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Paris : « L'engagement des intellectuels marocains » en débat
Publié dans Yabiladi le 02 - 04 - 2014

L'Association Autre Maroc, le Mouvement Anfass démocratique et la médiathèque Cedidelp ont rassemblé une quarantaine de personnes pour échanger avec les deux co-auteurs de l'ouvrage «Le métier d'intellectuel», Driss Ksikes et Fadma Aït Mous, et en présence de l'éditrice «En toutes les lettres», Kenza Sefrioui. La rencontre-débat fut une occasion pour approcher la question de l'engagement socio-politique des intellectuels au Maroc.
Kenza Sefrioui, Fadma Aït Mouss et Driss Ksikes, Centre International des Cultures populaires à Paris, lundi 24 mars 214 / DR
L'ouvrage débattu nous offre 15 dialogues avec des intellectuels marocains, hommes et femmes : Abdallah Laroui, Hassan Rachik, Abdelfatah Kilito, Fatéma Mernissi, Abdessalam Benabdelali, Abdelahad Sebti, Halima Ferhat, Abdellah Saaf, etc. Ces 15 dialogues portent un regard sur la société marocaine, son histoire, et son présent tout en situant la production intellectuelle dans un processus individuel (éléments biographiques des auteurs) et collectif (l'histoire politique contemporaine du Maroc). Deux grands thèmes ponctuent le livre : les relations au pouvoir intitulé «héritage humaniste» et les questions de société, intitulé «modernité à l'œuvre». La production d'écrits scientifiques et la reconnaissance des travaux dans un cadre universitaire est un des principaux critères retenus pour sélectionner cet échantillon selon Driss Ksikes.
Le mouvement du 20 février, l'orphelin des intellectuels ?
A l'heure où des mécontentements et des indigences se sont transformés en contestations, en colère, quelle place a l'intellectuel dans la société marocaine ? Depuis la fin des années 1990, les universités, les ouvrages, les revues ont été décimés. Même s'il n'y a pas d'idéal-type de l'intellectuel, comment peut-on expliquer l'absence de position, d'implication dans les mouvements sociaux actuels de la plupart des intellectuels ? Leur silence a été une tendance générale. Est-ce une arme ou un repli sur soi sans une once de révolte ?
Cette situation reflète plus largement une société corrompue qui rend difficile l'indépendance des structures et des personnalités. L'absence d'indépendance des intellectuels n'est-elle pas la raison pour laquelle le retrait est plus constructif que la prise de position dans la scène publique actuelle au Maroc ? Ces questions ont été abordées avec beaucoup de relativisme puisqu'il ne s'agit pas d'apporter des confirmations, mais de comprendre la situation, de formuler des hypothèses à partir de l'observation et de l'échange constructif.
Une chose est sûre, au moins chez les co-auteurs de l'ouvrage. L'absence de lieu d'intermédiation est criant. Il existe très peu d'espaces dans lesquels il est possible de produire, de transmettre du savoir, de confronter les savoirs sans être étouffer ou récupérer par des espaces hégémoniques. Dans la présentation, l'ouvrage cite le Cercle d'Analyse Politique de la Fondation Abderrahim Bouabid comme étant un des rares espaces où la production scientifique s'est réalisée de façon autonome lors des dernières années. Encore faut-il le souligner comme l'avait mentionné le sociologue français Pierre Bourdieu : les savoirs ont besoin d'autonomie pour exister. Cette autonomie, lui, l'appelle «un champ». Une société des «champs», où le scientifique, l'artistique, le politique, l'administratif, le religieux, etc. soient autonomes, est une société où la production des savoirs, la citoyenneté, la démocratie, l'évolution technique, le débat pluriel sont assurés.
Or, une institution scientifique et académique autonome, ne signifie-t-elle pas «le désengagement» total de l'intellectuel ? Ici, le théoricien de la «New Left» britannique, reprenant Antonio Gramsci nous répond élégamment : L'intellectuel organique a deux missions, la première consiste à «remettre en cause les idéologies modernes» responsables des hégémonies ; la deuxième appelle à «prendre en charge l'éducation populaire» (Stuart Hall, identités et cultures. Politiques des Cultural Studies, Ed. Amsterdam, 2008, Paris. P. 79). Ceci dit, il s'agit d'être à la pointe du savoir scientifique (chose qui nécessite un champ scientifique autonome) et un engagement auprès des groupes sociaux subissant les dominations. Il est également du rôle des acteurs des mouvements sociaux de rapprocher leurs dynamiques des espaces de la production scientifique et d'intégrer la dimension culturelle davantage dans leurs luttes.
Relancer les travaux des intellectuels
Les militants de l'Association Autre Maroc, Anfass et Cedidelp présents dans la salle, ont insisté sur le fait que l'intellectuel marocain est appelé au moins à soutenir les dynamiques citoyennes émergentes dans un Maroc connaissant un éveil de la critique sociale et du processus protestataire depuis 2011. L'accompagnement des intellectuels peut à la fois légitimer le mouvement, le doter des outils d'une analyse ouverte et profonde de la société et l'éclairer dans sa pratique et son action revendicative pour une société de justice sociale et pour une meilleure connexion avec les enjeux de la lutte globale pour un monde de justice globale.
Les dialogues avec les 15 auteurs sont d'une richesse extrême. C'est toute une génération de grands penseurs marocains qui s'expriment sur des questions politiques, culturelles et sociales tout en étalant les positionnements de chacun(e) dans les théories, les courants et les méthodes scientifiques. L'ouvrage est aussi une tentative utile pour présenter ces auteurs et relancer leurs écrits en leur donnant une nouvelle vie capable d'infléchir et d'influencer notre perception de la société marocaine et des mouvements sociaux.
Enfin, face au déclin des espaces permettant l'autonomisation de la production intellectuelle, Kenza Sefrioui souligne que l'une des fonctions de cet ouvrage est justement l'intermédiation et les Presses des universités citoyennes peuvent être une émergence de cette idée. Les auteurs appellent à ritualiser des lieux de débats et multiplier les espaces publics alternatifs face à l'échec de l'école publique, de la télévision publique et des intérêts privés qui prennent le pas sur les services publiques.
Texte co-écrit avec Justine Peullemeulle


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