La hausse des prix des produits de première nécessité affecte davantage le pouvoir d'achat des citoyens, déjà en berne depuis quelques années, estiment certains syndicats. Ils appellent le gouvernement à se pencher sur les dossiers sociaux en suspens, de mettre en place une politique fiscale à caractère social et d'activer les mécanismes de contrôle contre la spéculation. Selon certains observateurs, ce renchérissement des prix des produits alimentaires intervient alors qu'un vrai malaise social est déjà installé. Cette situation est due principalement à l'échec du processus du dialogue social entre syndicats et gouvernement, ponctué par des séries de grèves et des mouvements de protestation qui gagnent plusieurs secteurs vitaux (justice, enseignement, fonction publique, santé, pêche, etc.) revendiquant principalement l'amélioration de la situation des salariés et des conditions du travail ainsi que l'augmentation des salaires pour faire face à l'explosion du coût de la vie. La Confédération démocratique du Travail avait publié un communiqué de son Conseil national réuni le 10 février dans lequel la centrale menace de recourir à une grève nationale pour faire valoir le cahier revendicatif de la classe ouvrière. La CDT dénonce également, dans son communiqué, l'indifférence manifeste du gouvernement et son attitude irresponsable face aux revendications légitimes des salariés et aux problèmes que traverse le pays. Le Conseil national de la CDT appelle aussi à des réformes politiques et constitutionnelles à même de garantir une séparation des pouvoirs et une définition des prérogatives des institutions. Abderrahmane Azzouzi, de la Fédération démocratique du travail (FDT), a de son côté, exprimé son étonnement quant à cette série des hausse des prix qui touchent la plupart des principaux produits de base, à savoir le blé, l'huile, le beurre, le thé, etc. Selon lui, cela représente un coup dur pour le pouvoir d'achat du citoyen marocain. Il indique que cette augmentation des prix n'a pas tenu compte ni du contexte interne ni celui externe du pays. «Le gouvernement n'a pas pris aussi en considération la situation sociale de notre pays marquée essentiellement par la prolifération du chômage, la paralysie des salaires et la dégringolade du pouvoir d'achat, ainsi que le contexte actuel dans le monde arabe», souligne-t-il. «Le gouvernement doit assumer sa responsabilité et revoir cette flambée des denrées de première nécessité», insiste-t-il. Il l'appelle aussi à se pencher sérieusement sur les dossiers sociaux toujours en suspens. Ahmed El Adham, membre de la commission administrative de l'Union marocaine du travail (UMT) affirme que la hausse des prix touche non seulement les matières de premières nécessités mais aussi les autres produits alimentaires. «La cherté de la vie diminue sérieusement le pourvoir d'achat des Marocains», déclare-t-il. Pour lui, le gouvernement doit compenser cette augmentation du coût de la vie par une amélioration des salaires pour assurer l'équilibre nécessaire. Il appelle aussi à l'intervention de l'Etat pour réguler les prix et limiter la marge des spéculateurs. L'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) souligne, de sa part, que le pouvoir d'achat s'est de plus en plus affaibli pendant les dernières années à raison de la hausse de prix des denrées alimentaires. Plusieurs facteurs sont en cause, explique Mohamed Yatim, secrétaire général du syndicat, Certains sont d'ordre structurel liés à la conjoncture économique internationale et d'autres dépendent de la situation locale qui prévaut. «Cette flambée des prix est attribuée, d'une part, à la hausse mondiale du pétrole et des produits des céréales notamment le blé et autres matières agricoles et d'autre part, de la mainmise de la spéculation et de l'absence des mécanismes de contrôle efficaces par l'Etat. Ce qui entraine une augmentation des prix d'achat», exprime Mohamed Yatim. Le mouvement des prix est aussi tributaire de la situation de la saison agricole, ajoute-t-il. Certes, le rôle de la Caisse de compensation à subventionner les matières de base est important, toutefois, cela ne profite réellement pas aux catégories sociales vulnérables, affirme –t-il. Mohamed Yatim considère, par ailleurs, que l'Etat ne dispose pas d'une politique fiscale à dimension sociale. Sur le plan politique, le syndicaliste reproche au gouvernement de ne pas activer les mécanismes de contrôle pour contrecarrer la spéculation.