «Avec mes productrices, Sophie Erbs et Myriam Sassine, nous présentons le pitch et nous rencontrons des professionnels. Je participe aussi au FIFM 2025 en tant qu'actrice principale du film «Un monde fragile et merveilleux» de Cyril Aris, projeté dans la section Horizon, le 6 décembre», nous déclare la cinéaste. Dans son film en développement, Mounia Akl raconte l'histoire d'une Libanaise qui a perdu sa mère dans l'explosion du 4 août 2020 à Beyrouth. Elle «tente de refouler toute la souffrance qu'elle a endurée et de mener une vie aussi normale que possible, comme tant d'autres Libanais qui vivent en en dissociation constante, quitte à préparer son mariage dans ces circonstances». Mais à la tombée de la nuit, la protagoniste est rattrapée par ses traumatismes qui lui provoquent des épisodes de terreurs nocturnes. En séjour psychiatrique, elle apprend à comprendre tous ses démons enfouis. Mounia Akl, qui développe son scénario déjà écrit, trouve que «Ateliers de l'Atlas sont un cadre idéal pour un projet comme le [sien], qui est accompagné ici de manière aussi professionnelle que bienveillante». Elle estime même que cette dynamique tombe à point nommé. Ph. FIFM «Je suis au moment le plus difficile du développement et je retrouve ici le mentoring approprié. Je rencontre aussi des membres de l'industrie qui me seront d'une grande aide pour les prochaines étapes du travail. Des amitiés se créent avec les autres réalisateurs et d'autres projets pourront naître de là.» Mounia Akl, actrice et réalisatrice (Liban) C'est également cet environnement professionnel, créatif et sain qui a attiré le scénariste égyptien Jad Chahine vers les Ateliers de l'Atlas. «C'est pour la première fois que je suis ici dans le cadre du FIFM et du programme industrie, mais si j'ai décidé d'y proposer mon projet de film, c'est aussi parce que j'ai vu les synergies autour des longs-métrages issus des éditions passées et j'en ai constaté l'impact. Je vois aussi comment les gens en parlent et je suis content d'avoir été sélectionné», nous dit-il. «Peu importe que l'on soit parmi les gagnants ou simplement parmi les sélectionnés, tous les projets reçoivent un soutien et une attention particulière. C'est pourquoi, je trouve que les Ateliers de l'Atlas sont l'endroit idéal. Ici, l'objectif est aussi de connaître les gens, de créer un réseau professionnel et d'échanger sur la situation de l'industrie pour mieux comprendre les contraintes et le potentiel. Tout cela compte beaucoup pour un réalisateur, un producteur ou un scénariste qui veut faire aboutir un pitch.» Jad Chahine - scénariste (Egypte) Des récits qui racontent les maux des sociétés Le réalisateur roumain Cristian Mungiu s'en félicite. Parrain de cette édition des Ateliers de l'Atlas, le grand cinéaste s'est confié à Yabiladi sur les projets sélectionnés, dans lesquels il dit trouver «une sorte d'innocence, de fraîcheur, d'originalité qui accompagne parfois le projet d'un cinéaste à son premier ou deuxième long-métrage». Cristian Mungiu, parrain de la huitième édition des Ateliers de l'Atlas / Ph. FIFM «J'ai retrouvé aussi dans ces projets une certaine bonne volonté d'être, de faire un sorte de cinéma pur et dur avec des histoires vraiment fortes et très personnelles, rattachées à chaque société à laquelle appartient le porteur de projet.» Cristian Mungiu - parrain des Ateliers de l'Atlas 2025 Saluant la capacité du septième art à exprimer les maux du monde, le parrain de l'édition nous dit également que «beaucoup d'histoire reflètent également des vécus personnels ou collectifs douloureux, où le point de vue des artistes est important». Pour Cristian Mungiu, il s'agit d'une expression artistiques à même de «comprendre l'autre et de mettre les gens ensemble». Article modifié le 05/12/2025 à 09h34