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Tifinagh, le choix de la différence
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 05 - 02 - 2003

Les 30 et 31 janvier, les membres du conseil d'administration de l'Institut Royal de la Culture Amazighe ont adopté le tifinagh comme graphie de l'amazigh. Que signifie ce choix et quelles en sont les motivations ? Un éminent linguiste nous éclaire sur le bien-fondé de l'option tifinagh par rapport à l'arabe et au latin.
Au-delà de l'anecdotique, au-delà de l'ambiance dans laquelle s'est déroulée le vote des 32 membres du conseil d'administration de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCA), au-delà des passions que peut engendrer le choix de cette graphie, l'adoption du tifinagh est une décision très importante dont les conséquences seront considérables sur le système éducatif au Maroc et sur la vie de près de la moitié des Marocains s'exprimant dans cette langue. Les militants de la cause amazighe se réjouissent ouvertement de cette adoption. « C'est une décision historique qui ne concerne pas seulement le Maroc, mais l'ensemble des pays du Maghreb.
Pour la première fois, l'amazigh a une graphie votée démocratiquement», nous déclare Brahim Akhiat, président de l'Association marocaine de recherches et d'échanges culturels (AMREC). Son enthousiasme devrait être tempéré, parce que les résultats des délibérations des membres du conseil d'administration de l'IRCA ne sont pas encore officiels.
Ils ne peuvent être rendus publics qu'après l'approbation de Sa Majesté le Roi, comme cela est clairement précisé dans le dahir se rapportant à l'IRCA.
Mais l'adoption du tifinagh par les 2/3 des membres du conseil d'administration de l'IRCA est une réalité, et il faut chercher à en comprendre le pourquoi, loin de l'enthousiasme des militants. Un éminent linguiste, membre de cet institut, défend ce choix. «Ce n'est pas un idéogramme !», dément-il, lorsqu'on se hasarde à dire que le tifinagh est constitué de dessins archaïques. «Il s'agit d'une graphie phonogrammatique», précise-t-il. En d'autres termes, chaque graphème exprime un son. Ce qui dissocie d'emblée le tifinagh des hiéroglyphes des Egyptiens, par exemple.
Au demeurant, des trois options, le tifinagh est l'unique alphabet qui est susceptible, à ses yeux, de couvrir les latitudes articulatoires de la langue amazighe. «Le tifinagh a une graphie qui est parfaitement conforme à la prononciation de l'amazigh», dit-il. L'adoption d'un autre alphabet risquerait de perturber l'enfant à l'école. À titre d'exemple, dans le latin, le “u” se prononce “ou”.
L'enfant qui apprend l'amazigh dans une grahie latine fera incessamment des transferts du français à l'amazigh. L'énoncé “il a lu” en français se dit “il a lou” en amazigh. Ce genre d'interférences va poser des problèmes dans l'apprentissage de la langue française. En ce qui concerne la graphie arabe, « il n'existe pas de voyelles », précise ce chercheur.
En fait, l'on sait que l'arabe porte des marques vocaliques “achakl”, ce qui rend difficile la lecture de cette langue pour des personnes qui n'en ont pas une bonne maîtrise. La chose se posera aussi pour l'amazigh : «Ecrire en arabe un mot amazigh comportant des voyelles va poser des problèmes à la lecture, parce qu'il n'existe pas de voyelles dans la graphie arabe». Cependant, présenter des difficultés de cette espèce ne signifie pas pour autant que le choix du tifinagh est sans problème. Son usage sur ordinateur, par exemple, est quasi-impossible. Les fontes du tifinagh n'existent pas sur des claviers, parce que cette police n'est intégrée par aucun logiciel de traitement de texte dans le monde. Pour y recourir, il faut consulter à chaque fois les caractères spéciaux. «Il faut arriver à convaincre une maison comme Microsoft du parti à tirer en introduisant le tifinagh dans les logiciels Windows», dit le chercheur. «Les questions techniques, c'est à nous de les résoudre.
Le tifinagh est appelé à évoluer, et l'on a toute l'énergie pour accompagner cette évolution», dit Brahim Akhiat. On comprend vite alors que la question identitaire est la pierre angulaire dans le choix du tifinagh. Les amazighophones traversent, dans la conjoncture actuelle, une période de valorisation et de consolidation de leur identité. Ceux qui ont voté à l'IRCA savent à quel point il faut distinguer cette identité de l'arabe et du latin. Ils savent aussi que ce choix implique des efforts considérables pour moderniser le tifinagh. Mais après tout, ils sont les premiers concernés, et le choix de leur différence est légitime.


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