Le sport professionnel génère aujourd'hui des masses d'argent colossales avec l'augmentation des salaires des joueurs, le montant des transferts, les droits télévisuels et les produits dérivés. Une activité lucrative aux dérives de plus en plus nombreuses. Les sportifs sont-ils de simples marchandises ? Longtemps considérés comme les esclaves des temps modernes, engagés à vie par leur club et sans possibilité de transfert, les grands sportifs sont aujourd'hui, les vrais bénéficiaires du sport business. Ils accumulent désormais salaires et autres revenus de sponsoring ou de droits à l'image tout en ayant conquis une liberté presque totale. Dans le football, par exemple, le système du Mercato permet aux joueurs de changer de club deux fois par an (au début et en milieu de saison). Les clubs ne conservent leurs stars qu'à coups d'augmentation renouvelées et les agents poussent aux transferts pour toucher le maximum de commissions. Quant au joueur, il obtient à chaque mouvement un contrat plus avantageux. Avec le mercato, le supporter peut avoir de mauvaises surprises : il achète un abonnement au stade attiré par la présence d'une star, qui peut se retrouver cinq mois plus tard dans un autre club. Marchandisation du sport Les relations marchandes entre le sport et la télévision connaissent une croissance extraordinaire depuis quarante ans. Ne disposant pas de statistiques nous permettant d'évaluer cette relation marchande qui subsiste entre le sport et la télé au Maroc, on ne peut que constater, cependant, que le modèle marocain ressemble au modèle européen et notamment Français, qui repose sur une base éthique du sport qui est considéré comme un lien culturel et social. On essaye alors de préserver cette éthique et de résister aux appels financiers du secteur privé. Aux Etats-Unis, la marchandisation du sport l'a transformé en un spectacle, entièrement financé par des firmes qui voient dans le sport un moyen de communication privilégié. Le passage du sport dans la logique marchande implique des conséquences inévitables. La télévision a joué un rôle majeur dans cette mutation du sport. Par son intrusion dans le champ sportif de haut niveau, elle porte les grands événements à une dimension internationale et cette visibilité profite aux marques mondiales, qui trouvent ainsi un moyen de communication à leurs mesures. Les chaînes apportent des financements au mouvement sportif, mais imposent leur loi pour une mise en spectacle accrue, au risque ici encore de dénigrer la culture sportive. L'argent du sport est-il toujours propre Blanchiment d'argent, dopage et corruption, le sport connaît de nombreuses dérives. Le financement des transferts est parfois douteux, des matchs seraient achetés à l'avance et les instances les plus hautes du sport ne sont pas à l'abri de ces malversations. L'impact économique est tel pour les villes organisatrices de Jeux olympiques (équipements sportifs, hôtellerie, métro…) que la corruption est tentante. Pour obtenir les jeux d'hiver 2002, Salt Lake City a dépensé 15 millions de dollars dans l'achat de la bienveillance des membres du CIO ! Six membres du Comité ont été exclus et quatre ont démissionné. Cela n'a pas empêché Salt Lake d'organiser ses Jeux avec un bénéfice avoisinant les 100 millions d'euros ! Le real Madrid fait-il du sport ou du business ? En 2005, une étude mettait en avant un chiffre d'affaires du Real Madrid en hausse de 17% en un an ! Succès sportifs ? Vous n'y êtes pas, le club accumule les contre performances. Mais il brille sur le terrain du business. Sur les 276 millions d'euros gagnés, 124 procèdent de l'exploitation des droits à l'image du Real et de la vente de produits dérivés (maillot, gamme de soins…). Le club est aussi connu pour ses rachats de vedettes mondiales à des prix exorbitants : Zinedine Zidane, 77 millions d'euros. Luis Figo, 62 millions. Ronaldo ,42 millions d'euros. Le Brésilien Kaka, 67 millions d'euros et Karim Benzema, 35 millions d'euros. Mais le transfert le plus cher de l'histoire du football et du sport est celui de Cristiano Ronaldo, transaction qui s'élève aux alentours de 94 millions d'euros. L'homme à l'origine de ces dépenses se nomme Florentino Perez. Un riche homme d'affaires espagnol et le plus grand entrepreneur de BTP en Espagne. Avec ces achats, il fait basculer le monde du football dans le monde du business. Focus Quand la télé change les règles du sport Une discipline ne peut attirer durablement des sponsors généreux que si elle est exposée dans la petite lucarne, et en prime time de préférence. Mais, pour être télévisée, elle doit être télégénique. Comment faire ? Le tennis a instauré dès le début des retransmissions sportives le tie-break pour en finir avec les parties interminables. Le tennis de table a modifié la couleur de sa balle, puis son diamètre. Le sabre, en escrime, a imposé le port des masques transparents pour rendre les assauts plus glamour. Certains sports font de la résistance comme le football qui refuse de multiplier les mi-temps, et donc les tunnels de publicité, pendant les matchs. Mais toutes les disciplines ne sont pas dans sa position de force !