Malgré la saison estivale, les relations maroco-françaises sont toujours aussi froides. Rabat par la voie de son ministre de la Justice, Mustapha Ramid, accuse Paris de «multiplier les erreurs». Acculé à la défensive, les Français tentent d'amadouer la partie marocaine par des excuses de son ambassadeur à Rabat et par une nouvelle convocation, survenue vendredi, de l'ancien capitaine de l'armée, Mustapha Adib, par la gendarmerie de Paris. Le bout du tunnel pour les relations maroco-françaises semble encore loin. La tension entre les deux pays entame cette semaine son cinquième mois. Un contexte qui est appelé à durer à moins d'un geste de la part de Paris. En attendant, c'est le statut quo qui prévaut depuis un certain jeudi 20 février 2014. Ce jour-là, six policiers en uniforme s'étaient présentés devant la résidence de l'ambassadeur du royaume à Paris à la recherche d'Abdellatif Hammouchi, le patron de la DST, pour l'emmener devant un juge d'instruction (Sabine Khreis) pour interrogatoire suite aux dépôts de plaintes l'accusant de «torture» et «complicité de torture». Il faut dire que la dame est habituée de ce genre de coup d'éclat. En octobre 2013, sur un autre dossier africain, elle voulait convoquer le président de la Côte d'Ivoire, Alassan Ouattara et le président du parlement, Guillaume Sorro. «La France a fait des erreurs», selon Ramid Lors d'une émission diffusée, jeudi soir sur Medi1TV, le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, s'est montré pessimiste quant à un retour à la normale entre Paris et Rabat. Les griefs se sont multipliés depuis l'affaire Hammouchi, l'humiliation du ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar à l'aéroport de Roissy et le tout dernier incident diplomatique causé par la visite de l'ancien capitaine de l'armée, Mustapha Adib, au général Abdelaziz Bennani, alité depuis plus de trois semaines à l'hôpital Val-de-Grâce. Le Pjdiste a certes reconnu, sur un ton très diplomatique, que «stratégiquement, la France est une amie du Maroc», mais qu'elle «a commis plusieurs erreurs avec le royaume qu'on ne pourrait, en aucun cas, passer sous silence». Et d'ajouter que «le Maroc a toujours refusé tout dépassement dans les relations entre pays amis». Le message est on ne peut plus clair. L'offensive marocaine a contraint la France à multiplier les concessions. Après les excuses exprimées par l'ambassadeur Charles Fries, dans une tribune publiée sur les colonnes de quotidien l'Economiste, c'est au tour de la gendarmerie de Paris de convoquer, dans l'après-midi du vendredi 27 juin, l'ex-capitaine de l'armée, Mustapha Adib, suite à une plainte déposée par la famille du général Bennani. Autant de signaux d'apaisement de la part des autorités françaises destinés à rassurer la partie marocaine. Néanmoins, suffiront-ils ?