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Diaspo #141 : Mostapha Bahja, le nomade de théâtre qui a failli être aviateur militaire
Publié dans Yabiladi le 25 - 04 - 2020

Depuis une vingtaine d'années, les arts de scène en Espagne ont adopté Mostapha Bahja. L'un des premiers marocains à évoluer dans le théâtre espagnol, l'artiste a évolué au Maroc et aux Pays-Bas, avant de poser bagage à Séville.
Né en 1974 dans la cité militaire de Dhar El Mahraz (Fès), au milieu de trois frères, d'une sœur, Mostapha Bahja aurait pu suivre un chemin tracé. Alors que le Maroc encourageait ses jeunes à s'engager comme soldats, son père, lui-même dans l'armée, espérait qu'il devienne aviateur militaire. Mais la cité où vit la famille se trouve à quelques pas du campus universitaire de Dhar El Mahraz, où la jeunesse estudiantine prône les arts et la philosophie, comme vecteurs de développement et de démocratisation de l'esprit critique.
«Je n'ai jamais eu une carte de parti politique ou d'organisation d'étudiants, mais j'ai participé activement aux manifestations culturelles de ces structures, qui ont été très puissantes à Fès dans les années 1980, notamment l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) et les organisations des élèves», se rappelle Mostapha Bahja. «La plupart de mes amis de jeunesse sont devenus enseignants universitaires, professeurs de langues ou de philosophie», se rappelle-t-il fièrement.
Dès l'enfance, Mostapha Bahja est attiré par les ateliers de théâtre scolaire plus que par les cours de mathématiques. «Je n'ai pas été un mauvais élève. Etant issu d'un milieu populaire, c'était même une question de fierté familiale. Cela dit, j'ai un mauvais souvenir d'un professeur de maths depuis le primaire, qui m'a conduit vers le baccalauréat littéraire. Cela collait aussi à mon amour pour la poésie, la philosophie et les textes dramaturgiques», se souvient l'artiste.
A chaque festival national de théâtre d'école, Mostapha Bahja fait sensation. Il multiplie les formations au sein des troupes théâtrales à Fès, sous la supervision notamment de Mohamed Kaghat. «C'est probablement ce qui m'a auguillé loin de la voie tracée par mon père et une intégration certaine à la formation d'aviation au sein de l'Académie militaire de Meknès, puisque j'ai choisi ma vocation avant les concours post-baccalauréat», s'amuse aujourd'hui le comédien.
«J'aimais taquiner feu mon père, en nous remémorant que souvent en mission au Sahara, il était chargé de former les jeunes sur comment battre les avions de chasse, alors qu'il rêvait que son fils rejoigne les aviateurs militaires ! Toujours est-il qu'il souhait m'éviter les difficultés traversées par les soldats de terre, dont beaucoup décédaient à son époque.»
Mostapha Bahja
Un parcours entre la philosophie et les sciences politiques
Si convaincre la famille qu'il ne rejoindrait pas l'armée a été une première difficulté, la seconde a été de lui faire accepter un parcours en philosophie et sciences politiques à faculté de Fès. C'est alors que l'artiste revient à sa première vocation, encouragé par l'un de ses amis à tenter sa chance pour intégrer l'Institut supérieur des arts dramatiques et de l'animation culturelle (ISADAC) à Rabat. Il côtoie alors Jamal Boudouma ou encore Abdessamad Miftah El Kheir, avec qui il se lie d'amitié.
Lors de son parcours, Mostapha Bahja trouve sa première inspiration dans la figure de sa mère. «Comme mon père était engagé dans l'armée, c'est elle qui nous a élevé : elle gérait les économies du foyer, notre éducation, notre savoir-vivre… Elle nous a appris à être autonomes et à maîtriser la cuisine», reconnaît-il. «Nous avons tenu cette discipline de mon père aussi, qui malgré avoir gravi les grades, a continué à vivre exactement comme il l'a toujours été», se souvient-il encore.
Après son diplôme de l'ISADAC en 1998, Mostapha Bahja cherche à approfondir les expérimentations artistiques à travers une immersion professionnelle, croisée avec des approches de recherche pratique. D'une grande curiosité l'ayant amené à analyser la théâtralisation de la poésie, il hésite entre continuer des études en cinéma en Italie ou une formation théâtrale en France. Il finit par partir aux Pays-Bas, pour une année à l'Ecole supérieur des arts d'Utrecht.
«J'ai travaillé dans de très bonnes conditions et étant originaire des régions d'Azrou et Ifrane, j'imaginais que l'adaptation au climat ne me poserait pas de problème. Mais j'ai été esquinté par le froid, ce qui m'a fait quitter le pays dès la fin de ma recherche !»
Mostapha Bahja
Une nouvelle vie en Espagne
Comptant retourner au Maroc pour continuer ce processus où il opte pour une approche de déconstruction en envisageant des ateliers de formation de théâtre, Mostapha Bahja est mis en contact avec des producteurs et des réalisateurs espagnols, à la recherche de comédiens marocains. Retenu, cela lui ouvre la porte du cinéma et des arts de scène ibériques.
A Séville, il travaille étroitement avec le metteur en scène Juan Dolores Caballero en tant qu'acteur et élit domicile dans la ville. Mostapha Bahja se voit ensuite proposer un poste d'assistant à la mise en scène auprès de l'artiste espagnol, pour le montage de spectacles de théâtre musical. Les deux acolytes lancent rapidement une nouvelle version de la troupe Teatro del velador. Le Marocain y multiplie les rôles en tant que comédien, mais aussi les coécritures et montages de pièces pour les tournées, constituées de théâtre classique, contemporain, et de spectacles de danse contemporaine.
L'artiste ne se sent pas dépassé par ce travail intense, comptant par ailleurs sur ses talents de chorégraphe, mais aussi de compositeur de musique et de percussionniste. Ces tournées mènent la troupe jusqu'au théâtre national espagnol, en plus des scènes les plus prestigieuses dans toute l'Europe. Par ailleurs, il travaille en tant que coach auprès d'acteurs du cinéma. Ne perdant pas attache avec le Maroc, il collabore notamment avec Laïla Marrakchi, pour son film Rock the Casbah, sorti en 2013.
Mais ces trois dernières années, Mostapha Bahja se consacre davantage à la lecture, à la recherche, à l'écriture. «Après plus de vingt ans de travail effréné, c'est le moment d'un premier bilan, ou d'une pause pour envisager un nouveau démarrage», estime l'artiste.
«Etant désormais père de deux enfants en bas âge et féru de l'expérimentation artistique, j'ai choisi un moment de retrait, d'abord pour me recentrer sur ma vie de famille, mais aussi pour mieux me documenter, enrichir mon bagage intellectuel et réorganiser un peu les choses sur le plan artistique, afin de ne plus me retrouver happé à reproduire les mêmes processus, affaiblissant le processus de création», conclut-il.


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