Alors que le Proche-Orient retient son souffle dans l'attente de la pérennisation de la trêve entre Israël et l'Iran, le monde occidental doit désormais, selon The Telegraph, se préparer à subir l'inévitable réaction iranienne après «un mois d'humiliation» infligé par l'Etat hébreu et les Etats-Unis. Dans une tribune publiée par le quotidien britannique, Robert Clark, chercheur au sein de l'Institut Yorktown à Washington et ancien officier de l'armée britannique, estime que les options de Téhéran pour exercer des représailles se sont considérablement rétrécies, une grande partie de ses moyens militaires conventionnels ayant été «anéantis par les frappes israéliennes récentes», notamment «la plupart de ses stocks de missiles balistiques interceptés dans le ciel israélien». Des relais irréguliers pour suppléer un appareil militaire affaibli Privé de son arsenal classique, l'Iran s'appuierait désormais, selon M. Clark, sur «ses capacités non conventionnelles», à savoir «ses mandataires disséminés à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord». Parmi ces forces supplétives, le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen demeurent affaiblis, mais «les Houthis, en particulier, peuvent aisément être redéployés sous contrôle tactique iranien pour menacer à nouveau les voies maritimes de la mer Rouge». Cette manœuvre pourrait, avertit-il, «provoquer des soubresauts sur les marchés financiers et engendrer une instabilité planétaire». Toutefois, ajoute M. Clark, les dirigeants iraniens pourraient se montrer plus circonspects, car «ils ne sauraient contrarier leur partenaire en devenir, la Chine, qui importe plus de 45 % de son pétrole via ces eaux». Il juge toutefois plus plausible que l'Iran «fasse appel à de nouvelles forces par procuration», ou à des groupes «n'ayant pas encore acquis la même notoriété internationale que les milices chiites d'Irak». Et parmi ces forces émergentes, «un groupe en particulier se distingue par la vitesse avec laquelle il sème l'instabilité et la terreur en Afrique du Nord : le Front Polisario». Un axe idéologique de Gaza à Tindouf, sous tutelle iranienne Décrit par M. Clark comme «une milice marxiste soutenue par l'Iran et le Hezbollah», le Polisario serait «une organisation terroriste lançant des attaques contre le Maroc au nom d'une prétendue lutte pour la libération du territoire disputé du Sahara occidental». Ce territoire, administré par le Maroc depuis un cessez-le-feu sous mandat onusien en 1991, bénéficie du soutien explicite des Etats-Unis, de la France et, depuis peu, du Royaume-Uni. M. Clark rappelle que le chef du Polisario «a salué l'attaque terroriste menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023» et manifeste «une solidarité idéologique explicite avec l'axe de résistance iranien», qu'il imagine «comme un front unifié allant de l'Iran et du Golan jusqu'à Gaza et au Sahara occidental». Selon lui, «le régime iranien arme le Polisario depuis plusieurs années avec des missiles et des roquettes». La semaine dernière, «ce matériel a été utilisé pour attaquer des civils à proximité d'un camp des Nations unies au Maroc». Une cible déclarée pour la vengeance iranienne Toujours selon M. Clark, «des projets d'attaque contre le bureau de liaison israélien à Rabat ont été déjoués», et il ne serait «pas exagéré d'imaginer que des intérêts britanniques dans la région puissent, eux aussi, faire l'objet de complots terroristes, tant le Polisario s'enfonce dans une alliance violente avec l'Iran et ses autres relais». Le Royaume-Uni, précise-t-il, n'échappe plus à la vindicte des dirigeants iraniens : «le Royaume-Uni est désormais dans le viseur des ayatollahs iraniens», affirme-t-il, tout en soulignant que Londres «a été contrainte de rester spectatrice de cette guerre, du fait de la méfiance croissante de Washington et de Tel-Aviv». Pour M. Clark, «l'heure est venue pour l'Occident de rompre avec l'inaction». Il rappelle qu'à Washington, «des législateurs issus des deux partis ont récemment agi pour faire inscrire le Front Polisario sur la liste des organisations terroristes», et il appelle le Royaume-Uni à adopter la même ligne. «Ayant exprimé son appui au plan marocain d'autonomie pour le Sahara occidental, le Royaume-Uni se doit de soutenir son allié marocain, son partenaire américain et ses propres intérêts en matière de sécurité, en proscrivant le Front Polisario comme entité terroriste», conclut-il.