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Interview de Nouzha Skalli : «Le Budget genre a des incidences multidimensionnelles sur les acquis de la femme»
Publié dans Albayane le 25 - 10 - 2010

Dans l'entretien qui suit, Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité, explicite le Budget genre qui accompagne la loi de Finances.
1 – Depuis 2006, la question homme-femme ou encore le «Budget homme-femme» s'inscrit dans le cadre de la réforme de la gestion publique. De quoi s'agit-il concrètement ? L'intégration de dimension genre dans le budget s'inscrit effectivement dans le cadre des réformes structurantes des politiques publiques pour la promotion des droits humains des hommes et des femmes. Elle permet la prise en compte des exigences de l'égalité et de l'équité ainsi que l'amélioration des indicateurs de développement.
Il est reconnu que le budget n'est pas neutre, mais qu'il traduit les politiques publiques à travers des objectifs et des priorités.
Il s'agit de viser à travers le budget genre national/local, l'objectif de l'égalité ce qui implique l'identification des mesures budgétaires adoptées pour réduire les inégalités hommes- femmes.
Cette démarche s'applique dans de nombreux domaines comme celui de l'éducation, de la santé, de l'emploi mais aussi en matière de lutte contre les violences, de promotion des femmes aux postes de décision, de diffusion de la culture de l'égalité, etc.
L'expérience du Maroc en matière de budget sensible au genre a été lancée depuis 2002 par le Ministère des finances et l'UNIFEM. Depuis, des progrès ont été réalisés en terme d'appropriation et de partage par 25 départements ministériels. C'est en 2005 que le 1er rapport genre accompagnant la loi de finances a été élaboré. il est aujourd'hui à sa 6ème édition. L'exercice permet aux départements d'analyser les programmes selon l'impact sur les hommes et les femmes, les garçons et les filles et ce, selon leur milieu, leur âge, leur situation sociale, sanitaire, ou les différentes catégories auxquelles ils/elles appartiennent.
Le budget sensible au genre ne signifie pas un budget pour les femmes, mais la prise en compte des besoins différenciés des femmes et des hommes et les écarts hommes –femmes en matière d'accès aux droits dans le cycle du budget depuis le diagnostic jusqu'à l'évaluation.
Le budget genre est aussi qualifié de budget participatif. Il permet en même temps de mieux connaitre les besoins des populations par l'approche participative, en les considérant non seulement comme de bénéficiaires, mais aussi comme acteurs et actrices du changement et du développement.
2 - Quelles incidences politiques et économiques l'approche genre peut avoir sur les budgets sectoriels et locaux, notamment en matière d'éducation, de santé et du monde rural, pour ne parler que de ces domaines prioritaires pour les Marocains ?
Intégrer la dimension genre dans les budgets sectoriels et locaux signifie concevoir, planifier, prioriser et allouer les crédits en prenant en considération les inégalités et les écarts hommes –femmes et garçons filles en se basant sur les données ventilées par sexe. Exemple en matière d'éducation les données nous informent des disparités filles/garçons au détriment des filles et nous incitent à adopter des mesures visant l'augmentation de l'indice de parité.
Les allocations en terme de budget doivent donner la priorité aux actions permettant de remédier à ces déficits. Cela nécessite, par exemple, la création d'une institution scolaire mais aussi des programmes relatifs à la lutte contre la pauvreté, aux routes, au transport, aux cantines, aux internats et à la sensibilisation contre les stéréotypes.
L'incidence de la dimension genre sur les budgets est multidimensionnelle. Elle permet d'agir sur les facteurs d'influence qui sont de plusieurs niveaux allant de l'économique au culturel.
L'intégration de la dimension genre est étroitement liée à l'efficacité et l'efficience des politiques de développement
3 – Plus concrètement, comment les effets de cette approche sont-ils perceptibles au niveau des Marocaines ?
Les effets de cette approche sont perceptibles à plusieurs niveaux, citons par exemple :
1- Les progrès en matière de scolarisation par la construction par exemple de Dar Attaliba pour permettre aux filles de continuer leurs études. Les mesures actuellement mises en œuvre dans le cadre du programme d'urgence comme le programme tayssir dont vont bénéficier cette année 600 000 enfants, l'initiative 1 million de cartables dont ont bénéficié 4 millions d'enfants, ainsi que la fourniture des uniformes scolaires nous permettent d'être optimistes quand à notre capacité de relever les défis qui sont encore énormes dans le domaine.
2- En matière de santé : la mortalité maternelle est passée de 227décès à l'accouchement pour 100000 naissances vivantes à 132 /100000. Nous devons cela à un ensemble de mesures adoptées par le Ministère de la santé mais aussi à la mobilisation dans le cadre de l'INDH, des acteurs locaux ou encore la construction des «dar al oumouma».
3- En matière de lutte contre les violences faites aux femmes :
* la mise en place du numéro économique par le MDSFS, les cellules et unités d'accueil au niveau des hôpitaux, des commissariats, des tribunaux
* la création de centres multifonctionnels pour les femmes
* les campagnes de sensibilisation
4- en matière de lutte contre la pauvreté, et la précarité à travers les programmes de l'INDH destinés aux femmes ou à travers les programmes du pôle social et d'autres départements
4-quelle est la contribution du Ministère du Développement social, de la famille et de la solidarité ?
C'est dans ce même effort de lutte contre les disparités et pour promouvoir l'égalité et l'équité par l'intégration de l'approche genre dans les programmes et politiques publiques que le Ministère du Développement social, de la famille et de la solidarité a coordonné l'élaboration de l'agenda gouvernemental de l'égalité 2010- 2015 qui est dans la phase finale de son élaboration.
C'est un plan d'action gouvernemental très ambitieux en matière de promotion de l'égalité. Il comporte 9 domaines prioritaires, 30 objectifs et 100 mesures.
Ces mesures sont quantifiées en termes de budget, ce qui permettra de renforcer l'effort gouvernemental initié dans le cadre du rapport genre.
5-Quelle appréciation portez-vous sur les acquis enregistrés par la dimension genre notamment dans les efforts du Maroc tendant à réduire les inégalités différenciées selon le genre et tout particulièrement à améliorer les pratiques de gestion des ressources humaines ?
Il faut souligner que dans ce processus de réformes, la question de l'égalité se trouve au cœur des politiques publiques. Des acquis sont enregistrés grâce à la convergence de la volonté politique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et de son gouvernement, l'adhésion des différents acteurs et la mobilisation de la société civile.
En matière d'accès des femmes aux postes de décision, des efforts louables ont été consentis mais doivent être accentués et surtout institutionnalisés.
1-Dans la fonction publique, le taux des femmes pour les emplois supérieurs est de 14%, il est de 10% pour les postes de chef de division et de 16% pour les chefs de service, selon le rapport genre 2010.
Exemple dans certains domaines : la santé, l'éducation : il y a eu nomination de femmes comme directrices au niveau central ou régional mais en l'absence de mesures pour institutionnaliser ces acquis, ceux-ci demeurent fragiles et sujets à des remises en cause.
L'institutionnalisation signifie se fixer des objectifs volontaristes, par exemple pour une première étape 25% des directeurs délégués seront des femmes à compétence égale. Puis mettre les moyens pour que les femmes se présentent comme candidates mais qu'elles soient aussi recrutées.
2- Des efforts restent à accomplir au niveau de la formation, des indemnités, des conditions de travail qui doivent prendre en considération les charges familiales supportées par les femmes.
Au niveau du Ministère de la Modernisation des secteurs publics, des actions sont en cours comme la mise en place d'un référentiel des emplois et compétences sensible au genre, le renforcement des capacités ou encore la mise en place d'un observatoire pour le suivi de la place des femmes dans la fonction publique.
6 – Quels sont, selon vous, les freins qui retardent une avancée palpable vers le développement durable qui ne peut marginaliser la moitié de la population ?
Les freins sont multiples en effet. Il s'agit des problèmes liés aux mentalités.
A cet égard, le nouveau Code de la famille, mis en application depuis six ans, est porteur d'un nouveau projet de société moderne et démocratique fondé sur la dignité et l'égalité. Ses effets positifs favorisent l'intégration de l'égalité et de la dimension genre dans les politiques publiques.
Mais six ans cela reste une période très courte comparée avec les siècles de culture patriarcale et parfois misogyne qui est encore très enracinée.
Les mentalités, les attitudes ne changent pas au même rythme que les politiques. Les stéréotypes relatifs à l'infériorité des femmes ont la peau dure et sont véhiculés dans de nombreux espaces et notamment à l'école, dans les médias, à travers la publicité ou la culture.
Cependant, la volonté du changement est plus grande car il s'agit du projet de société toute entière .C'est dans ce sens que l'agenda gouvernemental 2010-2015 inclut un plan d'action pour la lutte contre les stéréotypes et la diffusion de la culture de l'égalité.


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