Trump promet de défendre les producteurs de soja avant sa rencontre avec Xi Jinping fin octobre    Conseil de sécurité de l'ONU : La Russie prévoit trois réunions sur le dossier du Sahara    Manifestations GenZ 212 au Maroc : Point sur les violences qui ont touché plusieurs villes [Vidéos]    Manifestations GenZ 212 : Bilan officiel chiffré des dégâts humains et matériels    Commerce extérieur : recul des valeurs unitaires à l'import (-5,7 %) et à l'export (-0,8 %) au T2-2025    Cours des devises du jeudi 02 octobre 2025    Meta va utiliser les interactions des utilisateurs avec l'IA pour personnaliser ses contenus    Nomination : Ajay Harjani aux commandes du Hilton Garden Inn Casablanca Sud    Aviation civile : accord entre le Maroc et le Bénin à Montréal    Chimie : CMGP Group rachète 92,5% de la CPCM    Inzegane-Ait Melloul : Face à un assaut d'une foule de jeunes la Gendarmerie Royale réplique à balles réelles (2 morts)    Mondial U20 : Le Maroc bat le Brésil et file en huitièmes de finale    Ligue des champions : Ismaïl Saibari sauve le PSV à Leverkusen    Manifiestaciones GenZ 212 en Marruecos: Un vistazo a las violencias que han afectado a varias ciudades [Vídeos]    Fifth day of Gen Z protests sees escalation of violence and vandalism across Moroccan cities    Consejo de Seguridad de la ONU: Rusia planea tres reuniones sobre el expediente del Sahara    Santé maternelle et infantile : UNICEF et KOICA unissent leurs forces au Maroc    Province de Médiouna : SM le Roi lance la réalisation d'un projet solidaire    Le plan secret : comment les services de renseignement algériens utilisent le numérique pour déstabiliser le Maroc ?    Manifestations GenZ : les auteurs d'actes de violence risquent jusqu'à 20 ans de prison (source judiciaire)    Marché actions: Le Masi décroche de 3,4%    Mondial U20 : LES LIONCEAUX QUALIFIES APRÈS AVOIR MALMENE LE BRESIL    Botola Pro 1 : Victoire de l'Olympic de Safi sur le Hassania d'Agadir (1-0)    Grève nationale en Belgique : aucun vol au départ de Brussels Airport le 14 octobre    Au Parlement, Rachid Hamouni livre un discours glaçant sur l'emprise du secteur privé dans la santé au Maroc    Achraf Hakimi : « Pas de déception, je suis fier de ma 6e place »    Paralysie budgétaire aux Etats-Unis : des centaines de milliers de fonctionnaires sur la sellette    Lqliâa: deux morts suite à une tentative d'intrusion dans un poste de gendarmerie    Espagne : Les députés pro-Polisario appellent Pedro Sanchez à voter contre le nouvel Maroc-UE    Espèces invasives : la Méditerranée en première ligne face au réchauffement des océans    L'hydrogène vert, vecteur de la transition énergétique durable au Maroc (Leila Benali)    Mondial U20 : La composition du Maroc face au Brésil    Manifestations GenZ : Rachid El Khalfi explique le recours aux interventions comme ultime option    Street art : Fatima Ezzahra Khilad (Tima) fait voyager le vase de Safi à travers le monde [Portrait]    Salon du livre d'Oujda : ce qu'il faut savoir sur la prochaine édition (VIDEO)    La 27e édition de Jazz à Rabat clôturée avec succès    Jazz in Rabat 2025 wraps up with sold-out concerts and cross-cultural collaborations    Le Maroc compte 7 085 ressortissants parmi les 116 495 personnes sommées de quitter l'Union européenne au deuxième trimestre 2025, l'Algérie arrive en tête    SM le Roi félicite le Président chinois à l'occasion de la fête nationale de son pays    Oujda: Démenti du décès d'un manifestant lors d'affrontements avec les forces de l'ordre    Alerte météo : averses orageuses avec rafales de vent de mercredi à jeudi dans certaines régions    Trois films marocains en lice aux rencontres cinématographiques de Cotonou    OPPO et la Champions League : une passion prolongée    Mondial U-20 : Le Japon qualifié, l'Egypte quasiment éliminée    Meta poursuivie en Espagne : les médias réclament 550 millions d'euros    Un spectacle de drones illumine le site archéologique du Chellah à Rabat    Le Maroc et la Jordanie engagent un projet de jumelage entre la ville de Salt, capitale du gouvernorat de Balqa, et les cités impériales de Fès et Meknès    Ma plume saigne pour Gaza!    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Erreur judiciaire : quand la Justice devient injuste !
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 19 - 10 - 2010

Incontestablement, un juge peut se tromper. Car l'erreur est humaine. Il peut punir un innocent, acquitter un coupable ou encore infliger à un accusé une peine inadaptée. Et c'est précisément parce qu'il peut se tromper que le législateur a institué des voies de recours permettant aux juges «réformateurs», en phase d'appel ou à la Cour suprême, de corriger ces erreurs d'appréciation qui ont pu être commises lors de l'examen initial. Cependant, le problème se pose avec acuité quand le condamné à tort a épuisé les voies de recours. C'est ainsi que le législateur marocain évoque la procédure de révision pour réparer l'erreur judiciaire (voir encadré page 8). Une erreur qui touche directement la liberté des personnes, qui met en boîte un droit fondamental de l'être humain et qui détruit la vie d'innocents et de leurs familles. En effet, en France, pour ne citer que l'exemple de ce pays dont la législation pénale a fortement inspiré le législateur marocain en la matière, il y a plusieurs études et débats consacrés à l'erreur judiciaire. Le système judiciaire français ne trouve pas de difficulté à admettre l'erreur judiciaire et à la reconnaître comme étant une réalité juridique contemporaine et immédiate. Qu'en est-il du Maroc? Pratiquement aucun débat, et ce, à tous les niveaux. Concernant les études, encore pire. A noter que dans le cadre de la réalisation de cette enquête, ALM avait sollicité une interview avec un magistrat, pour pouvoir traiter la question de l'erreur judiciaire sous tous les angles. Une demande a été adressée, à cet effet, le jeudi 29 septembre, au ministère de la Justice, puisque c'est de l'appareil judiciaire qu'il s'agit. Et ce n'est que le jeudi 14 octobre, à l'heure où l'enquête était en plein bouclage que le département de Mohamed Naciri a contacté ALM pour nous notifier l'accord du ministère pour la réalisation de cette interview sous réserve de soumettre les questions au préalable. Mais, contacté par ALM, le magistrat en question nous a affirmé qu'il fallait qu'il reçoit une autorisation écrite dans ce sens de la part de ses supérieurs… Histoire de la toile de Pénélope. Ceci dit, ALM a souhaité traiter la question de l'erreur judiciaire, malgré toutes ces difficultés, car les victimes de l'injustice sont là, parmi nous. L'équipe d'ALM a cherché les traces de quelques-unes parmi elles et en a trouvé trois. Trois personnes qui ont enduré injustement un calvaire douloureux durant des années. C'est à la rue Ben Chadlia à El Jadida, qu'ALM a retrouvé la première victime, M'hamed Nouri, qui a été condamné, avec son ami, Abdelouahed El Mouli, décédé il y a trois ans, à perpétuité pour un meurtre qu'ils n'ont jamais commis (voir témoignage pages 9, 10 et 11). Il a purgé huit ans avant que le vrai coupable, Mohamed Belahrach, n'ait été mis hors d'état de nuire. Bien que le tribunal administratif ait jugé qu'il devait bénéficier de dommages et intérêts de 1,5 million de dirhams, Nouri vit encore dans une indigence amère. Pour les deux autres personnes, Mohamed Sakhi et Abdelilah Kribel, ALM était obligé d'aller les chercher au douar Bouih, qui longe l'autoroute A1, reliant Casablanca à Rabat, dans la région d'Aïn Sebaâ (voir témoignage pages 13, 14 et 15). Un douar isolé du monde extérieur par un long mur, ressemblant, par conséquent, à un camp de réfugiés, qui offre le même spectacle de marginalisation, de tristesse, de souffrance, d'amertume, de détresse, de consternation que les autres bidonvilles casablancais. Contrairement à l'affaire d'El Jadida, le déplacement au douar Bouih était périlleux. à l'entrée du douar, l'équipe d'ALM a été menacée d'agression par Réda, le faux témoin qui a mouillé Mohamed Sakhi dans l'affaire de l'agression du ressortissant français, sa maîtresse et son chauffeur à Casablanca. Mais, l'équipe a décidé d'aller jusqu'au bout malgré les dangers qui entourent cette mission. Elle les a rencontrés, les a écoutés attentivement. Elle a ressenti leur souffrance et l'injustice qu'ils avaient subie. En effet, ces victimes de l'injustice étaient des gens qui pouvaient «être facilement dans l'auto ou l'hétéro-agressivité», comme l'a signalé le psychiatre Hachem Tyal (voir entretien page 12). Aussi, selon ce dernier, ces victimes «sont amenées à se suicider facilement» en raison du calvaire qu'elles ont enduré. Heureusement, les trois victimes de l'erreur judiciaire que ALM a rencontrées essaient de reprendre leur vie en main et enterrer les blessures du passé. Cela dit, la grande question qui se pose est celle de savoir : qui assume la responsabilité de ces erreurs judiciaires ? L'avocat Mohamed Taïb Omar, du barreau de Casablanca, suppose que la police judiciaire assume la grande responsabilité, étant donné qu'elle ne dispose pas de tous les moyens lui permettant d'accomplir sa mission dans de bonnes conditions. (voir entretien pages 16 et 17). Les instances de protection des droits de l'Homme ne sont pas en reste dans cette affaire. Amina Bouayach, présidente de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), estime que le risque de l'erreur judiciaire pourrait être réduit en «inscrivant la consécration des voies de recours et d'équité dans le cadre de la réforme du système judiciaire» (voir entretien page 18). La militante des droits de l'Homme confirme que les ONG n'ont pas encore investi ce thème de l'erreur judiciaire étant donné que «la mise en place des mécanismes de prévention contre l'erreur judiciaire est une étape ultérieure qui viendra après la consécration des garanties du procès équitable». En attendant la consécration des garanties du procès équitable, tant souhaitée par les organisations de défense des droits humains, l'ouverture d'un débat à propos de cette question aura au moins le mérite de sensibiliser les avocats, les juges, les responsables de la Police judiciaire ainsi que les justiciables aux conséquences néfastes que l'injustice produite par l'appareil judiciaire pourrait avoir sur les victimes. M'hamed Nouri, Mohamed Sakhi et Abdelhadi Kribel en sont les témoins.
Enquête réalisée par :
Abderrafii Al Oumliki et Mohamed Aswab


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.