Les attentats-suicide de Casablanca ont fait subitement du PJD un parti paria accusé d'avoir contribué, par son attitude ambiguë, à faire le lit des intégristes. Les attentats de Casablanca du 16 mai ont installé une certaine inquiétude dans les rangs des islamistes marocains. Ces événements tragiques n'ont pas arrangé particulièrement les affaires du Parti de la Justice et du Développement (PJD) dont les responsables, très gênés aux entournures, ont multiplié les déclarations condamnant le terrorisme aveugle dans une tentative de se démarquer par rapport au courant radical (Assiart Al Moustakim) qui est derrière les attaques-suicides. Dans un communiqué daté du samedi 24 mai, le PJD a annoncé sa décision de ne pas participer à la marche organisée dimanche à l'appel des partis politiques de la majorité alors qu'il a appelé les citoyens, par le biais de son journal “Attajdid”, à prendre activement part à cette manifestation. Le parti de Abdelkrim Al Khatib a expliqué sa décision de “sécher“ cette marche par son souci de voir cette dernière se dérouler dans de bonnes conditions et de préserver l'unanimité du peuple marocain dans sa condamnation des actes terroristes. En fait, le PJD se savait, dès le début, indésirable dans une manifestation où ses membres risquaient, dans le meilleur des cas, d'être pris à partie par la foule des manifestants. En effet, la population, après le choc et la révolte produits par les attentats-suicide, bouillonne de colère contre les islamistes. Pourtant, au début, Ramid et ses amis ont tenté vainement de faire accepter leur parti comme co-organisateur de l'initiative aux côtés des autres formations gouvernementales. Le PJD réduit à quémander une place après avoir jusqu'ici pris les devants dans différentes manif qu'à connues le pays au cours des dernières années. Aujourd'hui, la donne semble avoir sérieusement changé pour un parti promis pourtant à un bel avenir politique. Et ce depuis les législatives du 27 septembre dernier où il a réalisé une percée spectaculaire avec une quarantaine de députés. Un succès électoral qui a donné des ailes à cette formation au point que certaines de ses figures ont cru que cela leur donne le droit de multiplier les signes d'insolence et les actes de provocation dans les travées du Parlement en accélérant sur la pédale du populisme religieux. Les membres du PJD ont beau dénoncer l'amalgame et l'exclusion visant sciemment leur structure, ils ont du mal à faire valoir leur image d'islamistes modérés. Ils sont en effet accusés par leur comportement d'avoir contribué directement ou indirectement à faire le lit des intégristes. Nombre de dirigeants du parti dont Ahmed Raïssouni ont nié l'existence du courant radical de la Salafia Jihadia qu'ils ont qualifié de pure création des autorités destinée, à leurs yeux, à “ porter atteinte à l'image du mouvement islamiste au Maroc“. Les intéressés ont dit la même chose de la cellule dormante d'Al Qaeïda démantelée en mai 2002 au Maroc. À s'entêter à avoir pris à la légère le combat de l'État contre la menace extrémiste , le PJD s'expose aujourd'hui à être sur la défensive. Le pente est très raide.