Après le récent rapport de la mission de consultation relative à l'article IV du Fonds monétaire international (FMI), préconisant l'introduction d'une flexibilité plus élevée du régime de change, économistes, journalistes et autres observateurs avaient tous les yeux tournés vers la Banque centrale. Que va-t-on faire? Une question qui restait sans réponse d'autant plus que rien n'a circulé à propos de l'échéancier de mise en application de la flexibilisation graduelle du régime de change. Interpellé par Al Bayne à ce propos, lors de la conférence trimestrielle du Conseil de Bank Al Maghrib (BAM), le Gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, a défendu la réforme du régime de change sans pour autant donner des détails sur son calendrier d'application. Après avoir considéré que «la réforme a eu des échos très favorables du côté, à la fois, des organisations internationales et des organisations nationales», Jouahri a déclaré : «concernant les échéances, moi-même gouverneur de la Banque centrale, je ne suis pas à même, maintenant, de vous dire on passera dans un an ou dans six mois. Je ne vais pas être crédible alors !». S'adressant aux détracteurs de la flexibilisation, il a, tout en rappelant que la réforme vient de commencer, considéré que « tout argumentaire qu'on peut présenter à ces gens, ceux-ci ne vont pas changer leur opinion, parce qu'ils ont une vision négative de manière générale». «Ils vous imposent, nous sommes des suppôts des institutions internationales etc., les gens peuvent dire ce qu'ils veulent. C'est une réforme qui a été étudiée depuis longtemps. Le fonds nous a dit : vous êtes prêts à partir du premier janvier 2017 et on a refusé. Il n'a rien à nous imposer», a-t-il insisté à dire. «Vous savez quand est ce que le fonds a un pouvoir d'imposition ? Le fonds vous impose – ce qu'on appelle la conditionnalité- quand il vous prête», a-t-il argumenté avant de noter : «Nous n'avons pas de prêt avec le FMI». «Nous évoluerons en fonction des prérequis et de notre lecture de la situation. Quand je vous ai dit qu'en s'appuyant sur le benchmark international que nous avons fait, qu'il y a des pays qui sont passés de la première phase à la troisième en 15 ans, d'autres qui l'ont fait en 10, 9 ou 7 ans, c'était pour vous expliquer que chaque pays a sa spécificité. C'est pour cela que je vous dis que je ne suis pas en mesure (de parler de calendrier)», a-t-il soutenu. Après avoir laissé entendre que le dessein de la prochaine étape dans le cadre de cette réforme a été préétabli avec la mission du FMI en admettant avoir des «analyses qui convergent avec le FMI», le gouverneur de BAM s'est rappelé du «premier gouverneur de la BAM, que Dieu ait son âme, Mohammed Zghari». S'adressant aux journalistes, le Wali a rétorqué : «Pour qu'on revient sur les conclusions sur lesquelles on va aboutir. Afin de vous apprendre la formule. Que dit le proverbe ? », S'est-il interrogé. « J'ai assisté en 1964 à la première négociation avec le FMI et à cette époque, le Maroc était en difficulté. Jeunes fraichement sortis de la faculté à l'époque, nous disions au gouverneur que ce n'est pas acceptable etc. Savez-vous ce qu'il a dit, « celui qui n'a pas de seigneur, celui qui détient l'argent est son seigneur. Le FMI est celui qui a l'argent, alors faisons en sorte qu'on n'ait jamais à subir cette conditionnalité », a conclu ce vieux routier de la finance. Mohamed Taleb Maroc: le FMI met en avant des perspectives de croissance favorables Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé, jeudi à Washington, que l'économie marocaine a repris de la vigueur en 2017, ajoutant que les perspectives à moyen terme sont favorables, avec une croissance attendue de 4,5 pc d'ici 2021. «La croissance économique s'est redressée en 2017 (...) En cinq ans nous prévoyons que la croissance devrait s'établir autour de 4,5 pc», a indiqué Nicolas Blancher, Conseiller et chef de mission pour le Maroc au Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, lors d'une conférence de presse téléphonique consacrée au troisième et dernier examen dans le cadre de l'accord sur la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) avec le Maroc.