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A nos amis de la gauche espagnole
Publié dans Albayane le 20 - 06 - 2023


Par Mourad Akalay
C'est au cours d'un débat parlementaire à Madrid, retransmis à la télé, que je me suis rendu compte de l'unanimité des Partis politiques espagnols à l'exception du PSOE, fait rarissime en lui-même, contre la déclaration du gouvernement espagnol sur le Sahara. Un rejet, de l'extrême droite à l'extrême gauche y compris celle associée au gouvernement de coalition, sans nuance aucune sinon une surenchère d'agressivité d'un autre âge. Je me suis souvenu alors de la réaction du Pr Verstrynge, un proche de Podemos et natif de Tanger, au cours d'un débat entre journalistes d'une chaîne d'info continue : « Cessez de vous acharner à la moindre occasion contre ce pays comme face à un taureau dans l'arène ! Marruecos es un gran pais !».
Comment peut-on comprendre cette animosité contre un pays et un peuple voisins qui ont vécu tant de siècles de coexistence et d'échanges culturels, démographiques, humains, faisant certes parfois couler beaucoup trop de sang de part et d'autre du détroit ? Mais qui ont fini par bien se connaitre au bout du compte.
A Tanger, les familles marocaines et espagnoles partageaient les mêmes quartiers, parfois les mêmes immeubles, leurs enfants toujours les mêmes aires de jeu avec les mêmes idoles Larbi Ben Mbarek, Di Stefano, Puskas, Gento… On se chamaillait sur les pronostics, la qualité du jeu, rarement sur l'identité des joueurs. En ville, les commerçants, les artisans voire les paysans pratiquaient un espagnol métissé de mots du dialecte populaire marocain, mais ils se comprenaient pour l'essentiel.
Vingt ans plus tard, en février 1976, quelle ne fut pas ma surprise en débarquant à Laayoune dans le cadre d'une mission technique de mise en place des premières infrastructures de radiocommunication avec le Nord du pays, de me trouver face à un « Bantoustan » où la population indigène était cantonnée dans un bidonville « Hat Zemla » et le centre-ville occupé par les pavillons des expats. Pas de commerces si ce n'étaient quelques boutiques de vente d'articles de soieries, d'équipements électroniques, de sacs de riz, de cigarettes etc.. visiblement destinés aux expats. Un unique et grand hôtel de luxe Parador, mises à part 2 boucheries de viande de caprins et de chameaux. Aucune trace d'autres commerces alimentaires et encore moins de café ou de restaurants sauf la Casa de España qui servait boissons et repas exclusivement aux expats, en très grande majorité des militaires. Le terrain vague attenant était là, témoin des tonnes de débris de tessons de bouteilles abandonnés scintillant sous un soleil torride.
Côté infrastructures le tour était vite fait. Chaque bâtiment disposait de son propre réservoir d'eau douce rechargeable périodiquement par camion-citerne. Le central téléphonique équipé pour mille lignes n'en desservait que quelques centaines faute de demande .Du point de vue des liaisons téléphoniques seul un faisceau hertzien troposphérique reliait Laâyoune aux Canaries.
Le 26 Février 1976 devait être la date limite de présence espagnole au Sahara clôturée par la cérémonie d'échange des couleurs accueillie par les clameurs d'Allah Ou Akbar lancées par les gorges déployées des membres de la Djemaa, si tôt hissées les couleurs marocaines. Une scène émouvante sous un soleil de plomb, devenue particulièrement pesante pour les gradés militaires de la Légion présents.
Dans les services techniques les rares expats encore à la manœuvre préparaient leur départ non sans une grande amertume de devoir quitter le petit personnel d'entretien et de gardiennage qu'ils pensaient laisser, livrés à leur propre sort. En discutant avec ces derniers, j'avais décelé les effets dévastateurs de l'intox volontaire ou non du colonisateur : vous n'aurez bientôt plus d'eau douce, plus d'électricité, encore moins de téléphone, ne parlant pas des moindres services publics. Campagne relayée par la radio du pays voisin et la perfidie des préjugés racistes. Nos démentis et explications tardives n'y pouvaient plus rien, un grand nombre de « harkis » et leurs familles avaient déjà pris le chemin de Tindouf.
Cet exode rappelait celui massif des harkis algériens lors du retrait des troupes françaises en Algérie
Le contact avec la population était plutôt cordial aussi bien dans l'espace public que sur les chantiers. Les maçons étaient surtout des Ait Ba Amran et les manœuvres des harratins (Noirs d'Afrique). A Smara aux termes d'un chantier conclu dans les délais, quelle ne fut pas ma surprise de voir la famille d'un des ouvriers nous gratifier d'un plateau de verres de thé servis selon la tradition locale. La fierté des Sahraouis et surtout des Sahraouies faisaient plaisir à voir. L'air résigné des Noirs devait bientôt commencer à se dissiper avec les premiers gestes fermes des nouvelles autorités locales, signifiant clairement qu'aucune discrimination envers eux ne saurait être tolérée.
Mes séjours successifs à Laâyoune puis Smara entre février 1976 et la fin 1980 m'ont permis de tester la fierté et la droiture du commun des mortels qui méritait d'être affranchi de l'emprise des préjugés et des sous-entendus parfois venimeux. Tâche O combien salutaire dans un territoire où la seconde métropole portait le nom de Villa Cisneros, du nom du Cardinal chef de l'Inquisition contre les Morisques à la fin du Moyen Age en Espagne. Une humiliation sans nom pour les Musulmans, la présence coloniale sur ce territoire est en tout point fidèle aux recommandations du testament de la reine « Isabel La Catolica ».
S'il n'est donc pas compliqué de comprendre l'hostilité des partis de droite et du centre compte tenu du poids de l'héritage franquiste, de l'influence de l'Eglise, sans oublier le souvenir des humiliantes défaites de la guerre du Rif et les clichés éculés de la Reconquista. Moro d'hier et Moro d'aujourd'hui, pour eux, c'est blanc bonnet, bonnet blanc.
Il en va tout autrement pour les groupes de gauche. Ces derniers marqués par les atrocités causées par les « Regulares » (soldats rifains) appelés en renfort par le gouvernement de la République pour mater la révolte des mineurs des Asturies en 1934 puis par le Général Franco en 1936 lors de son insurrection contre la République. Dans les deux cas ce furent les populations ouvrières et urbaines qui en payèrent le plus lourd tribu. Mais pourquoi alors ce « deux poids, deux mesures » entre mercenaires européens qu'ils soient allemands ou italiens et moros ? L'idéologie de gauche rend-elle à ce point aveugle ? Certes les premiers étaient embrigadés de force par le fascisme, alors que les seconds se faisaient enrôlés pour ne pas mourir de faim. Ils étaient au nombre de 80.000 parmi les unités combattantes desquels 15 à 20.000 ont perdu la vie et un grand nombre en sortirent mutilés à jamais. Contrairement aux engagés de la Division Azul envoyée par Franco en URSS pour combattre l'Armée Rouge qui, eux, étaient volontaires.
Par contre, les bombardements aériens des villages d'Ajdir n'étaient-ils pas aussi condamnables que celui de Guernica ? Leurs populations ne méritent-elles pas compassion et solidarité ?
D'aucuns diront que le Maroc profite du contexte actuel pour brandir ses revendications oubliant que l'opinion publique n'a jamais cessé de clamer tout haut ses droits. Ainsi en est-il du communiqué daté du 10 Avril 1956, par lequel le Parti Communiste Marocain (interdit) « salue l'accord hispano-marocain reconnaissant la fin du Protectorat espagnol sur la zone nord du territoire, constate que dans la déclaration commune aucune mention n'est faite concernant les présides de Ceuta et Melilla, l'enclave d'Ifni et le territoire du Rio de Oro ». Cette prise de position était identique à celle de l'ensemble des partis politiques du pays et surtout proclamée par le discours solennel du Roi Mohamed V à Mhamid El Rizlane aux portes du Sahara en 1958, soit bien avant que l'ONU ne se soit saisie du dossier en 1963.
En 1956, aucune des deux républiques ayant parrainé la « RASD » la République Algérienne Démocratique et Populaire et la République Arabe Libyenne n'avait d'existence légale. Tout comme le général Franco, les colonels Boumediene et Kadhafi, tous militaires parvenus au pouvoir suite à des coups d'état « démocratiques », se tournaient chacun à sa manière vers le monde arabe : le premier parce que boudé par l'Occident, les deux autres par idéologie nationaliste panarabe. Ces deux derniers n'eurent aucun mal à s'entendre pour baptiser leur nouveau-né d'arabe et de démocratique, conformément aux « gènes » de leur ascendance. Et cerise sur le gâteau lui assigner pour drapeau un remake de celui de la Palestine, sans se soucier du discrédit qu'ils causaient à la cause nationale du monde arabe.
Oubliant en outre que le Sahara était un territoire parcouru par des tribus arabes et berbères sans distinction. En introduisant le vers dans le fruit, par idéologie plus que par équité démographique, les architectes de la nouvelle république prenaient le risque d'introduire le germe de la discorde dans une région qui n'a que trop souffert des guerres tribales.
Déjà en 1930, les autorités coloniales françaises avaient dû retirer, sous la pression populaire, leurs lois ségrégationnistes (Dahir Berbère), voilà que certains voudraient aller contre le sens de l'histoire.
Comment la gauche madrilène pourrait-elle ignorer les sacrifices du peuple marocain pour sa libération du joug colonial et sa résistance face aux tentatives de balkanisation du pays, selon la stratégie de partage de l'Afrique par les puissances coloniales de l'époque à la Conférence de Berlin (fin du XIX ème) à l'insu des pays africains concernés? Or c'est précisément du Sahara que partait la résistance à la pénétration coloniale tout au long du XX ème siècle et jusqu'à 1958 avec l'évacuation de l'armée franquiste de la région de Tarfaya. Et c'est de cette partie du territoire que sont issues les principales dynasties du royaume chérifien tout au long de l'histoire.
Les municipalités de gauche organisent chaque été des « colonies de vacances » pour les enfants de Tindouf leur enseignant la langue et la culture espagnoles, dans le cadre de l'action caritative teintée de relents messianiques. De quoi en faire de futurs adultes détournés de leurs racines. Est-ce ainsi qu'elles entendent œuvrer pour la paix et la sécurité entre voisins ?


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