Abdellatif Zaghnoun, directeur général de l'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l'État et de suivi de la performance des établissements et entreprises publics, a mis en avant le rôle de l'Agence dans l'amélioration de la qualité des services publics, la réalisation de la justice territoriale et le renforcement de la performance des établissements et entreprises publics. Il a précisé que les interventions de l'Agence ne consistent pas à gérer au quotidien les services publics, mais à encadrer et accompagner les établissements publics à travers l'amélioration de la gouvernance, l'ingénierie financière et l'ancrage d'une prise de décision fondée sur des données précises, afin de transformer l'investissement public en services de qualité ayant un impact concret dans des secteurs tels que l'eau, l'électricité, le transport, les services numériques et autres. Dans l'entretien suivant accordé à Hespress, Zaghnoun a souligné que la politique actionnariale de l'État vise à orienter les investissements publics vers les régions intermédiaires et enclavées, afin de poser les bases économiques capables de créer des emplois durables et de réduire les disparités territoriales. Cette orientation se reflète dans des projets structurants tels que le port Nador West Med, les programmes ferroviaires, autoroutiers et aéroportuaires, ainsi que dans le soutien à l'inclusion financière et à l'amélioration de la qualité des services médiatiques. Le directeur général de l'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l'État et de suivi de la performance des établissements et entreprises publics a indiqué que les objectifs de la politique actionnariale dépassent la simple détention financière de participations publiques. Ils englobent également la consolidation de la transparence, le renforcement de la gouvernance, l'amélioration de la performance des établissements et entreprises publics et la garantie de la durabilité économique, sociale et environnementale, à travers des cadres juridiques et réglementaires clairs et des systèmes globaux de suivi de la performance financière et non financière. Cela permet aux citoyens de percevoir l'impact des investissements de l'État sur leur vie quotidienne et renforce la confiance dans la gestion des fonds publics. Concernant la transformation des établissements publics en sociétés anonymes, Zaghnoun a affirmé que cette opération ne se limite pas à un simple changement formel du statut juridique et ne signifie pas une privatisation automatique. Il s'agit plutôt d'un outil fondamental du chantier de réforme du secteur des établissements et entreprises publics, mis en œuvre dans un cadre garantissant la continuité du service public et la protection des droits acquis des différentes parties prenantes. Il a également attiré l'attention sur le rôle croissant des marchés des capitaux en tant qu'outil de financement innovant, permettant de mobiliser des ressources supplémentaires pour les projets structurants sans alourdir le budget général, contribuant ainsi à l'articulation entre la stratégie actionnariale, la gouvernance et le financement, et à l'accélération de la réalisation des grands projets à l'échelle nationale, tout en favorisant la justice territoriale et la qualité des services publics. Voici le texte de l'entretien : Comment les interventions de l'Agence se traduisent-elles, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique actionnariale de l'État, par une amélioration de la qualité des services publics ? Depuis son adoption, la politique actionnariale de l'État est devenue le cadre de référence organisant le rôle de l'État en tant qu'actionnaire, plaçant ainsi l'intérêt général et la qualité du service public au cœur de chaque décision d'investissement. Dans ce contexte, l'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l'État et de suivi de la performance des établissements et entreprises publics n'intervient pas directement dans la gestion quotidienne des services aux citoyens, mais agit à travers l'encadrement et l'accompagnement des établissements et entreprises publics, notamment en matière de gouvernance, de choix d'investissement et d'ingénierie financière, de manière à traduire les décisions de l'État actionnaire en impacts concrets sur l'accès aux services et leur qualité. Cela se traduit d'abord par l'amélioration de la gouvernance des acteurs publics, à travers une séparation claire entre le rôle stratégique de l'État et son rôle d'actionnaire, le renforcement du rôle des organes délibérants dans la conduite stratégique, l'ancrage de mécanismes de prise de décision fondés sur les données, et le lien entre investissement public et objectifs opérationnels via des contrats-programmes et des protocoles d'accord pluriannuels intégrant des indicateurs de performance précis relatifs à l'accès aux services publics, à leur qualité, à leur continuité et à leur coût, ainsi que des indicateurs d'impact, notamment sur la vie des citoyens. La présence de l'Agence au sein des organes de gouvernance revêt à cet égard une importance particulière. Les questions liées à la qualité du service public sont inscrites à l'ordre du jour de ces instances, des indicateurs clés de performance leur sont dédiés et leur suivi est assuré de manière régulière, permettant d'identifier les dysfonctionnements à temps et de proposer des mesures correctives appropriées. Dans cette logique, les interventions de l'Agence dans la mise en œuvre de la politique actionnariale de l'État constituent un maillon décisif dans la transformation de l'investissement public en services améliorés dans les domaines de l'eau, de l'électricité, du transport, des services numériques et autres services publics, et dans l'élévation de la performance des établissements et entreprises publics, en réponse aux attentes des citoyens, des acteurs économiques et des territoires. Quel est l'impact des projets accompagnés par l'Agence sur la création d'emplois dans les régions intermédiaires et enclavées ? Il convient d'abord de préciser que le rôle de l'Agence nationale ne consiste pas à superviser directement l'exécution des projets, mais à accompagner les établissements et entreprises publics chargés de la mise en œuvre des projets d'infrastructures et de la fourniture des services essentiels, conformément aux orientations stratégiques de la politique actionnariale de l'État, approuvées par le Conseil des ministres le 1er juin 2024. L'Agence joue un rôle central dans le cadre de la réforme structurelle de l'État actionnaire et dans le suivi de la mise en œuvre concrète des orientations stratégiques de la politique actionnariale dans les domaines du développement économique et social et de la justice territoriale. À travers cette politique, l'Agence agit comme un acteur stratégique pour orienter l'investissement public et structurer les interventions des établissements et entreprises publics, afin d'en maximiser l'impact économique, social et territorial. Son action repose sur un principe fondateur selon lequel l'investissement public doit créer les conditions d'une croissance inclusive et durable, notamment dans les régions éloignées et défavorisées qui ne bénéficient pas spontanément de l'investissement privé. L'objectif ne se limite pas à la création d'emplois temporaires liés aux chantiers, mais vise l'instauration de bases économiques structurantes capables de générer des emplois productifs, une valeur ajoutée locale et une stabilité économique et territoriale à moyen et long termes. Existe-t-il des exemples concrets de projets structurants mis en œuvre grâce aux orientations de la politique actionnariale et ayant amélioré les services dans les régions ? Parmi les exemples les plus éloquents figure le projet du port Nador West Med, dont la mise en service est prévue pour fin 2026. Ce projet devrait engendrer une dynamique socio-économique majeure dans la région de l'Oriental et contribuer à la création de nombreux emplois durables. Le raccordement routier et ferroviaire du port a par ailleurs favorisé l'attraction d'investissements étrangers importants. Un autre facteur clé de l'efficacité actionnariale réside dans le développement de nouvelles approches de financement des projets structurants, fondées sur des schémas innovants de restructuration et de financement, sans recours à la garantie de l'État et avec une réduction de la pression sur le budget général, notamment par la mobilisation de financements en dirhams afin de limiter les risques de change. Cette orientation a permis de mobiliser des financements importants au profit d'établissements et entreprises publics stratégiques, tout en préservant leur équilibre financier et en renforçant leur autonomie. L'année 2025 a été marquée par la signature de protocoles d'accord entre l'État et plusieurs de ces entités, constituant un cadre contractuel pour la mise en œuvre de ces nouvelles approches. Parmi les exemples notables figurent également les programmes ferroviaires structurants de l'Office national des chemins de fer, incluant l'extension de la ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech, ainsi que la mise en place de réseaux de transport rapide au profit de grandes agglomérations comme Casablanca, Rabat et Marrakech. Grâce à l'ingénierie financière mise en place, ces projets renforceront durablement la capacité de l'Office à les réaliser, amélioreront la connectivité entre les régions et faciliteront la mobilité des citoyens, des étudiants et des professionnels, tout en renforçant l'attractivité des territoires concernés. Il en va de même pour les programmes routiers et aéroportuaires, notamment l'autoroute Rabat–Casablanca, l'achèvement de l'autoroute Tit Mellil–Berrechid, ainsi que les programmes de développement des capacités aéroportuaires de l'Office national des aéroports. Ces chantiers se traduisent concrètement par une amélioration de la capacité d'accueil, de la sécurité, du confort et de l'accès aux réseaux économiques et touristiques. L'intervention de l'Agence s'est également étendue à des opérations innovantes de valorisation des actifs et de renforcement des fonds propres du groupe Barid Al-Maghrib et de sa filiale Al Barid Bank, soutenant ainsi leur rôle dans l'inclusion financière et les services de proximité dans l'ensemble des régions. Enfin, un plan de restructuration et de financement a été lancé au profit de la société Soread afin de renforcer sa situation financière et d'améliorer la qualité de son offre médiatique au bénéfice des citoyens, au niveau national et international. Quels sont les principaux objectifs stratégiques de la politique actionnariale de l'État ? La politique actionnariale de l'État repose sur de grands axes structurants visant à renforcer la performance, garantir la durabilité et consolider la crédibilité de la gouvernance des établissements et entreprises publics, dans le cadre d'un dialogue permanent, organisé et transparent avec l'ensemble des parties prenantes relevant du périmètre d'intervention de l'Agence. À travers ce dialogue continu, l'État, en tant qu'actionnaire, clarifie ses attentes stratégiques, partage ses orientations à moyen et long termes, et assure une meilleure lisibilité des priorités confiées aux entités publiques, tout en respectant la spécificité de leurs missions et leur autonomie de gestion. Cette approche permet de dépasser une logique de contrôle ponctuel au profit d'un partenariat fondé sur la confiance, la responsabilité, la reddition des comptes et la cohérence stratégique. Le rôle de l'État actionnaire en matière de gouvernance consiste à instaurer des standards élevés d'orientation et de suivi, à consacrer une culture de redevabilité, à assurer une séparation claire entre ses fonctions stratégiques et ses fonctions d'actionnaire, à renforcer le rôle et l'indépendance des conseils d'administration, et à élever le niveau de professionnalisation des organes de gouvernance et de gestion. Le dialogue avec les parties prenantes constitue un levier essentiel pour accompagner les réformes, anticiper les risques, arbitrer les trajectoires économiques et intégrer progressivement les exigences de performance globale, notamment financière, sociale, environnementale et de gouvernance. Ainsi, la politique actionnariale de l'État ne se limite pas à la détention du capital, mais s'impose comme un outil de gouvernance efficace, orienté vers la création de valeur durable, la qualité du service public et le renforcement de la confiance des citoyens. Quels changements majeurs peuvent affecter les établissements publics après leur transformation en sociétés anonymes ? La transformation en sociétés anonymes ne se réduit pas à un simple ajustement formel du statut juridique, mais constitue un levier central de la réforme du secteur des établissements et entreprises publics, conformément à la loi-cadre 50-21 et à la loi 82-20 instituant l'Agence. L'objectif est d'instaurer une relation claire entre l'État et ces entités, fondée sur une logique d'actionnariat responsable, avec une définition plus précise des missions et des modèles économiques, et une distinction nette entre les activités commerciales et les services d'intérêt général, sur la base de contrats explicites avec l'État. Ces entités sont soumises aux règles des sociétés commerciales en matière de transparence, de gestion financière et de comptes indépendants, et nombre d'entre elles ont adopté les normes comptables internationales IFRS, renforçant ainsi la discipline financière et facilitant la mobilisation de sources de financement diversifiées. Cette transformation ne signifie toutefois pas une privatisation automatique, mais s'inscrit dans un cadre garantissant le maintien du pouvoir décisionnel de l'État dans les entités stratégiques et la continuité du service public, ainsi que la protection des droits acquis. Comment les cadres juridiques et réglementaires contribuent-ils au renforcement de la gouvernance et de la transparence ? Le cadre juridique et réglementaire constitue un socle fondamental pour renforcer la gouvernance et la transparence au sein des établissements et entreprises publics. Il oblige l'Agence à élaborer et à mettre en œuvre la politique actionnariale de l'État comme référence unique pour la gestion du portefeuille public, l'orientation de l'investissement public et la transparence à l'égard des institutions constitutionnelles et de l'opinion publique. La loi 82-20 confère également à l'Agence la représentation de l'État actionnaire au sein des conseils et comités spécialisés de 57 établissements et entreprises publics, lui donnant la légitimité nécessaire pour intervenir aux niveaux stratégiques de décision, suivre l'exécution des programmes, identifier les risques et veiller au respect des règles de bonne gouvernance. Dans ce cadre, plusieurs mécanismes modernes de gouvernance ont été généralisés, notamment la création de comités spécialisés (audit, stratégie, investissement, risques, nominations, rémunérations, gouvernance), la désignation d'administrateurs indépendants et la digitalisation des travaux des organes de gouvernance, améliorant la traçabilité des décisions et la qualité de l'information disponible. En complément, l'Agence a lancé le label d'excellence « Jid », destiné à promouvoir les meilleures pratiques de gouvernance au sein des établissements et entreprises publics. Le développement des compétences, à travers la formation et l'accompagnement du changement, constitue un pilier essentiel de cette démarche, avec des programmes de formation de haut niveau menés en partenariat avec des universités nationales et internationales. En matière de transparence, le cadre juridique impose également la publication d'un rapport annuel sur l'État actionnaire, offrant une vision intégrée de la performance financière, économique, sociale et territoriale du portefeuille public, ainsi que l'établissement de comptes consolidés selon les normes comptables internationales. Quels sont aujourd'hui les principaux indicateurs de mesure de la performance financière et non financière du portefeuille de l'État actionnaire ? Le suivi de la performance du portefeuille public ne se limite plus aux indicateurs comptables traditionnels, mais repose désormais sur une approche globale intégrant des indicateurs financiers et non financiers. Cette approche permet d'arbitrer entre rentabilité, durabilité financière et respect des missions d'intérêt général. L'évaluation s'effectue à trois niveaux complémentaires : la performance financière, à travers la rentabilité, la liquidité, l'endettement et la solidité des modèles économiques ; la performance opérationnelle, mesurée par l'efficacité, la qualité des services et la productivité ; et enfin la performance non financière, incluant l'impact économique, social et environnemental, ainsi que les pratiques de gouvernance et de gestion des risques. Dans ce cadre, l'Agence a lancé en octobre 2024 un système intégré de pilotage de la performance, déployé progressivement à partir de 2025 et renforcé à l'horizon 2026 par un système d'information intégré, afin d'améliorer la fiabilité des données, la qualité du dialogue de gestion et l'ancrage d'une culture de la performance fondée sur l'information précise. Comment le citoyen peut-il comprendre le rôle de l'État actionnaire et avoir confiance dans la transparence de son action ? Le rôle de l'État actionnaire, bien que technique, est présent dans la vie quotidienne du citoyen. L'accès à l'eau potable, à l'électricité, aux transports publics de qualité ou à une offre médiatique fiable est le fruit d'investissements publics réalisés par des établissements et entreprises relevant du portefeuille de l'État, accompagnés par l'Agence dans le cadre d'une politique actionnariale claire. Chaque dirham investi vise à améliorer les services publics, faciliter la vie quotidienne et ouvrir de nouvelles perspectives de mobilité, d'emploi et de qualité de vie. L'État agit ainsi comme un actionnaire responsable, orientant des projets structurants à long terme dans des secteurs clés tels que l'eau, l'énergie, le transport, les infrastructures et les services numériques, avec pour objectif non pas le rendement financier immédiat, mais la durabilité économique et la réduction des disparités territoriales. La publication du rapport annuel sur l'État actionnaire, la mise à disposition d'informations via les canaux numériques de l'Agence et la coordination avec les instances de contrôle renforcent progressivement la confiance des citoyens dans la gestion des fonds publics. Les marchés des capitaux représentent-ils une opportunité de financement pour les établissements et entreprises publics ? Les marchés des capitaux constituent aujourd'hui une véritable opportunité de financement pour de nombreux établissements et entreprises publics disposant de potentiels encore sous-exploités. La politique actionnariale de l'État encourage explicitement la diversification des sources de financement afin d'alléger la pression sur le budget général et de mieux répartir les risques. L'accord signé avec l'Autorité marocaine du marché des capitaux le 30 avril s'inscrit dans cette dynamique, en établissant un cadre de coopération visant à faciliter l'accès des établissements et entreprises publics aux marchés financiers à travers des mécanismes innovants, tout en renforçant la transparence et la gouvernance financière. Cette approche favorise le recours à des instruments tels que la titrisation, les organismes de placement immobilier et les obligations thématiques, notamment vertes ou sociales, destinées à financer des projets à fort impact en matière de transition énergétique, de développement territorial et d'inclusion financière et sociale. En résumé, cette orientation marque le passage d'opérations de financement ponctuelles à une approche structurelle reliant stratégie actionnariale, gouvernance et financement de marché, afin d'accélérer la réalisation des projets structurants sans alourdir les finances publiques, tout en renforçant la transparence, la gouvernance et la création de valeur durable au service de l'intérêt général.