Sahara : le Guatemala considère le plan d'autonomie comme "l'unique base" pour la résolution du différend    Maroc–Guatemala : Cap sur un partenariat renforcé    Séville 2025 : L'AES affirme sa souveraineté et salue le rôle du Maroc dans le développement régional    CDH : Le Maroc condamne fermement les attaques dans les territoires palestiniens occupés    La DGSN contribue à l'interception de 15 T de cannabis en Espagne    Omar Hilale : « Le multilatéralisme est la seule réponse viable à la course mondiale à l'IA »    Algérie : Le FMI alerte sur l'urgence d'un ajustement économique    Le Forum de l'IFSB plaide pour des réformes structurelles pour renforcer la résilience de la finance islamique    Cours des devises du jeudi 03 juillet 2025    Google condamné à une amende de 314 M$ pour avoir récupéré des données Android    Le président de la Fédération kabyle de football écrit : Quand une interview devient un chef d'accusation de terrorisme en Algérie    L'attaquant portugais Diogo Jota et son frère meurent dans un accident de la route en Espagne    Energie propre : L'UE investit 3,66 milliards d'euros pour aider les Etats membres à faible revenu    Chicago : 4 morts et 14 blessés dans une fusillade de masse    CAN 2025 : Fouzi Lekjaa dévoile les ambitions du Maroc et envoie un message d'unité    L'Atalanta et l'OM se disputent les faveurs de Nayef Aguerd    Elodie Nakkach : Pas de pression inutile, juste l'envie d'aller loin    Essam El-Hadary, une momie en panique face au Roi Yassine Bounou    Températures prévues pour le vendredi 04 juillet 2025    La réforme de la Moudawana est une dynamique continue portée par la Vision Royale    Le Maroc à l'épreuve d'un risque climatique devenu structurel    OCP Nutricrops renforce sa coopération stratégique avec le Bangladesh    Le géant chinois Xiaomi annonce officiellement la création de sa filiale au Maroc et vise le marché africain via Rabat    Commerce extérieur : baisse de 3,5 % des importations au premier trimestre 2025    La ville marocaine de Chefchaouen renaît en Chine : une réplique fidèle de la ville bleue au cœur de Harbin    La ville marocaine de Chefchaouen renaît en Chine : une réplique fidèle de la ville bleue au cœur de Harbin    La ville marocaine de Chefchaouen renaît en Chine : une réplique fidèle de la ville bleue au cœur de Harbin    Mauritanian and Algerian armies meet in Tindouf after Polisario attacks on Es-Smara    Sur Hautes Instructions Royales, la Fondation Mohammed V pour la solidarité met en service 13 nouveaux centres    Espagne : Comme en 2023, Sumar oublie le Polisario dans ses négociations avec le PSOE    Vigilance, réactivité et sens aigu du temps réel : les services sécuritaires marocains déjouent toute velléité terroriste    La finale de la Coupe du monde des clubs pourrait se jouer à 9h du matin    Presse : le délai de dépôt des demandes de l'aide publique prolongé jusqu'au 30 septembre    « Articles sur la politique et la société » : Abderrafie Hamdi signe un ouvrage engagé    Coupe du Monde des Clubs : Al Hilal recrute Abderrazak Hamdallah    Feu Mohamed Benaïssa désigné personnalité de la 20e Foire internationale du livre d'Alexandrie    Musique : « Den Den », le cœur de Tawsen bat la chamade !    Nostalgia Lovers : Casablanca replonge dans la fièvre rétro du 3 au 6 juillet    Renforcement de l'alliance défensive entre le Maroc et les Etats-Unis ouvre la voie à un partenariat stratégique plus profond    Tanger: Le groupe allemand "ZF LIFETEC" inaugure une nouvelle usine de production de systèmes de volants    Renforcement du partenariat stratégique entre le Maroc et la Chine au cœur d'une rencontre diplomatique de haut niveau à Paris    Alerte météo : Vague de chaleur avec chergui et fortes averses orageuses, de mercredi à samedi dans plusieurs provinces    Larache : décès d'un détenu impliqué dans l'affaire de la "cellule de Chamharouch"    Relever les défis du développement social requiert une vision régionale et internationale unifiée    UE : Les énergies renouvelables, principale source d'électricité en 2024    CGEM : nouveau cap stratégique avec l'Asie du Sud-Est    CAN féminine (Maroc-2024): « les joueuses ont hâte d'entamer la compétition » (Jorge Vilda)    Les prévisions du mercredi 2 juillet    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Croissance et développement durable
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 11 - 03 - 2004

«Consommez toujours plus. Gavez-vous : la croissance dépend de votre boulimie». Voilà le mot d'ordre que les politiques, les industriels et les publicitaires assènent quotidiennement aux citoyens que nous sommes.
Certes, notre boulimie crée de la croissance. Mais à quel coût ? La consommation abusive des énergies fossiles (pétrole en particulier) n'engendre-t-elle pas la guerre? Celle de l'Irak est signifiante. N'accélère-t-on pas la dégradation de la planète? Les exemples ne manquent pas.
La production du bois par l'abattage anarchique des forêts a entraîné la déforestation, avec son lot de conséquences néfastes sur la population et le climat : réchauffement de la Terre, déplacement et appauvrissement de la population. 9 millions d'hectares de forêts disparaissent tous les ans dans le monde, dont 5,3 millions pour l'Afrique. Le taux performant de la croissance économique de la Chine (9%) est le résultat d'une forte utilisation d'énergie à base de charbon, productrice de gaz à effet de serre ( 4967 millions de tonnes d'équivalent CO2). Les chiffres de l'économie américaine du dernier trimestre 2003 montrent l'ampleur de la crise et de l'inconscience des libéraux : +8% de croissance en émettant plus de gaz à effet de serre (6936 millions de tonnes d'équivalent CO2 en 2001), plaçant les USA au 1er rang mondial des pollueurs, sans incidence ni sur l'emploi (-0,5%) ni sur le déficit record de 489 milliards de dollars pour 2003. La consommation, source de la croissance, est par nature synonyme de destruction et d'épuisement des ressources et d'achèvement des biens. Après des décennies de gaspillage frénétique, nous sommes en pleine tempête: dérèglement climatique (canicule, inondations, fonte des glaciers, montée du niveau des mers..), guerre du pétrole et bientôt guerre de l'eau. Dans ces conditions, la société de croissance n'est pas souhaitable puisqu'elle n'est ni conviviale ni sereine. Elle pèse sur l'environnement et sur l'homme. Les charges qu'elle crée n'apportent aucune satisfaction. Prenons des cas concrets.
L'exemple d'un embouteillage au centre de Casablanca, ville dépourvue de plan de déplacements urbain, illustre bien que l'acte de circuler procure davantage de croissance mais que ses conséquences sont désastreuses pour la population. Les véhicules à l'arrêt, par exemple, consomment du carburant, de qualité médiocre, très polluant. Economiquement, ils font de la croissance. Car dans cette croissance, il y a dépense, matérialisée ici par la consommation d'énergie. Sur le plan de la santé, l'embouteillage crée du stress chez les automobilistes, qui de plus augmente les risques d'accidents de la route (coût énorme pour la société). Les oxydes de carbone rejetés par les véhicules qui font du surplace polluent l'air et nuisent aux personnes résidantes et passantes lesquelles, en respirant l'air pollué quotidiennement, finissent par être atteintes de maladies incurables (asthme, cancer). Nouveau coût médical. Nous dirons tous «Ce n'est pas grave. Nous irons consulter un médecin qui nous prescrira des médicaments». Cette initiative d'apparence salvatrice, engendre de nouvelles dépenses. De nouveau, il y a croissance.
Malheureusement, le cycle des dépenses ne s'arrête pas là. Les façades des bâtiments avoisinant l'embouteillage noircies par les rejets de CO2 dégagés par les véhicules, nécessitent des ravalements.
Si nous prenons l'exemple de l'eau, source de notre vie, plus elle est rare, plus elle est chère ; plus elle est polluée, plus elle intéresse les sociétés multinationales. La rareté qui crée la rente financière engendre la croissance. L'eau qui est un droit pour tous comme l'air qu'on respire devient un produit marchand monnayable.
L'exemple des ordures obéit aussi à la même philosophie: plus la ville est sale, plus les ordures s'accumulent, plus les sociétés privées s'intéressent à leur collecte et à leur gestion.
De nouvelles dépenses qui alimentent la bulle de la croissance. Actuellement, le développement productiviste que nous connaissons, fondé sur le mythe de la croissance et de la recherche du profit immédiat, est la source de notre crise sociale et écologique. Toutes ces dépenses supplémentaires font de la croissance, mais en même temps provoquent des dégâts coûteux pour la société. Un certain critique a dit que « celui qui pense qu'une telle croissance peut continuer infiniment dans un monde fini est un fou ou un économiste».
Alors dans ces conditions, comment assurer notre développement?
Une réponse simpliste: pas n'importe comment ! Un écologiste réaliste dira oui à la croissance, mais dans le cadre d'un développement durable, voire soutenable. N'est-il pas préférable de faire nos courses, comme le faisaient nos parents ou nos grand-parents pour certains, en utilisant des paniers au lieu des sacs en plastique qui polluent nos campagnes et nos villes ?
En termes économiques ou comptables, l'utilisation des paniers procure plus de croissance que celle des sacs en plastique. En effet, la production des paniers profitent directement à nos artisans-paysans. Leur fabrication contient plus de valeur ajoutée que celle des sacs en plastique. La matière première utilisée est végétale et locale, alors que pour les sacs en plastique, ce sont des matières chimiques importées.
Sur le plan environnement, leur absorption malencontreuse par nos animaux domestiques participe largement à la diminution des cheptels marocains. D'autre part, la pollution visuelle engendrée par ces sacs a des effets négatifs sur notre industrie touristique, principale ressource du Maroc. Ainsi, il devient clair que pour obtenir une croissance qui allie protection de l'environnement et développement, il faut orienter le marché. Acheter par exemple des paniers et des éco-recharges. La bonne croissance, c'est acheter localement et autrement. A l'origine, la conférence de Rio (Brésil) en 1992 avait défini le développement durable comme «une satisfaction des besoins des générations présentes en préservant les ressources de la planète pour les générations futures».
Aujourd'hui, à cette dimension écologique s'ajoute une dimension sociale. Pour cela, nous voulons que la croissance économique respecte l'équité sociale aux niveaux national et international (relations Nord – Sud).
Du fait que la croissance, telle qu'elle est envisagée actuellement, reste un concept économique et comptable, elle intègre dans son contenu la destruction du patrimoine (ressources naturelles) et les inégalités sociales.
Moralité: cette course à la consommation ne pourra en aucune façon nous assurer un développement durable.
Dommage d'avoir si vite oublié que la conférence de Stockholm de 1972 avait déjà soulevé la nécessité de maîtriser la croissance… Il est peut-être encore temps !
Mohamed Bokhamy
Consultant international
écologiste


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.