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«Les écosystèmes ont créé une dichotomie au sein de l'économie»
Publié dans Albayane le 26 - 09 - 2021


Par Fairouz El Mouden
Le renforcement de la dynamique du secteur privé marocain reste aujourd'hui primordial et la poursuite de son développement pourrait favoriser l'inclusion et la création d'emplois. Le rapport sur le secteur privé marocain réalisé conjointement par la BERD, la BEI et la BAD recommande ainsi une plus grande diversification économique combinée à une participation accrue aux chaines de valeur mondiales pour permettre et garantir à l'avenir une croissance à la fois résiliente et inclusive tirée par le secteur privé.
Le constat fait à priori par le rapport est que le secteur privé marocain peine encore à créer des emplois dans le circuit organisé et ne permet pas une croissance de la valeur des PME. En effet, malgré les politiques volontaristes engagées par le pays et les politiques de développement accées sur l'investissement public, la promotion des IDE et la création des écosystèmes industriels, les retombées sur les entreprises locales restent toutefois limitées et les écosystèmes ont engendré une dichotomie au sein de l'économie marocaine.
Ainsi, pour faire face à cette situation qui a été aggravée par les effets de la pandémie de la covid-19 qui ont entrainé une récession et un doublement du déficit des finances publiques et une hausse de la dette publique, il est fortement recommandé que le secteur privé consolide sa dynamique pour aller vers une croissance inclusive.
Le rapport rappelle que la réaction rapide des autorités marocaines face à la dégradation de la situation sanitaire et économique a aidé à faire face à la crise économique et sanitaire. En 2021, «on s'attend à ce que les effets négatifs de la pandémie sur le commerce, l'activité économique et les marchés financiers s'atténuent. Les projections tablent sur une croissance économique positive, soutenue par la reprise des exportations vers l'Union européenne, une bonne saison agricole, le retour partiel des touristes et la résilience des envois de fonds des migrants», relate le rapport. Aussi, à court terme, l'augmentation de la dette publique limitera la marge de manœuvre budgétaire et l'investissement public.
L'autre constat fait part de la dépendance des industries marocaines vis-à-vis d'un nombre limité de produits et de marchés et précise que la lutte contre les disparités régionales jouera un rôle crucial à cet égard.
La stabilité du cadre macroéconomique et de l'environnement politique, selon le rapport, a profité à l'économie nationale durant les 20 dernières années. Cette stabilité a permis au pays d'offrir l'un des «climats d'investissement les plus propices d'Afrique». Ce qui lui a permit de comparer et évaluer ses performances et ses objectifs à ceux des économies plus avancées d'Europe centrale et orientale.
Les atouts du pays ne se limitent pas à cette stabilité macroéconomique, mais aussi à un déficit budgétaire de l'Etat maintenu à des niveaux acceptables, la dette publique est maîtrisée et bien gérée, y compris depuis l'apparition de la pandémie de Covid-19. En outre, le déficit courant est financé de manière durable et les réserves de change sont importantes et stables. L'inflation reste faible, ce qui contribue à stabiliser l'économie et à maintenir des taux d'intérêt modérés, indique le rapport.
Les faiblesses existent aussi. Puiseurs obstacles entravent une croissance plus inclusive et plus durable. En dépit des projets de diversification de l'économie au moyen de politiques industrielles, la production économique reste très instable et tributaire des précipitations. En outre, la croissance économique n'a pas suffi à répondre aux aspirations des citoyens en matière de bien-être, alors que la pauvreté et les disparités régionales marquées touchent une grande partie de la population.
Pour en garantir la réussite, le renforcement de l'investissement privé sera certainement crucial, dans la mesure où le secteur public, par l'intermédiaire des grandes entreprises publiques, demeure l'un des principaux moteurs de la croissance.
La stimulation des investissements privés rencontre toutefois diverses difficultés. La stratégie de développement du secteur privé au Maroc visait surtout à attirer des investissements directs étrangers, principalement par l'intermédiaire d'« écosystèmes industriels » qui se concentrent sur un petit nombre d'entreprises. Alors qu'elles représentent environ 90 % des entreprises marocaines, les PME peinent à investir, à accroître la valeur ajoutée, à se développer et à embaucher.
Malgré les nombreuses réformes mises en œuvre par les autorités au cours des deux dernières décennies, les entreprises du pays dénoncent régulièrement des entraves à leurs activités, notamment des barrières à l'entrée, des difficultés d'accès aux terrains industriels, un faible niveau de capital social, des obstacles bureaucratiques, un système judiciaire lent et des procédures de marchés publics trop lourdes. À l'avenir, l'informatisation des procédures et des processus, dans le secteur tant public que privé, notamment sous la forme d'initiatives visant à améliorer l'administration en ligne, peut s'avérer cruciale pour libérer le potentiel de l'investissement privé.
L'accès aux financements constitue une entrave majeure pour les investisseurs privés, peu importe leur taille. Le Maroc possède l'un des systèmes bancaires les plus développés d'Afrique. Pourtant, trop d'entreprises, même dans l'économie formelle, peinent à accéder au financement bancaire, tant pour les fonds de roulement que pour les investissements. L'intermédiation financière est freinée par la concentration relativement élevée des prêts bancaires dans quelques grandes entreprises, par des exigences strictes en matière de collatéral et par la disponibilité limitée d'informations sur le crédit. En outre, une grande partie de la population n'a ni compte bancaire ni relation active avec une institution financière. Il s'avère donc essentiel d'accélérer la mise en œuvre de la stratégie nationale d'inclusion financière, notamment en renforçant le rôle clé des institutions financières non bancaires, telles que les organismes de microcrédit et les sociétés de crédit-bail.
L'investissement privé est à même de se développer au Maroc s'il met à profit les possibilités offertes par une plus grande participation aux chaînes de valeur mondiales et une intégration plus poussée en Afrique subsaharienne.
Bon nombre des défis cités plus haut pourraient être transformés en opportunités pour le secteur privé de participer plus largement à l'activité économique. Par exemple, en mettant en place des partenariats public-privé et en favorisant davantage l'investissement dans des activités qui soutiennent la transformation verte et numérique de l'économie. Les chaînes de valeur mondiales (CVM) représentent entre 60 et 80 % du commerce international.
Les entreprises des économies émergentes qui participent à une CVM bénéficient non seulement de débouchés supplémentaires à l'exportation, mais aussi de l'accès à des technologies étrangères sous licence et de nouvelles formes de pratiques de gestion. Ces quinze dernières années, le Maroc a mis en œuvre des stratégies industrielles volontaristes et l'intégration dans les CVM a considérablement augmenté, notamment dans trois secteurs et écosystèmes prometteurs, à savoir la santé, l'automobile et l'aéronautique. Dans l'ensemble, la participation du Maroc aux CVM est conforme à celle des pays à revenu intermédiaire comparables, mais la participation en amont (c'est-à-dire, la part de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations brutes marocaines) est relativement plus élevée.
Une intégration plus poussée en Afrique subsaharienne devrait aussi accroître la part de la valeur ajoutée locale dans les exportations.
Si les exportations totales ont très rapidement augmenté au cours des deux dernières décennies, les principaux marchés de destination demeurent ceux de l'Union européenne. Cette dépendance relative vis-à-vis de l'Europe est actuellement compensée par les efforts que déploie le Maroc pour tirer profit des possibilités qui se présentent à l'échelle régionale, en particulier en Afrique, en matière d'échanges et d'investissements. Si le commerce et l'investissement n'ont cessé de se renforcer entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne ces vingt dernières années, ils restent à des niveaux modestes. L'expansion récente de banques marocaines ainsi que les importants investissements directs étrangers du Maroc vers l'Afrique subsaharienne témoignent d'une intégration plus poussée avec le reste du continent.
Les recommandations stratégiques visant à promouvoir l'intégration dans l'avenir comprennent l'accroissement des investissements directs étrangers, le soutien aux CVM et leur renforcement, l'élimination des obstacles actuels à une intégration plus poussée en Afrique, l'amélioration de l'accès aux financements et la diversification des instruments financiers, ainsi que la définition de politiques industrielles appropriées.
Cadre macroéconomique
Des politiques macroéconomiques prudentes et la stabilité politique ont favorisé une activité économique soutenue au Maroc au cours des deux dernières décennies. La croissance annuelle du PIB réel était supérieure à 4 % en moyenne sur la période 2000-2019. Si les services à plus forte valeur ajoutée (comme le tourisme) et les activités industrielles axées sur l'exportation (comme le secteur automobile) gagnent en importance, la croissance reste volatile en raison de la forte dépendance à l'égard de l'agriculture, qui est vulnérable aux conditions météorologiques défavorables. La pandémie de Covid-19 et une extrême sécheresse ont eu de graves répercussions négatives sur l'économie en 2020 : le Maroc a subi une récession et affiche le déficit budgétaire le plus élevé des vingt dernières années. Les pouvoirs publics ont pris des mesures énergiques pour faire face à l'urgence sanitaire et soutenir les entreprises et les ménages. La pandémie a toutefois mis en évidence la dépendance des industries marocaines vis-à-vis d'un nombre limité de produits et de marchés. La croissance tirée par le secteur privé devrait être plus inclusive et réduire les disparités régionales. Le soutien financier des partenaires de développement aidera également le Maroc à atténuer les conséquences de la pandémie et à renforcer la résilience de l'économie à long terme.
L'endettement croissant des entreprises publiques
L'Etat joue un rôle majeur dans l'économie. En 2019, son portefeuille comprenait 225 entreprises publiques, 43 entreprises à participation directe du Trésor, ainsi que 449 filiales ou participations publiques (l'Etat étant l'actionnaire majoritaire dans 54 % d'entre elles). La modernisation du Maroc est soutenue par la présence de l'Etat dans l'économie, notamment par de grands projets d'infrastructure dans les transports (routes, ports, aéroports et chemins de fer), mais aussi dans les secteurs de l'eau et de l'énergie. Les entreprises publiques représentent les deux tiers de l'investissement public et près de 10 % du PIB. L'endettement des entreprises publiques a atteint un niveau élevé et comporte désormais un risque important pour les finances publiques. En 2019, la dette contractée par ces entreprises était estimée à environ 13,8 % du PIB. Elle est concentrée pour l'essentiel (95 %) sur de grands groupes présents dans les secteurs de l'exploitation minière, de l'énergie, de l'eau, des déchets et des transports. Afin d'analyser la dette totale du secteur public marocain, il convient notamment d'ajouter la dette des entreprises d'Etat, garantie par l'Etat, à celle de l'administration centrale. La somme des deux représentait 65 % du PIB en 2019. La Commission spéciale sur le Nouveau Modèle de Développement, mandatée par le Roi Mohammed VI a présenté ses conclusions en mai 2021. Dans ce contexte, le Maroc va se doter d'une Agence des participations de l'Etat, dont le but sera la gestion stratégique et efficiente des participations de l'Etat.
Un secteur financier dynamique est essentiel au développement du secteur privé. Un secteur financier qui offre aux particuliers et aux entreprises un accès efficace aux financements peut faciliter l'échange de biens et de services, la diversification des risques, la mobilisation de l'épargne et l'identification de débouchés intéressants pour les entreprises. Un meilleur accès aux financements peut également aider les entreprises du secteur informel à passer au secteur formel et favorise l'inclusion financière des groupes sociaux défavorisés. Bien que le Maroc dispose d'un secteur bancaire important, la difficulté d'accès aux financements extérieurs demeure un obstacle pour de nombreuses entreprises. L'intermédiation financière au Maroc est freinée par la concentration relativement élevée des prêts bancaires dans quelques grandes entreprises, par des exigences strictes en matière de collatéraux et par la disponibilité limitée d'informations sur le crédit. Si le secteur financier non bancaire revêt une importance croissante au Maroc, sa taille réduite limite le choix des instruments financiers pour les petites entreprises. À la suite de la pandémie de Covid-19, les autorités ont mis en place une série de mesures de soutien aux entreprises. À l'avenir, elles devront également développer les services financiers numériques et l'éducation financière afin de renforcer l'inclusion financière et l'accès aux financements.


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