Un réseau philippin spécialisé fait venir des personnes des Philippines au Maroc en attendant de les faire passer en Europe. La police n'a pas tardé à découvrir la manœuvre et à alpaguer les coupables. Récit. Mary-Rose Tenorio et son frère Lino Tenorio sont deux jeunes philippins atteints du syndrome du tiers-monde qu'est l'immigration vers l'Occident pour améliorer leur vie. Dans l'impossibilité d'immigrer de façon régulière, il ne leur reste plus qu'une seule voie : immigrer clandestinement. La maman Tenorio se charge d'exaucer le rêve de ses enfants. Elle entre en contact avec la responsable d'une agence locale de voyages, connue sous le nom de Diana, lui demandant de l'aider. C'est faisable pour la spécialiste de voyages organisés, il suffit à la mère de payer la somme de 550 mille pesos (monnaie locale). Moyennant quoi, Diana s'engage à leur procurer des visas d'entrée en Allemagne. Affaire conclue répond la mère des deux futurs immigrants. Diana offre aux concernés deux billets aller-retour pour Bangkok, la capitale thaïlandaise, comme s'ils partaient en vacances. Une fois à Bangkok, les Tenorio retrouvent, avec d'autres philippins dont l'objectif est le même, Diana qui leur fournit des billets en direction du Maroc, en passant par Dubaï et le Caire. Une fois à Casablanca, Diana suggère au groupe de l'attendre dans un hôtel de la capitale économique marocaine avant d'être relogés dans un appartement en attendant le jour du départ vers l'Europe. Quelque temps après, Diana revient avec les passeports dotés de visas d'entrée au Danemark. Elle leur a conseillé de passer d'abord par ce pays scandinave. Une fois à l'aéroport Mohammed V, la police les a vite alpagués s'apercevant que les visas étaient faux. Conduits devant les éléments de la Brigade d'émigration clandestine (BEC) les Tenorio vident leur sac et avouent tout à la police. Sous la conduite de leur chef, le commissaire Ben Sahel, les éléments de la BEC, prennent illico la direction de l'appartement qui sert de « salle d'attente » aux candidats philippins à l'immigration vers l'Europe. Le déplacement des enquêteurs sera soldé par l'arrestation de 18 personnes et la saisie de nombreux documents (passeports, visas, cartes de séjour en France, des cachets etc). Aux locaux de la BEC, les personnes interpellées furent unanimes à déclarer que leur but est d'immigrer en Europe à travers le Maroc avec, bien entendu, l'aide de Diana et en payant des sommes allant de 290 mille à 350 mille pesos. Cette dernière les rencontre en Thaïlande et les fait venir au Maroc où ils marquent un arrêt en attendant le moment et le visa propices pour partir. Autant battre le fer pendant qu'il est encore chaud, décident les éléments de la BEC. Une série d'intenses investigations va rapidement déboucher sur la dénommée Anouay Valérian Irnaio, alias Diana. Elle se trouve dans une clinique en train de se faire soigner. La BEC, après avoir informé le parquet, la met quand même sous surveillance, et un mois plus tard, munie d'un certificat de sortie de la clinique, Diana est conduite aux locaux de la brigade. Là, elle reconnaît tout, jusque dans les détails les plus minimes. Elle n'avait pas d'emploi et se devait de nourrir ses enfants, et c'est là qu'elle fera la connaissance d'un spécialiste de l'immigration clandestine (Jo) qui lui proposa de suivre le même parcours, car, lui a-t-il expliqué, ce genre d'affaires est des plus juteuses. C'est ainsi qu'elle avait commencé, et elle a déjà réussi à faire passer huit personnes vers le Danemark grâce à des visas (payés à 300 dollars l'unité) que lui procurait un de ses compatriotes dénommé Itchi. Elle prenait également 300 dollars contre chaque carte de séjour (provisoire) en France. Une fois arrivé en Europe, tout immigré lui envoie 800 dollars. Quant à l'appartement de Casablanca, la BEC va découvrir que le propriétaire est marocain, et que ce dernier l'avait loué, sous contrat en bonne et due forme, à une résidente philippine au Maroc, qui a sous-loué l'appartement à Diana pour la somme mensuelle de 6000 dh. Diana, ainsi que les Ténario ont été déférés devant la Justice le 20 mars 2004, avec comme chefs d'inculpation, formation d'un réseau spécialisé dans l'immigration clandestine vers l'Europe à travers le Maroc, faux et usage de faux, complicité….