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Un artiste qui a porté la mémoire dans son instrument
Le doyen des rways, Ahmad Amentag, n'est plus
Publié dans Albayane le 26 - 11 - 2015

Triste nouvelle. L'une des dernières figures de la musique amazighe traditionnelle, Ahmad Amentag vient de nous quitter, mardi dernier, à l'âge de 90 suite à une longue lutte avec la maladie. Une grande perte pour le paysage artistique et musical amazigh en particulier et marocain en général. Natif dans un douar dans la province de Taroudant, l'artiste a consacré sa vie et sa carrière à la musique. Depuis son jeune âge, il s'intéressait à la musique des rways, dont il fut l'un des pionniers. Il y côtoyait les grands poètes et paroliers amazighs.
En effet, le souci d'Ahmad Amentag était de donner un nouvel élan et une ampleur à son style musical, ainsi qu'à la musique amazighe. Son périple musical et artistique entre les douars et les villages, dans les débuts de sa carrière musicale, ainsi que ses rencontres avec les professionnels en la matière tels Boubker Azri, Mohamed Sbabou, Mohamed Dmssiri et bien d'autres, ont enrichi son répertoire et son parcours artistiques authentiques. A la fois poète, compositeur, Amentag a fait de sa mémoire un instrument pour combattre l'amnésie. L'artiste amazighe qui s'est produit dans les différents événements artistique et musicaux ici et ailleurs, a rayonné sa musique auprès du large public. «Il était le dernier des grands rways qui ont instauré le patrimoine musical amazigh. C'est une école de musique et du chant. Une école qui a marqué et enrichi le répertoire de la musique amazighe traditionnelle avec sa voix forte avec laquelle il interprétait les chansons les plus difficiles. C'est un artiste qui métrise également son instrument, le Rabab. Il fut l'un des grands rways de son époque. Son style était toujours évolutif. Il a formé en effet toute une génération de rways les plus connus, et qui n'a cessé de renouveler et moderniser sa musique», nous indique le poète et le chercheur amazigh Ahmed Assid. Il a fait, a-t-il ajouté, un pas vers l'avant avec sa musique en répondant aux goûts de la nouvelle génération d'Amazighs, notamment celle qui s'est installée dans la ville. Il a chanté jusqu'aux derniers jours de sa vie. A vrai dire, les artistes ne meurent jamais. Ils naissent, artistiquement à une vie nouvelle.

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