Abbas El Fassi aurait-il cédé à la pression ? Certains l'on affirmé avec force en considérant que la position de la primature s'est adoucie sur fond de pressions des centrales syndicales et celles de la formidable énergie dégagée par le mouvement du 20 février. Le gouvernement avait au début de son investiture affiché un grand volontarisme concernant le dossier social. Cette orientation s'est retrouvée très saillante dans la déclaration gouvernementale présentée devant le parlement et surtout dans les différentes composantes des lois de finances successives. Le dialogue social a été placé dans une démarche rénovée en décrétant son institutionnalisation sur une base annuelle (en deux temps, printemps et automne). Mais il faut bien croire que les réaménagements de forme n'ont pas pu convaincre des partenaires sociaux, chose qui explique le durcissement de la position des syndicats qui estiment, de manière constante, que le gouvernement ne dispose pas de vision claire dans la gestion de ce dossier. Il est apparu que les parties au dialogue ont constamment croisé le fer sans pour autant donner l'impression que les choses peuvent s'arranger à terme, tellement le divorce est consommé entre les approches des uns et des autres. Le gouvernement a essayé de faire comprendre sa position en expliquant que les contraintes de la gestion macroéconomique ne laissent que très peu de marge en matière de redistribution des revenus et, particulièrement, quand il s'agit des composantes essentielles du rapport salarial. Les centrales syndicales ne l'entendent pas de cette oreille, et elles sont dans leur rôle légitime, en considérant que les salariés n'ont pas à supporter les coûts des retournements de la conjoncture. Résultats des courses : on se retrouve devant une superposition des discours et chacun y va de sa surenchère. Le gouvernement s'active de prendre à témoin l'opinion publique pour montrer patte blanche et dire que l'effort fait sur ce dossier est exceptionnel. Les centrales syndicales maintiennent la pression en faisant la démonstration que tout ce qui a été obtenu ne compense pas l'érosion du pouvoir d'achat des citoyens. Aujourd'hui, on ne peut que nous réjouir des nouveaux acquis en faveur des travailleurs à la veille d'un premier mai qui sera sans nul doute très particulier. Malgré ces avancées, obtenues de hautes luttes, les parties au dialogue devront revenir à l'ouvrage pour dégager de nouveaux compromis futurs en vue de maintenir cette fameuse paix sociale.