On peut valablement penser que Salé et Rabat ne font qu'un aux yeux du Haut Commissariat au Plan – que considérant le fait qu'il n'y a plus de plan, on ferait tout aussi bien d'appeler le Haut Commissariat à la Conjoncture. Le HCP donc, a rangé la ville de Rabat parmi celles qui ont commun la moindre surchauffe des prix à la consommation. En sorte que, Slaouis et R'batis peuvent valablement se féliciter de faire provision du nécessaire sans avoir à écorner leur plan de consommation. Sauf que la plupart des prix des produits de grande consommation se sont envolés et que pratiquement rien de ce qui fait l'ordinaire des gens ne s'acquiert à sa valeur marchande d'antan. En fait, on constate que plus le circuit de distribution est long et plus le prix pratiqué actuellement prend ses distances avec l'ancien. Voici l'exemple des légumes : ils ont enregistré une hausse moyenne de 10%. Voici encore le cas des viandes rouges : ils ont augmenté d'environ 5%. Leurs semblables en consommation, ces viandes blanches sur lesquelles on se rabat quand il n'y a pas moyen de faire autrement, coûtent 5 dirhams plus cher qu'auparavant. La même tendance est observée au rayon des fruits. Le kilo d'oranges qui s'affichait à 2 dirhams fait 50 centimes de plus. La pomme a grimpé au niveau de 16 dhs. Il en est pareillement en ce qui a trait à l'huile qui a pris plus d'un dirham à l'aune du litre ; du kilo de sucre qui pèse plus d'un dirham de plus, du thé qui a forci d'environ 1,5 dhs les 200 grammes, du café dont les prix supérieurs à leurs anciens niveaux jouent à la marelle. Et, curieusement, en dépit de toutes ces ascensions, les statisticiens disent que le niveau de vie a régressé de 0,2%. Sans doute, si on occulte la question par rapport à quoi ? Car le fait est que la vie est de plus en plus chère et que c'est le « panier de la ménagère » qu'il faut prendre en considération sur ce plan et non pas les statistiques aussi élaborées soient-elles. Or donc si les prix ont augmenté, il faut en demander raison au marché. Pourquoi les prix des produits réputés volatils se sont inscrits d'un seul coup et quasiment tous en semble à la hausse ? Ou si l'on préfère, pourquoi maintenant ? Bien souvent, dans ces cas-là on argue des effets de la conjoncture mondiale. L ‘argument n'est valable que pour les produits importés, il ne saurait l'être dans le cas de produits agricoles qui ont fait la réputation du Maroc. Il y a donc des causes plus subtiles à l'augmentation des prix de consommation courante. Celui qui revient le plus dans les conversations est la spéculation. C'est un fait que le laxisme nourrit cette pratique et que, de manière récurrente, on note que des produits se font rares sans raison avouée, pour réapparaitre parés de nouvelles étiquettes de prix. Comme le contrôle a manifestement des difficultés à faire œuvre utile, c'est au niveau de cette rétention annonciatrice de hausses qu'il faut peut être intervenir. Car pour réguler l'offre à leur guise, les spéculateurs ont besoin d'entrepôts. Il faut donc s'attacher à les dénombrer. Les services communaux et les mokkadems peuvent être d'un grand secours dans ce cas. Ce ne sont pas les services des impôts qui diront le contraire. A.L Point de mire Gestion communale L'école des cadres Il y a du côté du quartier industriel de Rabat, celui-là même qui s'annonce au pied du très populaire Jbel Raissi, une route goudronnée à nulle autre pareille. Une route goudronnée qui ne mène nulle part, puisqu'elle n'a été goudronnée que le temps que durent les roses et que cela constatant, les utilisateurs l'ont vite délaissée. Au départ, elle était sensée doubler la voie très passante qui met en relation le centre-ville et certains quartiers de la périphérie comme Akreuch ou l'inénarrable Sala Aljadida. Puis les choses sont allées dans une autre direction. Quand pour la première fois, elle avait pour les visiteurs déroulés son tapis gris ardoise, tout le monde a fait la roue. Une voie double comme marchepied au Jbel Raissi et qui installe les quartiers Marbella et Takaddoum de plain pied avec l'autoroute Casablanca- Fès, il fallait avoir le don de double vue pour y croire. Bref, tout le monde en a été doublement heureux. En particulier les textiliens et autres mécaniciens installés dans cette zone. Mais ravis de l'aubaine dans un premier temps, ils ont déchanté depuis. Depuis quoi au juste ? Eh bien, depuis les premières pluies qui ont suivi l'ouverture de la nouvelle voie. A peine les premières gouttes s'étaient elles mises à tomber que la bien aimée chaussée s'est mise à se bomber, à gondoler, à se fissurer, a se craqueler…bref à devenir impraticable même pour des autochenilles. Que s'est-il passé pour que cette route dont le tracé a pris des semaines « de travail à fond » et nécessité l'emploi de fonds qui auraient mérité de se dépenser en de plus nobles causes, retourne à la poussière plus vite que ce qui était écrit ? Rien. Ou si peu de choses en vérité. En tout cas rien qui ne soit familier à nos yeux fatigués de voir que partout où ils se portent, les projets communaux ne font pas de vieux os. Des murs d'enceinte qui s'écroulent sitôt les maçons partis, des chemins qui se perdent aux premiers usages, des établissements publics qu'on laisse à l'abandon parce qu'on ne se souvient plus pour quoi on les a construits… la liste est longue des mille maux dont pâtit le travail communal. Mais ils se résument à deux mots : mauvaise gestion. Or la gestion ça s'apprend. Comment ? D'abord en choisissant les élus qui sont capables d'apprendre. Du coup cela aidera à résorber le chômage des diplômés. Ensuite en prévoyant des actions de l'administration de tutelle dans le domaine de la formation en gestion publique. Dans la plupart des communes, le spectacle des réalisations nouvelles laisse penser qu'elles ont été faites à la tête du président. Ahmed Laaroussi Pignon sur rue Manifestants de luxe Miloud Chaâbi, le magnat de la construction et son fils Faouzi ont manifesté le 20 février aux côtés des jeunes protestataires qui réclamaient plus de chances de trouver emploi ou la relance du train des réformes. Selon des participants à la manifestation de Rabat, les Chaabi ont se sont particulièrement singularisés en jetant la pierre à l'économie dite de la rente. Chaâbi et associés ont en effet de tout temps vilipendé les avantages qu'ils estiment injustement octroyés à leurs concurrentes. Moatassim libéré Jamaa Moatassim, l'un des dirigeants du PJD qui est également président de conseil de Tabriket est de nouveau libre de ses mouvements. Il avait été arrêté ainsi qu'un certain nombre d'autres élus et de professionnels du bâtiment dans ce qu'il est convenu l'affaire de l'habitat sauvage de Salé. On dit même que Moatassim pourrait siéger prochainement au Conseil économique et social. Sa qualité de professeur universitaire le désignerait à celle nomination. Accès aux génériques Une table- ronde a été consacrée aux génériques, vendredi dernier à Rabat. Intitulée « les médicaments génériques, un droit économique et social fondamental du citoyen », elle a conclu à l'existence d'une forte corrélation entre l'extension de l'emploi de ce genre de médicaments et celle de la couverture médicale. Une unanimité que ne partagent pas tous les professionnels de la santé. Cette table-ronde a été organisée à l'initiative de l'instance nationale pour la protection des biens publics au Maroc. Une filiation par laquelle transparait le caractère social de la réunion. Rabat ,ville peu chère Rabat serait avec Casablanca les villes où la hausse des prix n'a pas joué. Même que- s'il faut en croire le Haut Commissariat au Plan, lui qui a la pratique des chiffres globaux-, l'indice des prix à la consommation (IPC) y aurait régressé de 0,2%. Comme il n'y a pas de raison particulière à mettre en doute la parole d'une institution aussi crédible que le HCP, il n'y a plus qu'à chercher sur une mappemonde où se trouve cette ville de Rabat qui n'est pas la capitale du Royaume du Maroc. Réunion du Conseil de la ville L'autobus sur le tapis Attendue, la réunion du conseil de la ville devrait examiner la délicate question des services concédés. Parmi ces derniers, celui des transports. Déjà posée en termes de mécontentement général, elle a franchi récemment un autre degré dans la gradation de la gestion bancale. Actuellement, ce n'est plus une demi heure que les usagers attendent leurs bus sur certaines lignes, mais bien une heure et plus. En sorte que, si l'on prend la durée du trajet – dont on peut toutefois rendre Veolia responsable- il faut environ deux heures pour aller de Rabat à Salé et vice-versa. Comme la périphérie de Salé se situe à environ 10 kilomètres, on a tôt fait d'en déduire que pour parcourir un kilomètre, il vaut mieux y aller à pied. Cela a l'air d'une boutade que de plus en plus d'habitants de la proche Salé s'y essayent quotidiennement. En fait, le problème est plus complexe. Les quartiers de Salé, comme ceux de Rabat, ne sont pas uniformément desservis par les bus. Et, comme on peut le deviner, quand on n'est pas motorisé il est plus indiqué d'élire domicile à l'Agdal ou Hay Al Amal ou Chemaou ou encore à Al Karia qu'à Sala Aljadida ou Temara. C'est apparemment une question de fréquences des rotations, c'est plus sûrement l'affaire du nombre d'autobus mis en circulation. Au départ, la société en charge des transports intra-urbains a laissé entendre qu'elle comptait mettre en service un parc roulant composé de 500 unités. Des mois et des semaines après, on n'en voit circuler – si on compte les tacots avec lesquels elle a débuté- qu'environ la moitié. On ne sait si cette question du parce viendra à discussion lors du conseil de la ville annoncé, mais elle se pose. En tout cas se la pose la majorité des usagers qui disent ne pas saisir la différence qu'il peut y avoir entre l'ancien système et le nouveau. En fait si on semble s'accommoder de ce que l'ancienne régie était dans ses souliers du fait de sa nature d'organisme semi-public, on comprend mal qu'un des fleurons du secteur privé international ne soit pas aussi performant que le ne laissaient penser ses propositions initiales. D'autant plus que le comportement des employés de Veolia ne diffère pas tellement de celui de leurs prédécesseurs. De nombreux usagers se demandent si un tel comportement est, par exemple, acceptable en France, pays d'origine de la société qui exploite le réseau urbain. Ne pas s'arrêter à des stations bondées ou s'y arrêter pour repartir en trombe alors que les portes ne sont pas totalement fermées, voir agonir d'injures ceux qui protestent… on n'aura rien vu de tel même aux heures les plus critiques de la régie. Beaucoup ont remarqué que des bus de Véolia portaient les stigmates de violents heurts avec leurs usagers. Depuis un peu plus de deux semaines, ces engins circulent avec des pare-brise fissurés, des carrosseries portant les impacts de jets de pierre. Ces dégâts leur viendraient d'échauffourées entre les employés et les usagers qui seraient passés à Temara. Ce serait un cas isolé qu'on ferait bien de prendre garde à ce qu'il le reste par ces temps où le sentiment de dignité est exacerbé. A.L A chaque jour suffit sa peine... Un tramway nommé désir D'essais en essais, le métro s'essaye à des essais dont personne ne sait quand ils s'arrêteront pour transformer… l'essai en réel transport de passagers. Certains parlent de la fin de l'année. Entre-temps que d'eau aura coulé sous le nouveau pont qui peine, lui aussi, à laisser passer. Quand au tunnel, force est de constater qu'on n'y voit pas grand-chose. ( Photo Redouane Moussa. )