Manifestation pour exiger la dissolution du Conseil national de la presse, le ministre refuse de dialoguer avec les «nihilistes»    Un quart des Espagnols envisage la possibilité d'une guerre avec le Maroc    Produits du Sahara : Un syndicat français attaque un importateur de tomates    MD Sahara, cinq années d'engagement et une page qui se tourne …    La coopération maroco-allemande franchit un nouveau cap avec un programme d'appui de 630 millions d'euros    Youssef Belmabkhout parmi les chercheurs les plus cités de Clarivate 2025    Les Etats-Unis vont réexaminer les « Greencards » détenues par les ressortissants de 19 pays    Trump annonce une politique d'immigration stricte après la mort d'un soldat américain    SM le Roi félicite le Président mauritanien à l'occasion de la fête nationale de son pays    Mondial féminin de futsal : «Les joueuses méritent leur qualification» (Adil Sayeh)    DARI célèbre la passion du football avec son édition collector "Champions Pasta"    Dari launches champions pasta celebrating Atlas Lions and Moroccan football    Manifestación para exigir la disolución del Consejo Nacional de la Prensa, el ministro se niega a dialogar con los «nihilistas»    Youssef Belmabkhout entre los investigadores más citados de Clarivate 2025    Réélection du Maroc à la Vice-Présidence du Programme Hydrologique Intergouvernemental (PHI) de l'UNESCO    Températures prévues pour le samedi 29 novembre 2025    Le photographe marocain Hicham Benohoud remporte le prix du PhotoBook de l'année    L'Humeur : « Stand up », franche rigolade sans humour    Examens rassurants pour Sofyan Amrabat après son violent choc jeudi avec Isco    Le souffle de l'Atlas dans une édition exceptionnelle au-delà de la mode, au cœur de l'identité et de la mémoire — Caftan Week, 26e édition : quand les montagnes deviennent couture, identité et beauté    Nayef Aguerd de retour à la compétition samedi face à Toulouse    Mondial 2026: Quels adversaires pour le Maroc ?    Retraités du secteur privé : bienvenue chez les "nouveaux pauvres" !    Elections: Deux projets de loi adopté en commission à la Chambre des représentants    La Somalie réitère son soutien à l'intégrité territoriale du Maroc et salue l'adoption de la résolution 2797    ADM annonce la mise en service de la nouvelle autoroute Tit Mellil-Berrechid    Médias : Rabat désignée capitale arabe de l'information pour 2026    Assurances : Les primes progressent de 7,2% à fin septembre    AIF Market Days 2025: Plus de 15,2 milliards de dollars d'intérêts d'investissement    Football : Al Omrane devient sponsor officiel des équipes nationales    The Moroccan Fair: un nouveau rendez-vous international pour les marques marocaines    Théâtre: «Daribat Al3ichq», quand la passion consume tout    Bourse de Casablanca : ouverture en grise mine    ONCF : un CA global prévisionnel de plus de 5 MMDH en 2025    Foot féminin : Maroc–Burkina Faso en amical ce soir à Marrakech    S.A. la Princesse Lalla Zineb préside l'Assemblée Générale de La Ligue Marocaine pour la Protection de l'Enfance    CAN Maroc 2025 : le Maroc s'illustre aussi au sifflet    En pleine tension en Ukraine, la France instaure le service militaire volontaire à partir de l'été prochain    Le Maroc et L'Espagne tiennent la prochaine session de la Réunion de Haut Niveau les 3 et 4 décembre à Madrid    Vladimir Poutine attendu en Inde pour une visite d'Etat les 4 et 5 décembre    Foot africain : Quatre clubs marocains en quête de victoires en interclubs ce vendredi    ECOFEST : le Sénégal lance la première édition    SAR le Prince Moulay Rachid : « le Festival de Marrakech a inscrit le Maroc sur la carte des grands rendez-vous cinématographiques internationaux »    Le temps qu'il fera ce vendredi 28 novembre 2025    Italie : La justice milanaise requiert 11 ans de prison pour l'élu qui a assassiné Younes El Boussettaoui    France : Des responsables musulmans dénoncent «une instrumentalisation politique»    L'artiste Manal Benchlikha, nouvelle ambassadrice de FIAT au Maroc    À Casablanca et à Kénitra. Démantèlement d'un réseau de trafic international de drogue et saisie de 16 tonnes de chira    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le lieu de soi: Un roman qui fait parler le silence
Publié dans Albayane le 13 - 09 - 2020

M'hammed Mellouki, Le lieu de soi. Rabat : Editions Marsam, 2019
Par Tijania Fertat
L'enfant assiégé
Dans L'enfant assiégé, la première partie du roman concernée par cette note critique, Fadi le narrateur qui n'est autre que l'auteur lui-même mène une quête pour trouver un apaisement à son âme tourmentée.
Fadi est un homme qui a réussi sur le plan social et professionnel, mais souffre d'un mal-être qui l'empêche de goûter aux joies de la vie. Il avait trouvé vingt ans plus tôt refuge au Canada croyant pouvoir se défaire de son passé gros de souffrance. En vain. Il décide donc de faire un retour au Maroc, son pays d'origine, dans l'espoir de trouver une explication à «des tonnes de souvenirs acides, de pensées négatives, de sentiments corrosifs...» qu'il traîne en lui depuis son plus jeune âge.
Au long des péripéties de ce voyage, l'auteur nous livre une fine analyse d'une société où se côtoient tradition et modernité, religion et obscurantisme, pauvreté et analphabétisme, un pays où pendant que la majorité des citoyens souffre l'injustice, la faim et la maladie, une petite minorité se la coule douce peu soucieuse de l'infamie qui frappe les plus démunis, un système politique qui réprime la liberté d'opinion et craint le pouvoir de la raison.
Dans cette quête rien n'est laissé au hasard. Les moindres détails, les souvenirs les plus infimes, les personnes que Fadi a connues, aimées ou détestées, les lieux qu'il a fréquentés, le monde onirique avec ses symboles, son hermétisme, tout est analysé et prend un sens une fois placé dans le puzzle d'une vie meurtrie par la violence sous ses formes les plus dégradantes et par le déni. Il s'évertue à tout passer sous l'œil vigilant et savant de Fadi l'adulte qui possède les outils intellectuels lui permettant de se saisir de «La nature du venin qui lui empoisonne la vie».
Dans cette recherche minutieuse, Fadi nous plonge dans une autre réalité souterraine dont personne ne parle. Celle qu'on blanchit en gardant le silence, fermant les yeux ou détournant le regard. Il nous entraîne dans le monde terrifiant dans lequel vivent des enfants soumis à la brutalité et à la perversion des hommes. Deux éléments constituent la trame de fond des deux parties du roman.
Fadi ne se rappelle pas un jour de son enfance où il n'a pas été battu par son père. «Un dressage» à l'obéissance qui laisse ses traces sur le corps et sur l'âme. Une peur permanente qui s'incruste dans son cœur, ligote sa parole et marque à jamais sa personnalité. Malgré la haine qu'il voue à son père, Fadi a réalisé le «désir» obsessionnel de ce dernier qui voulait coûte que coûte que son fils fasse des études et accomplisse son rêve. Chose inimaginable pour un enfant qui a vécu la misère extrême.
De ce père Fadi retiendra l'image d'un tyran aux idées arrêtées. Il est vrai que comme le dit Jean d'Ormesson, «il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des présents». Fadi ne se souvient pas de son père, il est hanté par lui. Notre mémoire sélectionne les bons souvenirs qui nous rappellent nos morts. Dans le cas de Fadi, le père vit en lui et le persécute même dans ses rêves. Le père est lié dans ses souvenirs à cette main qui s'abat sur lui, au solide rameau d'olivier, à une corde mouillée ou tout autre objet qui pouvait servir à punir un enfant sans défense.
Frapper un enfant pour le corriger faisait partie de la vision que les anciens avaient de l'éducation. Ne dit-on pas que le bâton est sorti du paradis? Mais un père qui n'a pas vu ou su deviner la détresse de son fils ni essuyer ses larmes d'enfant écorché vif, dépasse tout entendement.
Fadi a connu l'expérience la plus scandaleuse qui puisse arriver à un enfant: des abus sexuels répétés perpétrés par le fkih et les élèves plus âgés de l'école coranique et même en famille par un cousin. Parce qu'illicite, renvoyant à la dépravation de l'agresseur tout en qualifiant l'humiliation que subit la victime, l'acte pédophile est relégué au domine du secret et du honteux.
Une autre forme de pédophilie institutionnalisée révolte l'auteur. Celle que subissent Fadéla sa sœur et Chama sa tante mariées très jeunes à des hommes beaucoup plus âgés qu'elles. Des fillettes qui ne savaient rien de l'institution maritale et n'avaient aucune idée des attentes des hommes à leur endroit. Des fillettes qui durent faire un passage brutal et traumatisant à la vie d'adulte. Elles se refusèrent autant qu'elles purent mais finirent par capituler devant les assauts nocturnes, les coups et les chantages orchestrés.
Le roman de Mellouki est une œuvre grave et bouleversante où s'alternent les moments de grande violence et les éclaircies d'une infinie tendresse. Le lecteur y est tenu en haleine du début à la fin. Avec des mots justes et forts l'auteur nous donne accès à ses secrets les plus intimes et laisse s'exprimer des émotions qu'on n'envisage même pas d'avouer à soi-même. L'enfant assiégé étale au grand jour des crimes rarement punis auxquels sont exposés des enfants sans défense au Maroc.
L'âme de Fadi se trouve-elle apaisée à ce stade de sa quête ? L'histoire se poursuit dans Le chant de la huppe.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.