Les demandes de report des échéances de crédit sont un vrai jackpot pour les banques martèle un employé de banque dans une déclaration à Hit Radio. En augmentant le tableau d'amortissement afférent aux crédits, notamment le montant de l'échéance, le capital restant dû et les intérêts, les banques sont en train de maximiser leurs gains nets en ces temps de crise. Lors de son passage sur une émission animée par Mohamed Bousfiha sur Hit Radio, un employé d'une banque dénonce l'augmentation des intérêts, imposée par les établissements de crédit aux clients, pour bénéficier du rééchelonnement des échéances bancaires. Alors que le secteur bancaire a annoncé sa mobilisation pour soutenir les ménages et les entreprises face aux conséquences de la pandémie du coronavirus, les clients ainsi que les conseillers de clientèle-banque ont été surpris par le manque de transparence et de rigueur dans l'exécution du report des échéances. En effet, un employé d'une banque a annoncé qu'au début de l'opération, les chargés de clientèle n'ont été pas avisés par les frais supplémentaires qui seront générés par toute demande de report des échéances bancaires. Il relève que dès la première semaine qui a suivi l'annonce du GPBM (Groupement professionnel des banques du Maroc), sa banque a reçu plus de 650 demandes de suspension. Dans ce sens, il affirme que les frais d'intérêts par dossier se chiffrent en moyenne à 5.000 dirhams par dossier, ce qui résulte d'un gain net de 3.250.000 dirhams pour sa banque. Ce n'est que par la suite que les banques ont commencé à généraliser des formulaires de demande de report qui mentionnent clairement l'application de frais supplémentaires aux clients sur toute demande de rééchelonnement. Les clients déclarent ainsi automatiquement accepter de façon irrévocable et inconditionnelle toutes les modifications résultant de cette suspension qui impacteront le tableau d'amortissement afférent aux crédits notamment le montant de l'échéance, le capital restant dû et les intérêts. Le cas échéant, les demandes ne sont pas enregistrées. Dans ce cadre, l'employé souligne aussi que toute demande de report est assortie à des frais d'extension de l'assurance : de 0,11% pour un report de 3 mois et de 0,22% pour toute demande de suspension de paiement de crédit pour 6 mois. Rappelons qu'en temps normal, les conseillers de clientèle bénéficient de primes sur tout crédit octroyé. L'employé de la banque mentionne qu'en ces temps de crise, certaines banques ont soumis leurs agents à de nouveaux objectifs chiffrés : ils doivent désormais encourager leur clientèle à demander des reports des échéances de crédit pour bénéficier de primes supplémentaires. Il affirme, dans ce cadre, qu'il serait plus rentable pour les clients de cumuler trois impayés avec des frais d'ajournement que de payer les pénalités dues au rééchelonnement des échéances bancaires. Des pénalités qui s'élèvent, dans certains cas, aux frais payés mensuellement par les clients. A noter que plusieurs entreprises et ménages ont précédemment dénoncé la réticence des banques à financer les mesures du plan gouvernemental de soutien au secteur social et économique. En effet, les banques ont augmenté leurs marges et la tarification des emprunts et ont décidé de refondre leur appréciation des risques. De plus, le montant du report des échéances de crédits a été étalé avec des intérêts sur toutes les mensualités qui restent à payer. Par ailleurs, les crédits ont été débités par certaines banques alors que celles-ci ont reçu des demandes de report des paiements. Au final, le consommateur est dans la tourmente.