Si la Cédéao a décrété un ultimatum d'une semaine aux militaires du Niger pour rétablir l'ordre constitutionnel, en Algérie, la succession des coups d'Etat au Sahel secoue vivement le régime de Tebboune, qui redoute les «intentions d'interventions militaires étrangères [au Niger] (…), qui ne sont que des facteurs de complication et d'aggravation de la crise actuelle.» Au même moment, le gouvernement algérien rappelle que «le retour à l'ordre constitutionnel doit impérativement s'accomplir par des moyens pacifiques», afin d'éviter au Niger et à l'ensemble de la région «un surcroît d'insécurité et d'instabilité», officieusement, ces bouleversements géopolitiques inquiètent le plus grand pays d'Afrique, qui possède plus de 6 500 kilomètres de frontières avec six pays, dont certains sont en proie à des conflits à rebondissements. «Quand un pays voisin traverse une tempête, qu'elle soit politique ou économique, cela signifie toujours que, d'une manière ou d'une autre, l'Algérie va être impactée, Le Maroc, le Mali, la Libye, la Tunisie et maintenant, le Niger, ça commence à faire beaucoup», a avoué un diplomate sous couvert de l'anonymat, parce que non autorisé à parler aux médias, au Figaro. Le Niger, confronté «à des défis considérables dans une région déjà confrontée à des crises multidimensionnelles d'une acuité sans précédent», selon la diplomatie algérienne, était réputé pour sa relative stabilité dans une région sahélienne en ébullition. Cette situation risque aussi d'aggraver les mouvements migratoires clandestins. Plus de 9 000 migrants, originaires d'une dizaine de pays africains, sont arrivés depuis début 2023 dans le nord du Niger après avoir été refoulés d'Algérie. Ces expulsions ont été vivement critiquées par un rapport de l'ONU et par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Considérée un point de transit vers l'Europe, l'Algérie a expulsé depuis 2014 des dizaines de milliers de migrants irréguliers originaires d'Afrique de l'Ouest et centrale, selon les Nations unies.