Aspects de la crise en Espagne La qualité de l'éducation en Espagne a été une des causes qui a freiné le retour dans leurs pays de nombreuses familles d'immigrés en chômage. Toutefois, la précarité est devenue insoutenable à tel point que pour la première fois, le nombre d'écoliers étrangers a diminué de 3,3% par rapport à la précédente année scolaire, écrit récemment le quotidien espagnol El Pais. Le collectif d'écoliers étrangers représentait actuellement 9,1% du total des élèves contre 10,1% il y a cinq ans, relève le journal citant Francesc Josep Sánchez i Peris, un anthropologue de l'Université de Valence qui a réalisé une étude sur ce collectif dans la commune de Gandia. En 2001/2002, l'Espagne comptait 207.112 élèves étrangers, chiffre qui a atteint, dix ans plus tard (2012-2013) 755.156 élèves. Lors de l'année scolaire précédente, les écoles espagnoles comptaient 781.236, une diminution de 26.080 nouveaux inscrits, selon le ministère de l'éducation, la culture et les sports, cité par el Pais. Francisco Javier García Castaño, professeur de l'anthropologie sociale à l'université de Grenade invite à prendre avec précaution les statistiques sur la scolarisation des enfants étrangers. « Il y avait de nombreux étrangers qui ont accédé à la nationalité espagnole, particulièrement des marocains et équatoriens. La vague de départ n'est pas aussi forte comme on le pensait puisque les nouveaux immigrés qui arrivent sont en situation irrégulière et sans enfant », explique le professeur universitaire. L'enseignement primaire et secondaire sont les niveaux scolaires qui sont le plus affectés par l'exode des élèves étrangers en perdant respectivement 17.000 et 11.400 inscrits. Les causes sont nombreuses selon Jurjo Torres, un professeur de l'organisation scolaire à l'Université de la Corogne (Galice) qui cite les réductions des rubriques budgétaires assignées à l'éducation. Du coup ont disparu les classes de soutien pour les élèves aux difficultés linguistiques, le nombre moyen d'élèves par classe a augmenté, les bourses de cantine pour les familles vulnérable ont été éliminées. Par contre, la formation professionnelle a progressé de 35.000 élèves dont 776 sont étrangers. Dans de récentes données rendues publiques, l'Institut Espagnol de la Statistique (INE) signale que le pourcentage d'étrangers âges de 16 à 19 qui finissent le deuxième cycle a été ramené durant les cinq dernières années de 22% à 18% alors que celui des espagnols est passé de 20% à 24%. La brèche entre élèves étrangers et espagnols a grandi alors qu'en 2005, les élèves étrangers qui avaient achevé le deuxième cycle (baccalauréat) étaient de 22,84% contre 20,85% pour les espagnols. D'après des experts et chercheurs, cette baisse est surtout motivée par la crise économique, le haut taux de chômage au sein des collectifs d'étrangers qui a obligé des milliers de jeunes à abandonner leurs études et chercher de l'emploi pour pouvoir soutenir économiquement leurs familles. Autre aspect de la crise est noté au niveau des choix scolaires. Des statistiques du ministère espagnol de l'éducation signalent que 82% des élèves étrangers fréquentaient l'école publique contre 67,6% des espagnols durant l'année 2008/2009.