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Le Maroc et la Turquie s'immiscent de plus en plus dans l'Islam en France
Publié dans Yabiladi le 02 - 01 - 2014

Le degré d'intervention du Maroc dans l'Islam en France va en augmentant. Jonathan Laurence, professeur au Boston College et chercheur à la Brookings Institution, est revenu, lors d'un colloque tenu en novembre dernier, sur les «nouvelles formes de coopération, plus ou moins assumées, entre la France et le Maroc et la Turquie». Laurence, qui travaille entre autres sur les relations entre l'Etat et l'Islam en Turquie, en Afrique du nord et en Europe occidentale, pense que la donne a aujourd'hui changé. Il y a, selon lui, une «transformation de l'offre religieuse des pays d'origine et une acceptation de ce rôle par l'Etat français». Explications.
Même si l'Islam est souvent pointé du doigt en France et que les actes anti musulmans sont devenus monnaie courante, l'influence de la religion musulmane ne peut aujourd'hui être ignorée. Le niveau d'«intervention» du Maroc dans l'Islam en France est monté crescendo ces dernières années à tel point que l'Etat français assume de plus en plus cet état de fait. A en croire Jonathan Laurence, professeur au Boston College et chercheur à la Brookings Institution, repris par le blog Paris Planète, il y a actuellement «une transformation de l'offre religieuse des pays d'origine», et «une acceptation de ce rôle par l'Etat français».
Pour preuve, Laurence s'appuie sur des éléments concrets, notamment l'inauguration, le 27 septembre dernier, de la grande mosquée de Strasbourg en présence de Manuel Valls, ministre de l'Intérieur et des Cultes, et d'Ahmed Toufik, ministre marocain des Habous et des Affaires religieuses. En outre, la fédération européenne de mosquées liée à la Turquie (Ditib), ouvrira à la rentrée 2014, à Strasbourg, une «faculté libre de théologie islamique» pour former en France ses cadres religieux, ainsi qu'un lycée confessionnel. L'initiative a reçu le soutien du Diyanet, l'Autorité des affaires religieuses turques, directement rattaché au cabinet du Premier ministre.
Ces faits confortent Laurence dans ses opinions. L'influence de l'Islam est «désirable» en France. Pour le professeur, cela est dû au «double mouvement, dans les pays d'origine des migrants et dans les pays d'accueil». Il ne s'agit pas, à l'entendre, d'une opposition à la création d'un islam de France ou encore à la fin du rêve d'un islam français et l'enterrement du Conseil français du culte musulman. Loin de là.
Le Maroc et la Turquie en bons ambassadeurs de l'Islam
Le Maroc et la Turquie se sont lancés dans des initiatives pour renforcer l'Islam en Europe, particulièrement en France afin d'en faire profiter leurs immigrés. «Pour des raisons sécuritaires, culturelles et politiques, on est ainsi entré dans une nouvelle ère de concurrence», explique Laurence. Le Maroc dispose par exemple d'un «un conseil des oulémas marocains en Europe» parmi ses différentes instances.
Pour sa part, la Turquie n'est pas en reste. Elle a notamment débloqué 15 millions d'euros pour le nouvel établissement d'enseignement à Strasbourg. Elle paie également le salaire de deux professeurs de théologie islamique à l'université de Francfort, et a créé, à Tübingen, une faculté de théologie indépendante. Mieux, Ankara a même lancé des cursus de formation religieuse en direction des diplômés Turco-Allemands des lycées allemands.
Eviter l'immixtion des acteurs religieux dans la politique
Même s'il est considéré comme un «instrument de pouvoir en politique intérieure, et comme un vecteur d'influence à l'étranger», l'Islam d'Etat peut aussi avoir une influence extérieure et soutenir un pouvoir politique. Par le passé, «le Diyanet a accompagné voire précédé la progression turque en Asie centrale après la chute de l'URSS», souligne Laurence. «Au Maroc, l'islam malékite est présent en Afrique subsaharienne, face à d'autres écoles et réseaux musulmans, et le royaume a décidé de former 500 imams maliens », ajoute-t-il.
Toutefois, l'autre cheval de bataille de ces pays consiste à limiter l'influence de la religion sur le milieu politique. «Le contrôle de la prière publique et de l'éducation religieuse par l'Etat fait partie d'un processus d'homogénéisation de son autorité». L'Etat «veut en conserver le monopole pour priver les acteurs religieux d'un rôle politique», explique le chercheur.
De beaux jours pour l'Islam officiel malgré les printemps arabes
Un autre fait marquant est aussi à signaler : les événements qu'ont vécus plusieurs pays arabes n'ont pas réduit la présence de l'islam officiel dans ces pays. Selon Laurence, «les printemps arabes ne signifient d'ailleurs pas la fin de l'islam officiel et répressif». A l'en croire, «en Turquie, au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Egypte, les gouvernements n'ont aucune intention de se désinvestir du religieux». Contrairement à ce que l'on peut penser, l'appareil étatique surplombant les structures religieuses a été renforcé partout, sans exception, notamment les ministères de l'Education et des Affaires religieuses.
«L'Etat est jaloux de ses prérogatives», explique-t-il, donnant l'exemple du Maroc où le budget du ministère des Habous est équivalent à celui du Makhzen. En Turquie, le budget annuel du Diyanet, qui emploie et paie 140 000 fonctionnaires religieux, a été porté à 5 milliards d'euros de plus. «On n'a donc pas affaire à des libéraux qui voudraient réduire le rôle de l'Etat», précise le spécialiste.
La découverte des cellules d'Al Qaida en Europe a changé la donne
«5 à 10 % de la population marocaine vit hors du pays». D'après Laurence, ces populations sont restées invisibles aux Etats européens et aux Etats d'origine pendant longtemps, ne nécessitant pas de traitement particulier. Sauf que, le changement est intervenu lorsqu'il a été découvert que ces minorités étaient ciblées par des réseaux islamistes. Pour lui, «la découverte que des cellules d'Al Qaïda qui se développaient dans les sociétés européennes a été prise comme une gifle par les pays d'origine et par les pays d'accueil». C'était la mauvaise surprise qui signifiait «un manque de contrôle des communautés concernées».
«Le Maroc a été consterné de voir des Marocains d'origine impliqués dans les attentats de Madrid, d'Amsterdam et de … Casablanca», rappelle-t-il. Des Turcs allemands ont participé à l'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Ankara. Rabat a constaté que les Saoudiens engageaient en Europe plus d'imams marocains formés à leur manière que le royaume du Maroc». C'est ainsi qu'est apparue la nécessité de contrer les idéologies qui menaçaient les pays d'accueil, mais aussi les pays d'origine», souligne-t-il.
Quelle fin ?
Cette nouvelle percée de la religion musulmane sous "l'aval" de l'Etat français peut être le début d'un changement profitable aux pays d'accueil et d'origine. «Cela va produire une transformation lente, inévitable, mais aussi utile et productive, de l'expérience d'un islam minoritaire en Europe», indique Laurence. «La volonté des pays d'origine d'augmenter leur contrôle sur la diaspora les pousse à augmenter leurs activités au delà de leurs frontières quantitativement mais aussi qualitativement. Cela les conduit à professionnaliser leur personnel».
Les temps ont changé. L'Islam peut s'exporter d'une autre manière en Europe. «Il est fini le temps d'une exportation pure et simple de l'islam local vers l'Europe», selon le professeur. Les pays d'origine n'hésitent pas à employer la formule qu'ils jugent adéquate. «Les Etats d'origine font notamment appel à d'anciens expatriés ayant vécu en Europe et qui intègre les ministères de leurs pays d'origine avec une connaissance profonde des sociétés sécularisées européennes», indique-t-il.


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