Le 110e derby entre le Wydad et le Raja fait toujours partie de l'actualité footballistique du pays. Attendu tout au long de la saison, les deux rendez-vous, en aller comme au retour, se jouent une semaine avant, pendant le match et une semaine après. Essayons de faire un tour d'horizon sur le classic de dimanche dernier pour savoir ce qu'il a pu ramener de plus pour les deux clubs en lice. Le derby casablancais qui constitue un des grands moments du championnat national, son niveau technique, sa compétitivité, son affluence et ses différentes retombées, concerne également l'ossature de l'équipe nationale et son avenir. Le nouvel entraîneur des Lions de l'Atlas, Eric Gerets, n'a pas manqué l'occasion d'honorer les deux équipes pour en savoir encore plus. Certainement, il s'est constitué une idée sur la valeur réelle des deux équipes, sur les joueurs pouvant intégrer l'équipe nationale locale et la sélection nationale des professionnels. Et comme le derby n'a pu donner satisfaction, aucun joueur qualifié de meneur de jeu ou de vedette des deux équipes n'a pu remplir sa mission comme il faut. Des carences techniques Au WAC, seul le gardien Lamyaghri a brillé, encore une fois, même s'il n'a été menacé que rarement. Au Raja, si le gardien Jarmouni n'a été sérieusement effrayé que par la balle qui l'a trompée pour se loger dans ses filets, ceux qui ont mouillé leur maillot et qui ont justifié leur mérite ne sont que les Africains des Verts, le Sénégalais Baïla et l'Ivoirien Koukou. Les autres comme Metoualli, Salhi, Souari, Lambarki… du côté du Raja ont joué comme de simples débutants alors que d'autres ont perdu leur statut de joueur titulaire comme Nabil Masloub qui n'a pas pu tenir le coup d'une partie marquée par son engagement physique. Idem pour ceux du Wydad dont la ligne d'attaque a paniqué pour cause de l'absence de son attaquant, également africain, le Congolais Fabrice. Les autres n'ont pas pu émerger du lot, faute de jeu stupide et décousu. Les deux belles actions à signaler sont les deux balles arrêtées qui ont donné les deux buts de la rencontre. Benkajjane du côté wydadi, suite à un corner et Tayr sur un coup franc directement botté de la ligne médiane, du côté rajaoui. Deux buts dans les 20 dernières minutes de la rencontre et à l'exception de quelques actions offensives timides, de part et d'autre, ont sauvé la partie qui s'est jouée loin des gardiens de but. Techniquement parlant, rien donc n'a été constaté. Les deux protagonistes ont joué avec la peur au ventre, la peur de perdre la partie avant même qu'elle ne soit jouée. Les deux coaches ont opté pour le résultat avant la manière. Ils ont préféré la vigilance et la tactique ce qui a vidé le duel d'un jeu technique et spectaculaire. A certains moments, les fans des deux côtés ont cru à un arrangement entre les deux protagonistes pour achever la partie sans vainqueur ni vaincu. Qu'en pense le sélectionneur Gerets… ? En tous les cas, le sieur des Lions de l'Atlas ne peut guère s'inspirer de cette partie à vocation plus défensive qu'offensive. On ne perd pas mais on ne gagne pas… Chose qui n'est pas du tout bonne pour l'équipe nationale appelée à soigner son image avec des attaquants plus aguerris pour remporter les trois prochains matches dont celui face à l'Algérie pour espérer une qualification à la prochaine CAN 2012. Voilà pour le côté technique de ce derby à oublier. Côté organisationnel, rien à signaler de négatif. Le débat était sans dégât, pendant le match avant et après. Le service d'ordre, mobilisé à l'occasion, a réussi sa mission grâce au travail accompli en coordination avec le comité d'organisation du match. Des failles à éviter Côté affluence, les supporters sont toujours là, ils ont été à la hauteur, donnant un aspect festif, grâce à leurs tiffos et à leurs encouragements dans les normes, pendant toutes les péripéties du derby. Cela bien que quelques altercations ont eu lieu, samedi dans la soirée, entre quelques animateurs des deux clubs qui préparaient leurs tiffos, la veille du match. Le lendemain, tout a été oublié et le derby des gradins a tout simplement tenu ses promesses. Enfin, un mot sur le côté financier et les billets mis en vente. Pour la première fois, les tarifs ont été exorbitants allant de 50 à 300 DH. Les dirigeants du WCA, club organisateur qui reçoit, l'ont jugé ainsi dans l'espoir de renflouer les caisses du club. Mais il ne faut pas que ça soit au détriment des poches de la majorité des supporters des deux clubs n'ayant pas les moyens financiers nécessaires. Pourtant, le public est venu nombreux. Mais ce qui pose, encore une fois, plus de points d'interrogation, ce sont les recettes qui n'ont pas atteint la barre fixée par les dirigeants du WAC qui tablaient sur une somme alléchante d'au moins 250 millions de centimes. Finalement, les billets vendus étaient autour de 27.500 billets pour une recette de 174 millions de centimes environ. On parle pourtant de quelque 60.000 milles spectateurs qui ont rempli les gradins du complexe Mohammed V. Mais ceux qui sont passés par les guichets et les différents points de vente n'ont guère dépassé la moitié. Par où sont passés les autres… ? Sans commentaire… !