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La presse ou les démons du mensonge (9)
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 11 - 11 - 2005

L'occident en général et la France en particulier étant naturellement bien plus sensibles aux appels des intectuels de culture française.
C'est la raison pour laquelle Smain a concentré ses efforts sur cette classe particulière d'intellectuels capables d'exporter plus aisément les thèses politiques des Janviéristes. Plusieurs intellectuels prennent très naturellement part à cette grande mobilisation par déontologie ou affinité politique, Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni, …et d'autres se sont investis dans cette foire de ‘‘sauvegarde'' de la démocratie mais nombreux sont ceux qui sont restés en marge préférant suivre les événements de loin en cette période trouble.
Tahar Djaout change du champ littéraire au champ politique avec l'avènement du FIS, il traduit sur papier assez bien l'esprit du combat que préparent les généraux du MDN, seule différence c'est que Djaout pense en poète et écrit naïvement avec tous les sentiments qui peuvent se réunir chez un poète. Pour lui la rupture doit se faire avec toutes formes d'hégémonie qu'elle soit religieuse ou militaire. Il a même l'intention de créer une association pour la défense de la liberté de la presse à cause des restrictions imposées sur la diffusion de l'information.
Les généraux quant à eux sont plus pragmatiques et doivent réussir le plan du Mokh (le général Mohamed Touati) quelles que soient les conséquences. Djaout est bien connu des services et c'est son coté idéaliste qui pose problème, il a déjà été approché auparavant mais il a complètement refusé de collaborer avec la centrale. Cette fois-ci c'est Smain en personne qui suit le dossier et une enquête très poussée de plusieurs semaines est menée pour essayer de trouver une porte d'entrée, mais en vain. Le sujet est cristal comme on dit et cela rend son recrutement assez difficile. Smain charge un autre agent ‘‘ Kabyle'' pour tâter le terrain et essayer d'allier Tahar pour le combat, la réponse de ce dernier est sans appel ‘‘ J'agis en mon âme et conscience ''!
Pour Smain Lamari, Djaout est une carte gagnante à tous les coups quel que soit le jeu et ‘‘puisqu'il a refusé de travailler pour le service en étant vivant, il le fera en étant mort''. Sa liquidation est décidée presque à la hâte suite à une occasion plus que propice, la publication le 25 mai 93 de son article intitulé “La famille qui avance, la famille qui recule”. En publiant cet article Djaout donne à Smain l'occasion rêvée de faire passer le meurtre pour un acte terroriste.
Très tôt, ce matin du 26 mai 1993, tous les alentours de la cité de Bainem sont vidés des petits vendeurs de cigarettes et des travailleurs des chantiers voisins par l'équipe en charge de l'opération. C'est un commando de l'escadron de la mort, la fameuse équipe 192, qui se présente vers dix heures devant la voiture de Tahar Djaout (garée près de son immeuble). Ce dernier vient tout juste de la mettre en marche et c'est un professionnel qui l'exécute après l'avoir appelé par son prénom pour confirmation de l'identité. Pour maquiller le crime, le corps ensanglanté est sorti de la voiture et jeté sur le sol, le tueur prend la voiture et quitte la cité le plus normalement du monde. La voiture est bien sûr retrouvée abandonnée non loin de Bainem.
Cinq jours après, un jeune homme tremblant face à la caméra de télévision, visiblement affecté par la torture, avoue son implication dans l'assassinat du poète. La confession est très claire et les motifs bien établis, ‘‘ l'obscurantisme religieux vient de commettre un crime qui soulève toute la Kabylie''. Une campagne médiatique sans précédant est organisée, le mot d'ordre est donné, le coupable invisible tout désigné : Le GIA a tué son journaliste Kabyle numéro un !
Les avocats du vendeur de bonbons présenté à la télévision arrivent très facilement à prouver que leur client est innocent et pour cause au moment des faits il jouait un match de basket à Ben Aknoun, le juge n'a pas d'autres alternatives que de relâcher le pseudo-assassin, les autres complices présumés sont comme d'habitude ‘‘selon un communiqué officiel '' abattus plus tard dans des opérations de police.
Nous avons vu depuis plusieurs repentis défiler devant la caméra de télévision avouant des crimes aussi effroyables les uns que les autres, les exemples son nombreux (Djilali Liabes, M'hamed Boukhobza, Boucebsi, Benhamouda…)
La famille de Djaout a essayé de trouver des témoins parmi les habitants de la cité où tout le monde se connaît, mais en vain. Le commissariat de police locale a déjà fait le nettoyage nécessaire en embarquant une foule de jeunes du quartier qui ont en vu de toutes les couleurs dans les locaux de la police, ils ont appris à la sortie à dire : ‘‘ je n'ai rien vu et ça ne me regarde pas'', la peur qui régnait a fait le reste.
Smain par contre ne s'attend pas à la création d'un comité de vérité sur l'assassinat de Tahar Djaout, et rien que l'idée de ce comité le met hors de lui, surtout que des journalistes ont suivit ce comité qui pose des questions très embarrassantes et ce n'est pas par hasard que le 15 juin le co-fondateurs de ce comité en l'occurrence, le psychiatre Mahfoud Boucebsi est sauvagement assassiné à l'arme blanche, la signature du crime est un double message, rien ne peut arrêter les fous du pouvoir.
Cet assassinat ressemble très étrangement par ses motifs et ses buts à celui du chanteur Matoub Lounes, différents lieux, différentes époques, le but rechercher dans les deux cas par Smain et Toufik est le même : la manipulation des foules par ses symboles, même au delà des frontières. Les retombées médiatiques et politiques de ce meurtre sont énormes, que se soit en milieu journalistique ou politique et la machinerie de la société civile a bien avancé depuis en utilisant la mémoire d'un symbole qui est contraint à la collaboration en étant mort à cause de certains ( Said Saadi &co) qui n'ont nullement hésité à mettre en avant le nom de Djaout à toutes les sauces politico-mafieuses comme ils le feront ensuite avec Matoub.

Le cas Said Mekbal
De part son caractère Said Mekbal était très proche de Djaout. Connu dans le service sous son célèbre pseudo ‘‘Mesmar J'ha'', lui aussi a fait l'objet d'une approche de collaboration par le service de Smain. Insolent, c'est ainsi qu'il est qualifié par l'officier qui a essayé de le recruter, et malgré le fait qu'il ait bénéficié d'une bourse à l'étranger offerte par le ministère de la Défense, son attitude est restée plutôt ingrate vis-à-vis du service.
Il s'est fait une réputation par ses écrits peu flatteurs à l'égard des islamistes d'une part et du commandement militaire d'autre part ; ce qui lui a valu d'être plusieurs fois suspendu du journal et rappelé à l'ordre de manière assez désagréable. Said Mekbal a refusé de cautionner la politique du changement partiel, pour lui les islamistes et les militaires sont deux diables de différentes couleurs. Le plus grave pour Mekbel c'est qu'il agaçait très sérieusement Toufik par ses écrits et ses allégations répétées concernant l'implication des services de sécurité dans le meurtre de certains journalistes. Toufik lui fait parvenir un message assez clair ‘‘ à ce rythme tu ne vas pas tarder à rejoindre Djaout '' !
En accordant une interview à une journaliste allemande ( dont le nom ne sera pas cité pour des raisons de sécurité et qui garde encore l'enregistrement audio de la rencontre) et ce quelques semaines avant sa mort, il lui a clairement répondu à la question : ‘‘qui veut vous tuer ?''
‘‘Si vous apprenez que j'ai été assassiné sachez que c'est le général Toufik qui aura ordonné mon exécution !''
Ses engagements politiques le rendaient naturellement hostile à toute collaboration directe ou indirecte avec les services de sécurité. Quand l'officier en charge de son recrutement lui demande de collaborer avec le service, il a la même attitude que celle de Louisa Hanoune lors de son arrestation en 89 à Ben Aknoun avec sa copine d'Air Algérie. La réponse est identique et le ton employé pour marquer le refus, assez fort, ‘‘ Je ne collaborerai pas et faites ce que vous voulez''.
A tout seigneur tout honneur, c'est la réponse que Smain ne voulait surtout pas entendre et c'est la même équipe qui a monté l'opération Djaout qui s'est occupée du dossier Mekbel, et de la même manière : une exécution en bonne et due forme. Seulement dans ce cas, Said Mekbel qui échappe à un attentat le 8 mars 1993, est depuis sur ses gardes et difficile d'approche et c'est la raison pour laquelle le ‘‘travail'' est confié à un homme de main de Smain, Abdel Malek Amalou, connu dans le service pour son professionnalisme sous le pseudo « le liquidateur ». Il s'est fait une grande réputation après le meurtre à Paris en 1987 de l'avocat Ali Messili.
Le liquidateur a besoin de s'approcher de Said Mekbel sans que ce dernier puisse se douter de quoi que se soit. Ce qui est fait grâce à la collaboration d'un agent féminin, (une journaliste qui accompagne le tueur au moment du crime et qui connaît Said Mekbel. Elle le piège et c'est Toufik et Smain qui arrachent ‘‘Mesmar Dj'ha''. Said Mekbel porte le numéro 27.
Il est douloureux de citer ces exemples car les motivations de Toufik et de Smain Lamari sont multiples, en plus des retombées médiatiques de ces opérations funestes, ces assassinats servent d'exemples à d'autres journalistes qui craignant pour leurs vies n'ont plus le choix.
Pour les responsables du service presse de la DRS, après les meurtres de plusieurs journalistes soit par le service comme c'est le cas des exemples précédents soit par la main des islamistes, la cueillette des plumes est devenue très facile. Il fallait les recevoir à bras ouverts et leur offrir la sécurité, les armes (beaucoup de journalistes sont armés suite à cela par le service ) et tout le confort dont ils ont besoin en échange de leur contribution bienveillante.
Il est important de noter que derrière ces meurtres de journalistes (surtout les journalistes étrangers ), les généraux Toufik et Smain ont aussi un objectif hautement stratégique par ces liquidations, à savoir le contrôle par ricoché de la presse étrangère et ce par l'imposition d'une protection rapprochée permanente durant tout le séjour du journaliste en Algérie.


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