Félicien Kabuga a été arrêté samedi matin près de Paris, ont annoncé le parquet général de Paris et la gendarmerie dans un communiqué commun. Il est considéré comme le « financier du génocide rwandais » et l'un des principaux accusés encore recherchés par la justice internationale. Félicien Kabuga est notamment accusé d'avoir créé les milices Interahamwe. Ce sont les principaux bras armés du génocide de 1994 qui fit 800.000 morts selon l'ONU. Il est âgé de 84 ans,et résidait à Asnières-sur-Seine sous une fausse identité. Kabuga est visé par un mandat d'arrêt du Mécanisme international, la structure chargée d'achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda (TPIR). Selon le communiqué des autorités françaises, il faisait partie des « fugitifs les plus recherchés au monde » En 1994, Félicien Kabuga appartenait au cercle restreint du président Juvénal Habyarimana, dont l'assassinat, le 6 avril 1994, allait déclencher le génocide. Kabuga présidait la Radio télévision libre des mille-collines (RTLM), qui diffusa des appels aux meurtres des Tutsi, ainsi que le Fonds de défense nationale (FDN) qui collectait « des fonds » destinés à financer la logistique et les armes des miliciens hutu Interahamwe, selon l'acte d'accusation du TPIR. Il est également accusé d'avoir « ordonné aux employés de sa société […] d'importer un nombre impressionnant de machettes au Rwanda en 1993 », avant de les faire distribuer en avril 1994 aux Interahamwe. Réfugié en Suisse en juillet 1994 avant d'être expulsé, Félicien Kabuga avait ensuite temporairement rejoint Kinshasa. Il avait été signalé en juillet 1997 à Nairobi, où il avait échappé à une opération destinée à l'arrêter, puis à une autre en 2003, selon l'ONG spécialisée TRIAL. Après avoir confirmé sa présence en Europe, les gendarmes de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, les génocides et les crimes de guerre vont alors reprendre le travail sur tout son entourage, ses proches, sa femme, ses enfants, pour essayer de le localiser. Les comptes en banque de sa famille sont scrutés, des écoutes téléphoniques mises en place. Il y a quelques jours, lorsque les gendarmes pensent le localiser à Asnières, notamment grâce à son fils, un gros doute subsiste sur son identité. Car les dernières photos de Kabuga sont très anciennes et datent du génocide. Les gendarmes disposent de son ADN, envoyé par les Allemands, qui avaient manqué de l'interpeller en 2007. Quelques minutes après l'interpellation ce samedi matin, l'ADN de l'homme qui vient d'être arrêté est envoyé à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Son identité est confirmée deux heures plus tard. Il doit désormais être rapidement présenté au parquet de Nanterre en vue de son incarcération puis au parquet général de Paris dans les prochains jours. S'en suivra une procédure d'extradition devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, qui décidera de sa remise au Mécanisme international à la Haye pour qu'il y soit jugé.