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Kenza Isnasni: "La Belgique d'aujourd'hui ne me parle plus..."
Publié dans Yabiladi le 10 - 05 - 2010

Une action en justice avait été ouverte contre X pour non assistance à personne en danger. On se demandait s'il y avait eu des manquements au niveau des services de police et du Fonds Régionale du Logement. Aurait-on pu éviter une telle tragédie ? Avec tous les éléments recueillis, j'en ai plus que la certitude. Comment ne pas avoir tenu compte des nombreuses plaintes déposées contre le forcené ? Pourquoi la police et la justice étaient elles restées aussi passives à nos appels ? D'après plusieurs témoignages, un signalement avait été fait. Ce militant d'extrême droite était armé bien avant le drame. Pourquoi avoir laissé vivre une famille de cinq enfants en présence d'un homme aussi dangereux ?
Aujourd'hui, 8 ans après le drame, je milite, je me bats en leur mémoire, je reste forte au nom des miens. Avec toutes les difficultés rencontrées, j'ai pris part à un combat qui s'est révélé par la suite plein de désillusions. En ayant tiré des enseignements de ce drame, j'ai tenu à mener un projet, avec le soutien de la commune de Schaerbeek, à la rue Vanderlinden, lieu où ont été assassinés mes parents. J'espérais pouvoir travailler dans un climat de confiance, mais il en a été autrement. Le projet a complètement été dénaturé et s'est soldé par un échec. Je ne sais ce qu'est devenu cet immeuble. J'ai du faire le deuil de ces murs pour continuer ma lutte.
Aujourd'hui, huit ans après les faits, en Belgique et en Europe, le racisme est malheureusement toujours d'actualité. Il évolue même sous de nouvelles formes. Un arsenal juridique a été créé pour condamner le racisme, mais aujourd'hui est-ce suffisant? Y a t il réellement des condamnations? Des résultats dans les faits?
Je déplore le manque de clarté des partis politiques dans leur discours sur la question du racisme. J'entends souvent parler de la célébration de la diversité, de l'égalité des chances, de la volonté de construire un monde ouvert aux différences de chacun mais ça ne reste que des mots et de belles utopies.
Trop souvent lorsqu'un drame se produit, de grands discours s'élèvent, mais on reste dans l'émotionnel et la banalisation du discours raciste reprend vite ses droits.
Aujourd'hui, il ne s'agit plus de rester dans le folklore et l'exotisme, mais de s'inscrire en tant que citoyen et de prendre part aux débats. Des changements sont nécessaires, il ne s'agit plus de se contenter d'un statut de citoyen de seconde zone mais de devenir acteur de la société.
Les discours qui sont véhiculés par les partis d'extrême droite ont un lien direct avec les crimes racistes. J'affirme avec force que ces partis racistes ont un lien direct avec le meurtre de mes parents. Cet environnement de haine favorise indéniablement le passage à l'acte. Ils n'avaient peut-être pas le doigt sur la gâchette, mais ils ont clairement favorisé ces actes de violences.
Comment oublier Mohamed Achrak, professeur de religion islamique, assassiné à 27 ans en 2002, Oulemata Niangadou, d'origine malienne, assassinée à 26 ans en 2006…Tous deux on été tués à Anvers, bastion du Vlaams Belang, qui n'est que le nouveau nom du Vlaams Blok, faut il le rappeler? Ces cas ont été médiatisés, mais combien d'autres cas de violences racistes sont passés sous silence et restent dans l'indifférence totale?
On assiste aujourd'hui en Belgique et plus largement en Europe à une montée du racisme. Lors des dernières élections communales de 2006, les résultats ont montré que l'extrême droite gagnait du terrain.
Début des années 60, suite à l'appel lancé par la Belgique pour le recrutement de main d'œuvre ouvrière au Maroc, tous ces travailleurs immigrés sont venus, se sont installés et se sont intégrés. Ils se sont battus pour obtenir des droits, pour être reconnus en tant que citoyens. Dans les usines, dans les mines, sur les chantiers de bâtiments, ils ont fait face aux conditions difficiles de travail, au racisme et à l'extrême droite.
Puis nous sommes nés. Ils nous ont éduqués, poussés à faire des études. Ils ne voulaient pas nous voir soumis aux mêmes conditions de travail et reproduire le schéma qu'ils ont connus.
L'intégration a été acquise à bout de luttes, celles de nos parents sont les nôtres aujourd'hui.
Je veux redonner une dignité à nos anciens en qui nous avons très peu ou pas assez de reconnaissance aujourd'hui.
S'intégrer c'est s'affirmer, s'inscrire dans le débat, y prendre part, être acteur dans la société et lui offrir son identité, son parcours et son histoire. C'est cela construire une société meilleure et y contribuer en la remettant en question de manière critique, et en étant exigeant.
Je prends position car je n'accepte plus cet état des lieux, ce climat... Ce débat ne pourra pas être mené sans nous.
Il ne s'agit pas de me positionner en tant que victime mais je m'interroge. Plus que tout, je suis animée par la volonté de comprendre ce qui a sauvagement assassiné mes parents.
La Belgique d'aujourd'hui ne me parle plus. Ma Belgique, je veux qu'elle m'écoute, qu'elle entende ma révolte, qu'elle me donne des réponses, qu'elle agisse et qu'elle permette à chacun d'y trouver sa place.


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