L'ouverture officielle de la médiathèque de la Mosquée Hassan II a eu lieu mardi dernier. Etendue sur une superficie de 12.400 m2, cette nouvelle structure entend renforcer la dimension culturelle de la ville de Casablanca. Au cœur de la Mosquée Hassan II, en face du parking de la foire de Casablanca, se situe la médiathèque de la Fondation Mosquée Hassan II. L'édifice paraît à vue d'œil imposant. A l'intérieur, un plateau immense vous accueille. D'emblée, il inspire la sérénité et titille la cogitation. A peine arrivé, l'on se sent déjà propulser dans un univers communicatif qui vous procure le sentiment d'appartenir à cet endroit. Un personnel affable vous reçoit et vous donne l'envie de prolonger votre séjour à la médiathèque. Il s'empresse de fournir aux quelques visiteurs déjà là les renseignements demandés. Ce qui est subjuguant dans cet endroit de culture, c'est qu'il est perméable, puisque seules les vitres séparent les bureaux, à l'image de l'esprit que l'on veut accorder à cette institution ouverte sur toutes les sciences. Une chose est sûre : la médiathèque ressemble à un véritable temple de savoir. «C'est un vrai bijou», lâche un visiteur quinquagénaire venu ce matin pour s'informer sur les modalités de l'inscription. Plus loin, un couple avec leurs deux enfants sont déjà en visite guidée accompagné de l'un du personnel de cette réalisation. Les rayonnages sont déjà remplis par 90.000 ouvrages toutes disciplines confondues en attendant d'atteindre le nombre de 200.000 documents d'ici 6 mois à deux ans, nous informe Bouchaïb Fokar, le conservateur de la Fondation. «Vous savez, l'acquisition des livres n'est pas une tâche mince. Il faut tenir en considération la qualité et la valeur scientifique de l'ouvrage. C'est pour cela que j'ai mis en place une commission scientifique composée d'universitaires et intellectuels pour nous concerter sur les achats à effectuer», explique l'ex- gouverneur de Hay Hassani. La médiathèque, dont le coût global est de 200 millions de DH, propose aussi un espace dédié aux enfants et aux jeunes. Une panoplie de livres de littérature, de sciences et connaissance générale sont déjà rangés sur les rayonnages. Des BD sont également disponibles en grande quantité au grand plaisir des chérubins. Un troisième espace destiné aux adultes offre une documentation diverse sur plusieurs domaines scientifiques notamment les sciences humaines et sociales, la littérature, les langues, la philosophie, l'astrologie, l'art du jardinage, l'architecture, etc. Et pour rendre hommage à Casablanca, cette institution réserve la part belle à cette ville à travers un espace qui lui est spécialement consacré. «Casablanca est une ville à grande dimension culturelle qu'il est important de mettre aujourd'hui en exergue. Il ne faut pas oublier que les quartiers Hay Mohammadi, Derb Sultan et l'ancienne Medina ont donné naissance à une génération d'intellectuels, artistes et écrivains. Il faut rendre à cette ville son renom d'antan», souligne le conservateur, l'air très nostalgique en évoquant cette ville qui, sans doute, l'a tant marqué. Un autre espace, baptisé Abdelhadi Boutaleb, en hommage à cette figure proue du Maroc, offre quand à lui un ensemble de 500 documents. La médiathèque se veut aussi un espace d'art et de création. Ainsi un hall d'exposition est créé pour accueillir les œuvres d'artistes. D'ailleurs, une exposition «Tajaliyat» d'Abdallah Hariri a ouvert déjà le bal en Ramadan. De même, un auditorium est disponible comprenant 2174 documents de musique entre DVD CD représentant toutes les musiques du Monde avec une inclinaison particulière pour le répertoire marocain. La médiathèque se veut, par ailleurs, un lieu de débat et de confrontation intellectuelle. A cet effet, une salle de conférence de 50 places est à la disposition des conférenciers. Elle accueille aussi des ateliers et formations. Soucieuse de faire de cette institution un lieu culturel d'envergure, la médiathèque met en œuvre une équipe de qualité et spécialisée composée d'une trentaine de personnes dont des bibliothécaires, animateurs, informaticiens et autres. Ce n'est pas tout, un programme de formation est mis au point pour accompagner le personnel. La médiathèque se veut accessible à tout le public à partir de l'âge de 3 ans. Dans cette perspective, elle offre des prestations différentes. Une formule de cartes a été préconisée à cet effet. Ainsi, une carte jeunesse est destinée au public de 3 à 17 ans contre un prix de 200DH annuel. Elle permet le prêt de trois documents par 10 jours. Une deuxième carte est proposée au public adulte à partir de 18 ans contre la somme de 250 DH annuel. Pour les familles, la médiathèque réserve une offre spéciale intitulée carte familiale contre 500 DH. Ainsi qu'une carte à l'attention des groupes scolaires. Ce projet arrive au bon moment dans un contexte marqué par une forte crise de l'édition et un abandon du livre. Pourvu que d'autres suivront. N'est ce pas qu'«une Nation sans culture est une nation sans âme».