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Les facteurs sociaux et psychologiques, et les thérapies adoptées pour la vaincre
Publié dans Albayane le 09 - 11 - 2022


Mar Mahmoud Nafaa (Journaliste stagiaire)
Psychiatres, addictologues, acteurs associatifs, addicts en réhabilitation, tous luttent contre cette épidémie de l'addiction aux drogues. Dans le mot toxicomanie, on peut identifier deux mots : toxique et manie, c'est donc la manie de dépendre à des substances toxiques pour le corps et l'esprit humains. Tout commence souvent lors de l'adolescence, on fréquente des amis de quartiers, des camarades de classe et on s'adonne à des substances comme le Haschisch, le Karkoubi, l'Alcool, le Maajoune, la Colle et l'Ecstasy, ça dans les quartiers populaires. Dans les milieux bourgeois, c'est surtout le Haschisch, la MDMA, l'Alcool, la Cocaïne, le Crack, le LSD. Dans ce reportage, Al Bayane a tenté de savoir ce qui était problématique dans l'utilisation de ces drogues, quand elle devient destructrice pour l'individu et la société. Vous y trouverez l'essentiel en matière de facteurs psychologiques et sociaux amenant des usagers à devenir dépendant à ces substances, voire à commettre l'impossible pour s'en procurer, et en matière de thérapies proposées pour lutter contre.
En vue de répondre à cette question, je me suis dirigé vers trois institutions spécialisées dans l'addictologie, la science médicale qui étudie la toxicomanie, la Clinique Villa des Lilas, qui est la clinique psychiatrique la plus grande d'Afrique, le Centre d'Addictologie de Sidi Moumen et le Centre de Développement Humain de Lutte contre les Drogues d'Ain Sebaâ.
Facteurs sociaux facilitant l'addiction, à prendre très au sérieux
La Clinique Villa des Lilas, la plus grande clinique psychiatrique d'Afrique, se trouve à côté du quartier Oasis, dans le quartier Anfa, à proximité des deux grands clubs de foot de la capitale économique, le Raja et le Wydad. C'est un bâtiment esthétiquement beau à voir et d'une architecture très moderne. J'entre dans le service d'accueil, il m'envoie à la porte du secrétariat du Dr. Hachem Tyal, le directeur de la Clinique. La secrétaire me promet un rendez-vous dans deux jours. Après deux jours, je rencontre le médecin, le salue, et me rend compte de la beauté de son bureau, très espacé et grand. Je lui explique l'objet de ma visite et commence l'entretien avec lui.
Après lui avoir posé une question sur l'environnement propice au passage à l'utilisation addictive des drogues, le Dr. Hachem Tyal, psychiatre, psychanalyste et directeur médical de la Clinique Villa des Lilas, nous informe : « L'addiction est une rencontre. C'est une rencontre entre une personnalité qui est prédisposée, un environnement qui le permet et la substance. C'est-à-dire que, il faut que la personne ait une prédisposition à rentrer dans l'addiction et qu'elle soit dans un environnement qui le permet, on voit à titre d'exemple les jeunes, les adolescents, puisque les jeunes ont tendance à vouloir faire ce qui est interdit et ils ne savent pas faire la part suffisamment des choses, et ils sont souvent amenés à ne pas se rendre compte de la dangerosité de leurs actes, et en plus ils sont hostiles vis-à-vis de la loi, les dépassements de la loi font partie de l'adolescence, et ils ne sont pas suffisamment costauds pour s'affirmer, pour dire non. Et donc c'est une prédisposition, une fragilité dans laquelle ils sont qui fait qu'ils vont être plus à même de se laisser aller dans la tentation de prendre de la drogue et dans un environnement qui le permet. Ils sont dans des groupes d'adolescents, et donc ils ne veulent pas faire bande à part, ils veulent faire comme les autres, donc l'environnement adolescent est propice à cela, et il y a des problèmes avec la famille, et il y a des problèmes avec les enseignants, et des problèmes avec la vie, parce que c'est le propre de l'adolescence. Donc il y a l'environnement, la disposition et la rencontre avec la substance : on est ensemble entre potes, et ben fumes, tiens, prends, et voilà on rentre dans l'addiction, qui commence à s'installer. »
L'utilisation des drogues s'inscrit toujours dans des environnements familiaux et sociaux propices au passage à ce type de consommation. Tous les spécialistes et addicts interviewés ont souligné ce point, que c'est par exemple dans des cliques d'adolescents que l'esprit de défi, de rivalité, et le désir de transgression sont favorisés parmi ces derniers. Les environnements familiaux très permissifs ou très autoritaires facilitent d'ailleurs eux aussi le passage à ce type de consommation.
Quelques jours après, je me déplace au CDH de lutte contre les Drogues d'Ain Sebaâ. Avec une adresse difficile à repérer sur le net, j'ai éprouvé de la difficulté à atteindre le CDH d'Ain Sebaâ. Tout de même, j'arrive enfin à l'identifier, et il se trouve à côté d'un petit parc, et si on est en face de cette institution, on se rend compte que l'ancien Zoo d'Ain Sebaâ se trouve à notre droite. Il est 15h de l'après-midi, et le temps est ensoleillé. J'entre dans l'institution, je trouve des femmes, apparemment des mères, assises en face de moi, et à côté de moi, à ma gauche, et des jeunes attendant leur tour à entrer dans le bureau de l'assistant social. Je frappe la porte de ce dernier, ayant entendu un feed-back, j'entre dedans, je trouve un homme assez âgé assis sur son bureau, avec deux jeunes hommes. Je me présente alors et lui demande de m'accorder un mot. Il m'accueille et me souhaite la bienvenue. Je commence donc à discuter avec lui. Après avoir eu certaines informations, je demande au jeune homme assis devant moi, et il s'est avéré qu'il est addict, de me raconter son histoire, qui sera exposée en bas de cet article. Ce dernier d'ailleurs s'est fait fracturé le bras et avait une plaque de compression. Juste avant d'avoir fini avec le jeune homme, l'homme âgé qui était assis dans son bureau, Mr. Saïd Nabil, l'assistant social du centre, m'informe que le président de l'association Azhar, qui gère le centre, est venu et aimerait être interviewé. Donc je vais vers ce dernier, j'entre dans un bureau plus spacieux, et je commence avec lui l'interview.
Mr. Kadiri, de l'association Azhar – Non au Karkoubi, utilise un terme issu de la culture populaire marocaine et de la darija, celui de « dssara » (le caractère de celui qui est mal élevé, impoli, incorrect), et le considère comme une des causes du passage et de la noyade dans l'addiction, et de ce fait rapporte les causes à l'éducation par les parents et l'encadrement des jeunes par les institutions éducatives : « je résume le comportement addictif des patients comme résultant de la « dssara ». Ces enfants avec lesquels nous travaillons, malheureusement, son mal élevés et impolis à un point impossible à imaginer. Et ce problème de l'esprit mal élevé vient d'une seule et unique cause : l'absence d'institutions sociales éducatives et chargées de l'orientation des jeunes. Et il y a un autre souci, on trouve des cas où quelqu'un d'addict au Karkoubi se marie à une jeune femme addicte elle aussi à cette substance, et ils donnent naissance à des enfants, par conséquent eux aussi imprégnés par la même culture toxicomane de leurs parents, et par leurs violences. Et ici, il faut que les institutions étatiques interviennent pour fournir une orientation appropriée à ces jeunes. »
Facteurs psychologiques, les plus dangereux
La prise de drogues est souvent liée à des problèmes psychologiques, à des difficultés dans la construction de la personnalité, ce fait n'amène pas toujours à l'addiction, mais peut la favoriser quand on ne confronte et ne comprend pas les fragilités existant au niveau de notre construction psychologique, et qu'on utilise les substances comme outils de sortie, comme échappatoires, ou comme moyens de résolution de ces problèmes. Par ailleurs, chaque substance psychotrope comporte un effet bénéfique pour l'usager, quoique temporaire et quand l'effet descend il se transforme en contre-effet qui produit davantage de peur et d'anxiété.
Sur ce point des facteurs psychologiques, le Dr. Tyal répond : « tout de même ne devient pas addict qui veut, heureusement d'ailleurs ! L'addiction c'est quand même un faible pourcentage, il faut le dire. Les jeunes croient que tout le monde est addict, c'est faux. Il s'agit quand même d'un petit pourcentage, moins de 10%, hein ? D'après les études réalisées au Maroc jusqu'à maintenant. Donc, il faut dire qu'on ne devient pas drogué lorsqu'on a fumé une fois, ou parce qu'on a pris un verre une fois, on ne devient pas alcoolique quand on boit de l'alcool de temps en temps. Donc il y a une prédisposition aussi dans la personnalité, il faut donc qu'il y ait une fragilité au niveau de la construction de cette personnalité pour que la prise de drogue puisse s'inscrire dans quelque chose d' « addictif », dans de l' « addiction ». C'est-à-dire, qu'on constate que la plupart des gens quand ils prennent des drogues ne deviennent pas addicts, quand ils prennent des verres ne deviennent pas alcooliques. »
Et le Dr. Tyal d'ajouter : « Il faut savoir que les drogues peuvent calmer, comme par exemple l'alcool. L'alcool calme beaucoup l'anxiété. Il est évident que quelqu'un qui est anxieux, et quand il rentre il y a beaucoup de tension chez lui, quand il termine son travail le soir il va préférer aller dans un bar pour calmer son anxiété, mais très vite son anxiété devient elle-même dépendante de la prise d'alcool, et donc il a besoin de plus en plus d'alcool : il rentre dans l'accoutumance et la dépendance, et c'est comme ça que s'installe l'addiction. Pareil pour la cigarette qui est aussi liée à l'anxiété. »
Lors d'une autre journée, vers 10h du matin, je me déplace au Centre d'addictologie de Sidi Moumen, situé au quartier Attacharouk, le service d'accueil du centre me demande d'aller au premier étage pour rencontrer le médecin. Je trouve enfin le bureau du médecin principal responsable du Centre. Je me dirige donc vers ce dernier, mais je le trouve en pleine séance avec un patient, donc j'attends. A la suite de quelques minutes, il sort de son bureau, je vais vers lui en lui indiquant l'objet de ma visite. Il me donne son téléphone et fixe avec moi un rendez-vous, son nom c'est Mohamed Radouani.
Quelques jours après, cette fois à 13h d'après-midi, je suis à nouveau dans le centre, après avoir notifié le médecin de ma venue. Rendez-vous donc confirmé, j'entre dans son bureau et je commence avec lui l'entretien. Le Dr. Radouani s'exprime sur ce sujet en indiquant : « la problématique consiste en comment dompter notre psychologie. 90% de nos comportements se font de façon inconsciente, et seuls 10% sont conscients. Les 90% sont du registre de l'automatique, du registre de l'inconscient. On dispose de cette force intérieure qui nous permet de sortir des situations difficiles, il suffit juste de savoir la faire sortir. Il faut utiliser la ruse avec la drogue, parce que la dépendance à cette dernière est plus forte que l'individu. C'est comme le cas de quelqu'un qui est plus fort que moi, à chaque fois que je passe devant lui il me bat. Donc, je vais faire quoi dans ce cas, je change par exemple de rue, pour ne plus le rencontrer. C'est une des stratégies à adopter, mais elle est insuffisante, il faut que je m'entraîne tout de même pour devenir plus fort et apte à confronter le gars qui me bat, ou la drogue en l'occurrence qui me soumet. »
La diversité des thérapies adoptées pour lutter contre la toxicomanie
Plusieurs thérapies sont proposées par des spécialistes, des acteurs associatifs et des usagers. Il y a les méthodes psychothérapiques centrées par exemple sur la thérapie comportementale et cognitive, les méthodes psychiatriques d'administration de médicaments, les méthodes psychanalytiques qui analysent ce qu'il y a derrière toute prise de drogue, dans l'inconscient. Ainsi qu'il y a d'autres méthodes nouvelles, dites alternatives, comme l'art-thérapie ou la médiation par l'art, les thérapies de groupe.
En matière de thérapie à mettre en œuvre, le Dr. Radouani précise : « Il faut, par exemple, pour confronter le problème addictif que j'exerce quelque hobby, un sport, une pratique artistique, constituer des relations positives. Et il faut que je m'efforce à le faire, que je m'impose de le faire, pour que cette activité devienne automatique et remplace l'automaticité de la pratique addictive. A force de faire quelque chose aujourd'hui, demain, après-demain, cette activité devient automatique et est apprise et maîtrisée par le cerveau. Tout de même, il faut noter que ces activités doivent être d'abord faciles et accessibles pour que ça puisse fonctionner. Si l'activité est chère ou inaccessible, cela ne va pas marcher. L'activité par ailleurs doit donner du plaisir et de la motivation pour qu'elle réussisse à s'installer. »
Alors que le Dr. Tyal indique à ce sujet : « Il n'y a pas de médicaments pour l'addiction, ça n'existe pas. Les médicaments qui existent c'est pour apaiser la souffrance liée à l'absence de drogues dans le sang. Pourquoi ? Parce que quand on prend des drogues, il y a deux types de dépendances, il y a la dépendance physique et la dépendance psychologique. La dépendance physique n'existe pas toujours, mais la dépendance psychologique existe toujours, hein ? Donc, pour enlever cette dépendance, il faut faire une analyse de la situation et voir quels sont les problèmes qu'il y a derrière. Il y a des gens pour qui simplement les thérapies comportementales et cognitives permettent d'arranger, de trouver des réponses dans le comportement et qui peuvent changer le fonctionnement de l'individu durablement, donc ce sont des thérapies adaptées aux troubles addictifs et des techniques, une sorte de reprogrammation de l'individu d'une certaine manière, qui peuvent être efficaces, mais il y a des gens chez qui ces thérapies ne vont pas marcher parce qu'ils ont des problématiques autres, différentes, parce qu'en réalité les TCC ne s'attaquent pas à ce qu'il y a derrière, elles s'attaquent aux comportements, c'est pour cela qu'elles sont appelées comportementales et cognitives. Alors pour traiter ce qu'il y a derrière souvent, c'est la psychanalyse qui peut aider, ou la psychiatrie, ou la psychologie ou la psychodynamique. Dans le travail qui est fait avec les gens, on peut en réalité donner sens à quelque chose qui n'en avait pas, on peut donner sens au non-sens, et quand on donne sens au non-sens dans l'inconscient, cet inconscient peut réparer un certain nombre de choses, et c'est à travers ça que l'individu peut trouver des solutions au niveau de son inconscient à la problématique addictive, ça peut être efficace avec d'autres personnes. »
Et en lui posant une question sur l'existence d'autres thérapies alternatives efficaces, le Dr. Tyal m'explique : « Je crois beaucoup, et chez les addicts en particulier, en les thérapies de groupe, elles sont extrêmement importantes, parce que le partage avec le spécialiste et d'autres usagers aide énormément, c'est extrêmement important, c'est ce qu'on fait ici à la clinique Villa des Lilas. Et aussi le travail par des médiations, des médiations corporelles, des médiations par l'art, par la production artistique, si vous avez vu les tableaux qui sont dans la clinique, ils sont tous l'œuvre de patients qui sont passés par là et qui n'ont jamais touché un pinceau auparavant, hein ? »
Le Témoignage d'Abderrahim, 24 ans, addict au Haschisch et au Karkoubi
La « Dssara » d'Abderrahim, selon ses dires, et l'échec de son projet d'être joueur de football le plonge dans l'addiction, il est en réhabilitation dans le centre de Développement humain d'Ain Sebaâ. Son témoignage :
« J'ai commencé par « Dssara » (signifiant à la fois impolitesse, transgression et arrogance en arabe dialectal marocain), et petit à petit j'ai passé d'une drogue à l'autre, Cigarette, Haschisch, Karkoubi. L'addiction aux drogues a tout bousillé dans ma vie, mes études, mes aptitudes physiques, etc. L'addiction m'a amené à m'isoler socialement, à des comportements antisociaux, à m'isoler de ma famille. Quand l'addiction devient de plus en plus importante, et vu le manque de moyens, elle peut amener l'usager à devenir dealer pour se procurer la somme d'argent appropriée pour s'acheter la substance. Je précise que cela fait 8 ans que je suis addict aux drogues, donc j'ai commencé à l'âge de 16 ans et j'insiste sur le fait que c'est moi-même qui a voulu essayer, et personne ne m'a imposé de le faire. Tout de même, il faut dire que la fréquentation de certains environnements et de certaines cliques qui pratiquent la drogue, peut être un facteur renforçant le passage à l'addiction.
Et d'enchaîner : « j'étais auparavant footballeur amateur dans mon équipe locale, située à Sidi Bennour, le Difaâ Hassani d'El Jadida (club de football évoluant en première division nationale) a voulu acheter mon contrat, mais le club de ma ville natale a refusé. Ce fut une des raisons qui m'a poussé à augmenter ma consommation de drogues. Donc je viens de Sidi Bennour jusqu'ici à Ain Sebaâ, à Casablanca, pour être traité, et pour surpasser mon addiction aux drogues, faute d'institution présente dans ma ville natale. Après une période d'arrêt du Karkoubi, j'ai constaté la naissance de boutons dans mon corps. Ce que l'assistant social, Saïd Nabil, a commenté comme suit : « c'est normal, ton corps après l'arrêt de l'utilisation de cette substance toxique, commence à faire sortir le poison sous forme de boutons ». A cause de ma consommation en parallèle du Haschisch, je ne prends plus soin de moi-même, mon corps s'effondre et s'affaiblit, je n'utilise même plus le parfum, même un parfum cher acheté par mon frère, pour pouvoir fumer le haschisch, une substance qui perd son effet si on a du parfum sur notre corps, quand on veut rouler un joint. »


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