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Un débat sous (haute) tension
Publié dans Albayane le 14 - 05 - 2020


Covid-19 et antihypertenseurs
Par Fatéma Dodat*
Depuis le début de la pandémie, tout et son contraire a été dit au sujet des médicaments contre l'hypertension, ou antihypertenseurs. Utilisés chez des patients souffrant de pression artérielle élevée, ils ont d'abord été accusés d'aggraver les conséquences de la Covid-19 avant d'être envisagés comme nouvelle piste thérapeutique contre cette même maladie. Candidate au PhD en sciences pharmaceutiques à la Faculté de pharmacie et à l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de Montréal, Fatéma Dodat estime important d'observer la nécessité de mener des recherches scientifiques rigoureuses avant de diffuser des conclusions sur un tel sujet, notamment durant une crise sanitaire.
La Covid-19 survient après une infection au virus SARS-CoV-2. Pour infecter le corps humain, ce virus doit franchir une porte se situant à la surface des cellules : l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2).
Cette enzyme agit comme un récepteur du SARS-CoV-2. Le virus va se lier de manière spécifique à ACE2 — comme une clé qui s'emboîterait dans une serrure — et va ainsi pouvoir entrer dans les cellules pour se répliquer et infecter l'organisme. Même si le SARS-CoV-2 impacte considérablement les cellules des poumons, il est désormais clair que d'autres organes sont touchés comme l'œsophage, le rein et le cœur.
Mais il se trouve que le rôle de l'enzyme ACE2 ne se limite pas à fournir au SARS-CoV-2 un passe-droit pour l'organisme. Il travaille de concert avec son proche homologue ACE1 pour maintenir l'équilibre de la pression artérielle au sein de l'organisme.
Dans un premier temps, ACE1 va produire l'angiotensine 2, protéine impliquée dans la vasoconstriction, ce qui augmente la pression sanguine. ACE2 va ensuite prendre le relais pour transformer cette protéine en un dérivé appelé angiotensine 1-7 qui est, à l'inverse, un puissant vasodilatateur et diminue la pression.
En raison du surpoids, du stress ou encore d'une maladie du rein, la pression artérielle peut devenir trop élevée (hypertension) et faire accroître la contraction des vaisseaux, ce qui oblige le cœur à faire plus d'efforts pour pomper le sang à travers les artères. Les patients peuvent alors prendre deux types d'antihypertenseurs pour réduire leur pression artérielle : les bloqueurs des récepteurs ACE qui ciblent ACE1 et les bloqueurs des récepteurs à l'angiotensine 2 qui empêchent l'angiotensine 2 de se lier à son propre récepteur et d'exercer sa fonction de vasoconstricteur.
Néanmoins, la pandémie de la Covid-19 a suscité de nombreuses craintes chez des patients sous traitements antihypertensifs, quant aux risques associés à la prise de ces médicaments et au développement de complications après l'infection virale.
Des craintes fondées
Deux études menées sur des rats en 2004 — donc hors du contexte de la Covid-19 — ont montré qu'une prise de ces antihypertenseurs induisait une augmentation de la présence de ACE2 dans le rein et dans le cœur.
Cette observation a abouti à l'hypothèse que ces traitements multiplieraient les voies d'entrée du virus de la Covid-19 dans l'organisme, entraînant des impacts plus graves tels que des insuffisances rénales et cardiaques. Les craintes associées à la prise d'antihypertenseurs diffusées par certains médias ont été aussi virales que le SARS-CoV-2 et se sont répandues à l'international. À tel point que des messages ont été diffusés par différentes autorités de santé concernées comme le American College of Cardiology et le European Society of Cardiology pour prévenir l'interruption de la prise de ces médicaments.
Des études discutables
L'American College of Cardiology affirme qu'à l'heure actuelle, « aucune donnée expérimentale ou clinique ne démontre les bénéfices ou les dangers de la prise d'antihypertenseurs chez les patients atteints de la Covid-19 ». Les propos à l'origine de ces controverses sont fondés sur un mélange de résultats d'expériences menées à la fois sur des animaux et sur des humains.
De plus, les résultats de ces études ne sont pas reproductibles et l'une d'entre elles ne montre aucune modification de la présence de ACE2 après la prise d'antihypertenseurs. Ces études alternent également l'administration des deux types d'antihypertenseurs décrits précédemment, les bloqueurs des récepteurs ACE et les bloqueurs des récepteurs de l'angiotensine 2, ce qui entraîne une inconsistance des effets physiologiques.
Voilà sans doute la raison pour laquelle certaines études cliniques menées chez l'homme nuancent davantage leur jugement, suggérant que seulement certains antihypertenseurs augmenteraient la quantité de ce récepteur et qu'ils sont donc à évaluer par type ou individuellement. Pour les autorités de santé, les patients hypertensifs seraient à risque car ils cumulent d'autres pathologies comme le diabète et les maladies cardio-vasculaires qui surviennent avec l'âge.
De plus, un arrêt de traitements est risqué. Il peut provoquer un accident vasculaire cérébral ou de l'insuffisance cardiaque. Par ailleurs, même si la présence ou l'activité de ACE2 était modifiée par la prise d'antihypertenseurs, aucune étude clinique pertinente n'indique pour le moment que cela rimerait avec une quantité plus importante du SARS-CoV-2 dans l'organisme.
Un espoir de traitement !
Le débat sur les antihypertenseurs a pris une nouvelle tournure lorsque certains chercheurs ont émis l'hypothèse qu'en réalité, leur utilisation pourrait être bénéfique chez les patients atteints de la Covid-19.
Les Universités du Minnesota et du Kansas ont lancé deux études cliniques afin d'évaluer les bénéfices thérapeutiques du losartan, le générique des bloqueurs du récepteur de l'angiotensine 2, chez ces patients.
Selon leurs hypothèses, la prise de cet antihypertenseur pourrait réduire les dégâts causés aux différents organes dont les poumons et le cœur et peut-être même les hospitalisations.
Ces hypothèses se basent sur les résultats d'études menées sur le cousin du SARS-CoV-2, le SARS-CoV à l'origine de l'épidémie de SRAS. Comme ces deux virus se ressemblent et se fixent au même récepteur ACE2, il semble pertinent de transposer les résultats observés chez le SARS-CoV au nouveau coronavirus.
Une étude a mis en évidence que la liaison du SARS-CoV à ACE2 entraîne une diminution de la présence de ACE2, provoquant une accumulation d'angiotensine 2 qui n'est plus transformée par ce récepteur — et donc du risque de vasoconstriction et d'hypertension. Ce phénomène est désigné comme l'une des raisons principales de l'hypertension pulmonaire, contribuant de ce fait aux dommages majeurs causés aux poumons après infection par différents virus, dont le SARS-CoV, le virus H5N1 et le virus syncitial.
Contrecarrer l'effet du virus
Si le même processus opère pour le SARS-CoV-2, l'infection par ce virus entraînerait donc une diminution de la présence de ACE2 dans les différents organes où le récepteur est normalement logé. Ce phénomène pourrait accroître fortement la pression artérielle dans ces organes et causer des atteintes aiguës aux poumons ou au cœur.
L'augmentation de ACE2 causée par les antihypertenseurs semble paradoxale dans ce contexte, mais certains chercheurs pensent qu'elle pourrait être en réalité salvatrice en contrebalançant l'effet du virus sur le récepteur. En bloquant les récepteurs de l'angiotensine 2 chez les patients atteints de la Covid-19 par des antihypertenseurs comme le losartan, on serait en mesure de contrecarrer la vasoconstriction exacerbée survenant après l'infection virale. L'angiotensine 2 ne pourrait plus exercer son activité de vasoconstricteur, mais deviendrait un vasodilatateur grâce à sa transformation en angiotensine (1-7) par l'enzyme ACE2.
Pour corroborer cette hypothèse, une étude a relevé des taux d'angiotensine 2 élevés dans les plasmas de patients atteints de la Covid-19, corrélés avec une forte charge virale totale et d'importantes lésions pulmonaires. L'étude suggère que l'augmentation de l'activité de l'angiotensine 2 serait en partie responsable des dégâts aux organes chez ces patients. Cette étude est toutefois constituée d'un faible échantillon de patients et les auteurs appellent à élargir les cohortes dans de futures études.
Les résultats des études cliniques de l'Université du Kansas et du Minnesota apporteront les premières informations concrètes pour clarifier l'implication réelle du losartan et peut-être de ce type d'antihypertenseur en général dans l'évolution de la Covid-19. Ils permettront par la même occasion d'offrir un début de réponse quant à la prise risquée ou au contraire, bénéfique, de cet antihypertenseur dans le contexte actuel.
*(Candidate au PhD en Sciences Pharmaceutiques,


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