Certaines initiatives de membres du PJD réduisent le parti à la posture exclusive d'un parti représentant «les intérêts turcs au Maroc». Le PJD est-il le principal relais de le Turquie au Maroc ? Le très controversé Ayman Choubani, ex-président de l'association des étudiants marocains en Turquie et fils d'El Habib Choubani, responsable du Parti justice et développement (PJD, islamiste) qui mène la coalition gouvernementale, se déploie pour organiser à partir de ce 2 mars, un voyage en Turquie, au profit des étudiants intéressés par l'inscription aux universités turques, ainsi que les bourses d'étude fournies par ce pays. Et il s'y attèle comme s'il s'agissait d'un sacerdoce, pour ne pas dire un acte militant ! En effet, en raison de l'indisponibilité des réservations chez son prestataire Salah Hairabi -gérant de l'agence de voyage espace tourisme à Casablanca, et membre du Mouvement unicité et réforme (MUR), une association considérée comme la matrice idéologique du PJD-, Ayman Choubani, cité dans plusieurs affaires aux accointances dangereuses, a jeté son dévolu sur la société Arabia voyage et tourisme, établie à Temara pour mener coûte que coûte à terme son projet. Soulignons que depuis son accession au pouvoir, le PJDa a multiplié les signes de complaisance envers Recep Tayyip Erdoğan. Certains milieux du parti islamiste, au fait de ce projet, ont reproché à Ayman Choubani d'avoir affiché son numéro de téléphone dans l'annonce du voyage en question, au motif qu'il risque d'être une victime collatérale de « l'offensive » menée contre son père El-Habib Choubani, sinon d'être pointe du doigt comme étant un «relais des Turcs». Ils auraient préféré la discrétion absolue des petits arrangements entre « amis ». Et pour cause. Le PJD, présenté sur la scène politique marocaine comme affichant un référentiel «islamique», est accusé de marcher dans le sillage de l'AKP turc. Non seulement les réseaux turcs remplacent les services publics mais ils offrent parfois des prestations à destination de l'appareil du PJD, une situation critiquable et compromettante sur le plan politique. Des relations ambiguës marquées par l'accroissement du nombre d'étudiants issus du PJD en mobilité vers la Turquie, sans aucun effet sur les liens politiques, sociaux, culturels et académiques entre Rabat et Ankara. La question se pose donc sur ce qu'en tirent les partis à référent dit islamique.