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L'épicier du quartier
Publié dans Albayane le 22 - 07 - 2015

II a ouvert les yeux à «Tigzirine»; un petit bled oublié entre Essaouira et Agadir. Il était encore petit mais Dieu était tellement grand dans son cœur qu'il ne se lassait guère de lever les yeux au ciel, guettant le moindre signe de pluie. Il attendait la pluie. Son père attendait la pluie. Les paysans démunis attendaient la pluie. Lhaj «Azerg» n'attendait pas la pluie. Ses tracteurs, ses moissonneuses-batteuses, ses terres, ses animaux ont triplé en quelques années. Ses ovins ne se comptaient plus. Ses vaches hollandaises devenaient plus grasses chaque matin et donnaient des tonnes de lait... Et les pauvres attendaient la pluie. En regardant le ciel têtu et impitoyable, Mohmmad se demandait: «Pourquoi mon père attend-il l'eau du ciel et Lhaj «Azerg» la fait sortir de la terre? Pourquoi n'avons-nous pas un puits chacun et un tracteur et les ventres seront pleins?» Il voulait comprendre et ne comprenait pas. Il était encore petit et son univers était pierrailles, friches, ivraies, figues de Barbarie, arganiers et chergui. Il était encore petit et sa mère était constamment souffrante en dépit des amulettes et des remèdes du fquih. Il était encore petit et son père était usé par le soleil et la misère. Il ne pouvait plus continuer à couper le bois de l'arganier en jouant à cache-cache avec le garde-forestier. Il ne savait pas pourquoi «Fouristi» (le garde-forestier) et les «Jadarmia» (les gendarmes) considéraient cela comme «Défandé!» (défendu). Il voulait comprendre et ne comprenait rien!... Ne pouvant plus nourrir ses enfants, il a pris la décision de faire travailler sa fille aînée dans une maison d'Agadir. Mohmmad, lui, travaillerait dans l'épicerie de son oncle maternel.
2. Mohmmad à Agadir
II est entré à l'épicerie de son oncle pour ne plus en sortir. Il mange à l'épicerie. Il travaille à l'épicerie. Il dort à l'épicerie. Il prend son bain à l'épicerie. Il fait ses besoins à l'épicerie. Il rêve à l'épicerie. Il vit à l'épicerie. Au milieu de la cacophonie de la clientèle, il se déplace toute la journée de la caisse aux étalages, des étalages au réfrigérateur, du réfrigérateur au robinet, du robinet à la caisse... Et ça tourne, ça tourne infiniment... Il se déplace de l'épicerie à l'épicerie. Son espace vital a rétréci et l'a étouffé, lui qui avait l'habitude des friches, des monts, du ciel et du soleil. Ici, il s'asphyxie de jour en jour et son teint devient de plus en plus blême.
La journée, ses va-et-vient lui causent le torticolis et le bruit des clients lui donne le vertige: «Un coca moyen, Mohmmad! C'est vrai qu'il n'y a plus de levure, Mohmmad? Deux pains et de la menthe, Mohmmad! La monnaie Mohmmad, vite! Le sel aussi a disparu, n'est-ce pas, Mohmmad? Mets tout ça sur mon carnet jusqu'à la fin du mois. Mohmmad! Presse-toi, Mohmmad!...» La nuit, le matelas glacé au milieu des caisses de limonades et des boîtes à conserve n'est point confortable. Il ferme les yeux avec peine. Et inéluctablement, les silhouettes de toutes les femmes venues à l'épicerie durant la journée viennent le hanter et le torturer dans son sommeil. Il se réveille en sueur. Son sang tourne dans ses veines à cent à l'heure. Son bas-ventre lui fait horriblement mal. Et ce maudit liquide qui bouillonne dans ses entrailles. C'est un volcan en ébullition. Il crie dans son mutisme. Il se tortille. Il se mord les lèvres. Rien! Il se... et s'endort enfin...
Mohmmad est le prisonnier de l'épicerie. Son enfance a été assassinée dans l'épicerie. Personne ne s'arrête pour voir et comprendre son drame dans ses yeux moroses. Maintes fois, il ferme ses petits yeux hagards et se voit gambader dans les champs et escalader la montagne. Il se voit jouer avec le chien et le chat et faire la course avec les boucs. Il se voit rire en chevauchant son petit âne rusé. Il rit, ouvre les yeux et se retrouve à l'épicerie.
Des années ont passé et Mohmmad n'a qu'un seul et unique rêve : devenir comme son oncle Si Ali qui n'a jamais fait preuve de magnificence à son égard. Sa raison d'être est d'entasser les billets de banque qui font peur à la faim et vous ouvrent la porte du paradis. Autre chose, c'est de la «foutaise»!
Des années ont passé... Maintenant, Mohmmad a un compte à la Banque comme les gens importants. Il s'est marié pour éteindre le volcan qui bouillonne dans son bas-ventre, des années ont passé et Mohmmad est toujours Mohmmad. Son regard égaré est toujours le même et sa «Foukia» n'a pas changé. Pourquoi? Il veut comprendre et ne comprend pas...


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