Depuis quelques mois, les Marocains appréhendent une éventuelle hausse des prix du pain. Elle n'aura pas lieu à condition que le gouvernement réponde favorablement aux revendications des professionnels. Ces derniers ne demandent pas de nouvelles subventions mais juste l'application du contrat programme signé en 2011 avec l'équipe de Abbas El Fassi. Mercredi, le siège de la primature a abrité une réunion que les professionnels du pain attendaient depuis des mois. Pendant plus de trois heures et demie, le chef du gouvernement flanqué de son inséparable ministre d'Etat, Abdellah Baha, et de Driss Azami, au Budget, a écouté les revendications du secteur. Ont pris part également à cette séance «le secrétaire général du ministère des Affaires générales (la tutelle des prix) et des représentants de l'Intérieur, Finances et Emploi», nous confie Lhoucine Zaz, le président de la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie au Maroc. «Le dialogue était responsable et s'est déroulé dans de bonne conditions», a-t-il ajouté. Il n'y aura pas de hausse des prix du pain «A aucun moment, nous avons demandé l'augmentation du prix du pain dans les boulangeries», martèle Zaz. «En revanche, nous avons revendiqué la mise en application du contrat-programme 2011-2015 signé avec le gouvernement Abbas El Fassi. C'est une véritable feuille route pour la stabilité des prix. Nous ne nous sollicitons pas de subventions, ce temps est bien révolu. Mais juste de bénéficier, à titre d'exemple, de la réduction des prix de l'électricité comme c'est le cas pour les sociétés industrielles, ou encore de certains abattements fiscaux pour certains professionnels. Une boulangerie dont la vente du pain constitue 90% de son chiffre d'affaire ne peut en aucun cas être mise sur le même niveau avec les autres qui vendent toute sorte de pâtisseries», explique notre interlocuteur. Benkirane joue la montre Il y a des recettes qui marchent toujours. Mieux, elles se bonifient avec le temps. Le chef de gouvernement est conscient de cette réalité. Comme il avait fait avec les professionnels du transport, au lendemain de la hausse des carburants du 1er juin 2012, et après trois heures et demie de palabres, Benkirane a demandé aux seize représentants de la fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie au Maroc de lui «accorder davantage du temps en attendant la formation du prochain gouvernement», indique Lhoucine Zaz, le président de la FNBPM. Le PJDiste, passé maître en l'art du renvoie aux calendes grecques, a aussitôt constitué une sous-commission, confiant sa présidence à Zaz, pour le suivi de la séance de travail du mercredi. Avec les transporteurs, le chef de gouvernement les avait incités à déposer au Secrétariat du gouvernement une sorte de mémorandum qui résume les propositions de chaque association professionnelle. Aucune date pour une prochaine rencontre, entre Benkirane et la FNBPM, n'a été fixée.