Nouveau rebondissement dans l'affaire de la femme intégralement voilée à Trappes. Ce mercredi, le tribunal de Versailles a condamné Cassandra Belin à un mois de prison avec sursis et une amende. La cour a également estimé que sa question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur l'interdiction du voile intégral est irrecevable. Mais pour l'avocat de la jeune musulmane, le combat contre cette interdiction doit se poursuivre. Détails. Décidemment l'histoire de la femme intégralement voilée à Trappes, dans les Yvelines, est une affaire à rebondissements. Après quelques semaines d'accalmie, le tribunal de Versailles a décidé de condamner Cassandra Belin à un mois de prison avec sursis pour avoir «insulté et menacé» des policiers. Une peine plus sévère que les réquisitions, rapporte Metronews. Mme Belin, musulmane de 20 ans convertie, à qui le mari Michaël Khiri, avait déjà été condamné à trois mois de prison avec sursis dans cette affaire, devra aussi s'acquitter d'une amende de 150 euros. Le tribunal regrette l'absence de la mise en cause à son procès Selon la cour, la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur l'interdiction du voile intégral est irrecevable. Cette décision avait été prise, le 11 décembre dernier, lors du procès. Le tribunal mettait ainsi en cause la loi du 11 octobre 2010 interdisant le port du voile intégral, faisant valoir que ce texte avait déjà été jugé conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel. Cassandra Belin pourrait toutefois regretter de ne pas s'être présentée au procès. C'est ce qu'a fait comprendre la présidente du tribunal correctionnel, Florence Perret, qui déplore dans son délibéré le fait qu'«une discussion ne se soit pas engagée». Selon Perret, si Mme Belin s'était présentée au procès, elle aurait pu accepter un «stage de citoyenneté (...) plus à même de rappeler les valeurs de la société» qu'une amende. «Elle ne veut pas être perçue à tort comme le symbole d'une supposée islamisation rampante», avait expliqué son avocat au sujet de cette absence. Condamnation polémique Cette condamnation n'a en tout cas pas fini de faire parler. Même s'il juge cette peine «pas extrêmement sévère», l'avocat de la jeune femme, Philippe Bataille entend poursuivre «le combat» qu'il mène contre l'interdiction du port du voile. Une mesure qu'il considère liberticide et discriminatoire à l'égard des musulmanes. «Je ne baisse pas les bras», a-t-il fait savoir sur Libération, ajoutant qu'il s'accorde un «délai de réflexion» avant de faire appel. «Peut-être qu'à l'avenir, les policiers qui voudront contrôler les femmes entièrement voilées s'y reprendront à deux fois, en raison des difficultés que cela suscite», a-t-il prévenu. Pour sa part, Me Thibault de Montbrial, l'avocat des trois policiers estime que cette condamnation est «une décision ferme et une bonne décision». «On ne peut pas tolérer des dérogations à la loi de la République», s'est-il insurgé. Enfin, du côté de la police, la peine infligée à Cassandra semble très clémente. Elle a été jugée «insuffisante» par Thierry Mazé, secrétaire du syndicat de policiers Alliance pour la grande couronne parisienne. Pour ce dernier, «des fonctionnaires peuvent être insultés sur la voie publique en tout impunité».